LETTRE A MARIE POUR L’ANNONCIATION

Chère Maman du Ciel,

C’est l’Annonciation ! C’est l’anniversaire de ton « oui ». C’est une très grande fête car elle marque le jour où tu as donné à Jésus, le Verbe de Dieu, d’habiter parmi nous. Ce « oui » n’est qu’un simple mot mais donné par toi, il contient la toute-puissance de Dieu. Il a changé la face de la terre, le cours de notre histoire. Pour nous sauver de la mort éternelle à laquelle Adam et Eve nous ont condamné par leur désobéissance, Dieu nous avait promis un Sauveur. En ce jour, il vient à nous dans la plus profonde humilité, dans la tenue du serviteur, prenant notre condition en tout excepté le péché. Dieu, infiniment respectueux de notre liberté, sollicite ton concours à son œuvre de Salut et, pour cela, te demande de l’accueillir en ton sein. Grâce à toi, le Salut a pu nous atteindre. Grâce à toi, Dieu habite parmi nous. Par ton « oui », tu deviens la Mère de Dieu, la cause de notre joie, la porte du Ciel, le refuge des pécheurs, la consolatrice de ceux qui pleurent.

Chère Maman du Ciel

L’évangile ne nous dit que peu de choses des circonstances qui entourent cet événement majeur : tu habites à Nazareth, tu es fiancée à Joseph, tu es vierge, tu t’appelles Marie. Ce que saint Luc ne précise pas, mais qui ressort de tes paroles, c’est que ton Cœur Immaculé s’est toujours tenu prêt à accomplir la volonté du Seigneur. Si tel n’avait pas été le cas, comment aurais-tu donné ton « oui » dans un tel élan d’amour, tout en étant consciente des difficultés. Tu as dit « oui » parce que toujours, tu as accompli la volonté de Dieu telle qu’elle se présentait à toi, parce que toujours tu as été son humble servante. Depuis toujours tu n’as été que don de toi-même au Seigneur pour sa gloire et le Salut du monde.

Chère Maman du Ciel,

Ton « oui » n’est pas un petit bourgeon à peine formé. Il n’est pas une fleur épanouie mais bel et bien un fruit mûr. Il n’est pas donné dans l’enthousiasme, l’exaltation des circonstances parce qu’il t’est donné de devenir la Mère du Sauveur, honneur convoité par toutes les jeunes filles de ton temps. Il jaillit d’un cœur ferme et sans partage qui s’est fixé pour objectif de vie de servir le Dieu trois fois saint.

Chère Maman du Ciel,25

Toujours, tu as dit « oui » à Dieu ! Le « oui » de l’Annonciation n’est qu’un « oui » de plus, aussi radical que l’ont été les précédents. Il est leur aboutissement et même leur apothéose. À l’Annonciation, tu répètes à Dieu ce que tu lui as toujours dit dans le secret de ta prière : « je suis ton humble servante. »

Chère Maman du Ciel,

On te présente souvent comme une frêle jeune fille, un peu naïve, qui dit « oui » pensant qu’elle traversera l’existence sur un chemin bordé de roses, qui croit mais sans grand mérite parce qu’elle bénéficiera d’un traitement de faveur. Tu es tout le contraire ! Tu connaissais les Ecritures et ce qu’elles disent du Messie. En disant « oui » à Dieu, tu sais que ton enfant sera l’homme des douleurs dont parle le prophète Isaïe, le serviteur souffrant dont parle David. Tu sais qu’en devenant la Mère du Messie, tu acceptes de partager ses souffrances. Cela ne t’arrête pas ! Au contraire ! Parce qu’il souffrira tant pour ton Salut et le nôtre, tu veux le servir avec une ardeur renouvelée. Tu sais qu’en accomplissant la volonté du Seigneur, tu t’exposes à l’incompréhension de Joseph, à l’opprobre de tes voisins, à la condamnation par les autorités religieuses. Cela ne t’arrête pas non plus ! Tu es une femme forte, qui se tient debout dans les difficultés, qui met sa confiance en Dieu quoi qu’il advienne. Tu es une femme libre qui choisit en pleine conscience, en pleine connaissance, de dire « oui » à Dieu, à tous ses plans, lui laissant le soin de te conduire là où il veut, par les moyens qu’il veut et de te justifier aux yeux du monde. Aucun être créé n’a été plus libre que toi.

Chère Maman du Ciel,

Saint Luc nous dit que tu étais vierge et fiancée à Joseph. Quand Gabriel te dit que « tu concevras et enfanteras un Fils auquel tu devras donner le nom de Jésus », tu manifestes ton étonnement car tu ne connais pas d’homme. Par cette objection, tu ne te dérobes pas. Tu ne cherches pas à limiter ses attentes. Tu lui rappelles simplement que tu lui as déjà fait don de toute ta personne en lui consacrant ta virginité. Tu renonçais à la maternité pour l’amour de lui. Un lourd sacrifice quand on pense à l’honneur dans lequel on tenait les mères, surtout celles qui ont enfanté des fils. Il suffit de penser à Elisabeth, ta cousine, qu’on appelait avec mépris « la femme stérile » parce qu’elle n’avait pas d’enfants. Tu acceptais un tel sacrifice pour l’amour de Dieu. C’est dire toute l’étendue de ton amour pour lui. Dieu avait reçu et agréé ton offrande de toi-même et c’est sur ce don qu’il choisit d’édifier son œuvre de Salut.

Chère Maman du Ciel,

Plus encore que celui de tes entrailles, Jésus est le fruit de ton Cœur Immaculé où Dieu a établi son trône dès le premier instant de ton existence dans le sein de sainte Anne. Ton Cœur a été le paradis de la Sainte et indivisible Trinité sur notre terre. C’est dans ton Cœur Immaculé, qui a aimé Dieu d’un amour sans partage, que tu as conçu Jésus avant même qu’il vienne prendre possession de son temple dans ton sein virginal. Ton Cœur lui appartenait dès le premier instant. Tu lui y as préparé une demeure digne de lui en le gardant pur et intact par tes prières ardentes, ton écoute, ta méditation assidue de la parole de Dieu. Lorsque l’Esprit-Saint descend sur toi, il vient féconder une terre préparée à recevoir la semence divine pour en produire le fruit. Ton Cœur Immaculé est le premier ciboire de Jésus, ton sein, son premier tabernacle, tes bras, son premier ostensoir, tes genoux son premier autel, toute ta vie un Magnificat vivant à la gloire du Très-Haut.

Chère Maman du Ciel,

En disant « oui » à Dieu, tu te donnes et tu t’engages en notre nom à tous. Ton « oui », si parfait, est l’amorce du nôtre bien plus hésitant, bien plus inconstant. Malgré cela, Dieu l’attend car il fait de notre « oui » la condition préalable de  son œuvre de Salut. Il nous a créé par amour et pour l’amour sans notre consentement mais ne sauvera pas sans que nous l’aimions en retour. » Notre « oui » à Dieu est aussi indispensable à notre Salut que l’a été le tien pour la venue en notre chair de Jésus, ton Fils, notre frère, notre Sauveur, notre seul Médiateur auprès du Père.

Chère Maman du Ciel,

Aide-nous à dire « oui » à Dieu avec la même plénitude. Aide nous à ne pas dire « oui » dans l’enthousiasme d’un instant de grâce et à le reprendre dans la minute qui suit. Aide-nous à dire « oui » sans repentir, à ne pas le mitiger avec le temps qui passe, usés par les difficultés de la vie et la monotonie du quotidien.

Chère Maman du Ciel,

Pour me protéger de ma faiblesse, dont je redoute tout, je n’ai qu’un seul recours, c’est de m’en remettre à toi, de me confier à toi, notre Mère, notre exemple, notre sœur dans la foi, de m’enfermer à double tour dans la citadelle imprenable de ton Cœur Immaculé.

Chère Maman du Ciel,

À l’abri dans ton Cœur Immaculé, je veux me mettre à ton école et apprendre de toi, que Dieu ne mérite rien de moins que tout l’amour dont je suis capable, que je ne me trompe pas en lui accordant ma confiance, que son plan est toujours meilleur que le mien, que rien ne peut surpasser le don qu’il me fait en Jésus-Christ, ton Fils, notre frère, Notre Seigneur, que toutes les souffrances de cette vie ne sont rien en comparaison du bonheur qui m’attend dans l’autre.

Chère Maman du Ciel,

Reçois l’offrande de toute ma personne. Je m’abandonne en tes mains immaculées pour que tu fasses de moi un serviteur de Jésus, fidèle dans les petites choses pour qu’il soit trouvé digne de se voir confiées de plus grandes, s’il plaisait à Dieu. Je me consacre à ton Cœur Immaculé, me déclarant, aux yeux du monde, le plus heureux des enfants de Dieu car désormais à ton service pour mieux être à celui de Jésus.

Chère Maman du Ciel,

Je sais que tu reçois mon offrande malgré mon indignité, malgré mes faibles aptitudes à la haute mission de témoin de l’Évangile. Je te sais beaucoup trop préoccupée de la gloire de Dieu, un et trine, de mon Salut, de celui du monde, pour ne pas relever le défi de faire de moi un disciple zélé dont tu n’auras pas à rougir lorsque tu me présenteras à Jésus, dont il n’aura pas à rougir lorsqu’il me présentera à son Père.

Chère Maman du Ciel,

Je t’aime de tout mon Cœur et bien plus encore mais beaucoup moins que ce que je voudrais. Que n’ai-je qu’un seul Cœur pour t’aimer ! Pour te témoigner mon amour comme je voudrais, il m’en faudrait mille de plus. Comme je n’en ai qu’un et, qui plus est, de pauvre pécheur, je veux m’employer à t’en gagner d’autres qui t’aimeront à leur tour et chercheront à t’en conquérir d’autres.

Chère Maman du Ciel,

Accorde-moi de te rejoindre au paradis, le jour que Dieu a fixé, après lui avoir redit dit « oui » une dernière fois, dans la joie de l’action de grâce et la paix du devoir accompli.

Chère Maman du Ciel,

Merci ! Merci pour ton « oui » ! Merci pour Jésus ! Merci de me recevoir comme ton enfant ! Merci pour tant d’amour ! Merci ! Merci ! Merci ! Sans fin : merci !

Ton enfant aimant, qui ne se lassera jamais de t’appeler sa Maman du Ciel.

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(signez de votre nom)

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