10ème station : Reste avec nous, Seigneur.

Reste avec nous Seigneur, Joseph von Fuhrich

Méditons

Les pèlerins d’Emmaüs étaient en proie à de tristes pensées en revenant de Jérusalem ; en fait, les taraudaient les mêmes pensées que celles qui nous rongent lorsque nous essuyons un échec cuisant ou réalisons que nous nous sommes trompés sur le compte de notre meilleur ami.

En effet, tout porte à croire que les pèlerins d’Emmaüs étaient au nombre des disciples de Jésus et que leur rencontre avec Lui a changé leur vie en lui donnant un sens nouveau, si bien qu’ils ont quitté leur famille, leur travail, toute leur existence pour le suivre. Probablement qu’ils se sont enthousiasmés pour son enseignement et ont véritablement cru qu’il est l’envoyé de Dieu. Le problème est que le « Messie souffrant » ne correspond pas à l’image qu’ils se font du libérateur d’Israël ;  Jésus n’est pas le monarque puissant qui, dans un accès de fureur divine, boute les romains hors de Palestine mais un roi dont la puissance est l’amour, dont le trône est la croix, dont la couronne est faite d’épines et dont la devise est : « aimez-vous les uns , les autres comme je vous ai aimés » (Jean 13, 34).

La Passion de Jésus a profondément ébranlé les pèlerins d’Emmaüs, si bien que maintenant que le Maître est mort, ils ne voient plus de sens dans son enseignement et se laissent dominer par la peur de finir comme lui : sur un gibet. Pour eux, l’aventure avec Jésus est terminée puisqu’ils l’ont vu mourir sur la Croix. Cette mort injuste (ils le reconnaissent) ne saurait être le point de départ d’un règne spirituel sans fin fondé sur l’amour de Dieu et du prochain, surtout si l’on considère que les menaces tant des Romains que des Juifs, elles, sont bien réelles. Il est plus sage, pensent-t-ils, de rentrer chez eux, de repartir là d‘où ils sont partis. Le discours des femmes, de Marie-Madeleine en particulier, affirmant que Jésus est ressuscité, ne parvient pas à les rasséréner. Au contraire, leurs allégations augmentent leur méfiance et les renforcent dans l’idée qu’à présent il faut s’éloigner de Jérusalem.

Pourtant, au fond d’eux-mêmes, subsiste le sentiment que Jésus disait vrai, que ses paroles étaient d’origine divine car elles résonnaient en eux comme aucun discours humain ne l’avait fait jusqu’à présent : elles donnaient un sens à leur vie et comblaient ainsi un besoin profond de connaitre et d’aimer Dieu. Leur rencontre avec Jésus sur le chemin d’Emmaüs va juguler leur découragement et raviver leur espérance. En effet, les explications de Jésus sur les prophéties le concernant, sur ses annonces de la résurrection (« Détruisez ce temple et en trois jours, je le relèverai » (Jean 2, 19)) vont petit à petit faire briller dans leur âme la lumière de la Parole divine, avoir raison de la dureté de leur cœur et leur ouvrir les yeux de la foi.

Jésus est pour les pèlerins d’Emmaüs comme la première lueur du matin après une longue nuit d’angoisse, comme le premier rayon de soleil après une interminable période de grisaille. L’espérance qu’Il ravive dans leur âme, fait naître dans leur cœur un profond désir de pleine lumière qui les porte à insister auprès du voyageur pour qu’il reste avec eux. Dans cette prière suppliante s’exprime toute notre pauvreté humaine, notre profond besoin de Jésus, de sa présence à nos côtés, de son soutien, de sa force, de sa grâce, de sa puissance de résurrection… « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15, 5) a-t-il dit un jour et c’est ce qu’expérimentent les disciples d’Emmaüs, c’est ce que nous vivons chaque jour : sans Jésus, nous ne sommes que faiblesse, que lâcheté, que misère, pas même capables de tenir une bonne résolution.

« A qui irions-nous Seigneur ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jean 6,68) demande Pierre. Oui, à qui irions-nous, si ce n’est à Jésus ? Lui seul a les paroles de vie qui comblent notre esprit fait pour l’infini. Oui, les paroles de Jésus nous apportent la paix de Dieu dans les moments de trouble et d’angoisse, nous donnent la plénitude de la joie au milieu des souffrances, la force lorsque nous sombrons dans la crainte ou le découragement, nous rendent libres parce qu’elles ouvrent la voie à la Vérité.

Prions

1 dizaine du chapelet (Notre Père… 10 Je vous salue Marie… Gloire au Père…)

O mon Jésus pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer ; conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde.

Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière.

Viens en nous, père des pauvres ; viens, dispensateur des dons ;  viens, lumière de nos cœurs.

Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur.

Dans le labeur, tu nous procures le repos,  dans la fièvre, la fraîcheur, dans les pleurs, le réconfort.

Ô lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous tes fidèles.

Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti.

Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé.

Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé.

À tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacrés.

Donne mérite et vertu, donne le salut final, donne la joie éternelle. Amen. Alléluia. (Séquence de la Pentecôte)

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

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