Chère Maman du Ciel,
Aujourd’hui, l’Église regarde vers Jésus sur la Croix. Avec toi, elle regarde vers celui qui l’a tant aimée, qu’il s’est donné pour elle, pour qu’elle ait la vie et qu’elle l’ait en abondance. Elle regarde vers celui, qui a tant aimé les siens, qui étaient dans le monde, qu’il les a aimés jusqu’au bout. Et, pour lui, jusqu’au bout signifie au-delà de lui-même, en s’offrant au Père, pour nous, dans un acte d’amour d’une telle plénitude, qu’il ne pouvait être posé que par lui, vrai Dieu et vrai homme.
Chère Maman du Ciel,
Qui sommes-nous pour que Jésus nous aime ainsi ? Pour nous, pour nous arracher à la mort éternelle, il prend sur lui nos péchés, se laisse traiter comme le plus infâme des scélérats… Qui sommes-nous pour que nous ayons une telle valeur à ses yeux ? Qui sommes-nous pour que le Père éternel livre son propre Fils, le meilleur de tous ses enfants pour la vie de ses frères et sœurs, pourtant indignes d’un tel don ? Qui sommes-nous, et qui est Dieu, pour qu’il nous juge mieux que nous sommes en réalité, nettement mieux que nous nous jugeons les uns les autres, pour qu’il nous rachète à si haut prix ?
Chère Maman du Ciel,
Tu étais là à chaque moment important de l’histoire de notre Salut. C’est par toi et avec ta coopération que Dieu s’est fait homme. Tu étais là à Cana où tu as suscité le premier miracle de Jésus. Tu étais au pied de la croix quand Jésus nous sauvait de la mort éternelle. A l’Annonciation, tu t’es proclamé la servante du Seigneur. Lors de sa vie publique, Jésus a dit : « là où je serai, là aussi sera mon serviteur. » Toi, la servante du Seigneur, tu ne pouvais pas ne pas être auprès de Jésus alors qu’il réalise notre Salut.
Chère Maman du Ciel,
Ta présence auprès de Jésus dans sa Passion n’est pas fortuite. Dieu l’a prévue dès la chute de nos premiers parents en décrétant que Jésus viendra en notre chair pour nous sauver de la mort que la faute originelle a induite. Tu étais alors déjà présente dans la pensée de Dieu et étroitement unie à sa mission de rédempteur. Jésus, le nouvel Adam, est notre seul Sauveur mais toi, la nouvelle Eve, tu devais t’unir à son sacrifice pour que nous, nous héritions de la vie éternelle.
Chère Maman du Ciel,
Tu n’as pas souffert en donnant naissance à Jésus, notre Sauveur, mais tu as enduré le plus douloureux des enfantements en nous faisant naître nous à la vie divine. Tu as accepté de sacrifier ton enfant, ton Jésus, pour nous arracher à la mort éternelle. Au prix de ton amour maternel, tu as accepté de t’unir à son offrande de lui-même au Père pour l’amour de lui, pour l’amour de nous.
Chère Maman du Ciel,
Le jour de la présentation de Jésus, Siméon prophétisa qu’un glaive de douleur transpercera ton Cœur. Tu n’as pas répondu. Tu n’as pas protesté. Tu savais dès le premier instant qu’en devenant la Mère du Messie, tu seras aussi la Mère de l’homme des douleurs, du serviteur souffrant. Tu connaissais les prophéties. Tu les comprenais mieux que ceux qui les avaient faites. Ton silence face à l’annonce de Siméon manifeste ta soumission au vouloir divin, ton union sans réserve à Jésus, le seul Sauveur des hommes.
Chère Maman du Ciel,
Ce glaive, prophétisé par Siméon, n’a pas transpercé ton âme d’un seul coup. Il a commencé à s’enfoncer dans ton Cœur dès la prophétie de Siméon, le transperçant chaque jour davantage, chaque jour plus profondément. Le Vendredi-saint ne marque pas le jour de ta grande douleur mais son paroxysme. Chaque jour de ta vie a été un martyre. Chaque fois que tu posais ton regard sur ton Fils, chaque fois que tu pensais à lui, ton cœur tressaillait de joie et se brisait de douleur à la pensée de la Passion qui se rapproche. Toute ta vie a été un lent, un douloureux martyre comme fut celle de ton Fils. Même après la Résurrection de Jésus, après son Ascension, la douleur ne t’a pas quittée car tu as connu les premières persécutions de l’Eglise, le martyre d’Etienne… Tu as vu Jésus continuer de souffrir dans ses frères, dans les membres de son corps mystique…
Chère Maman du Ciel,
Malgré toute ta douleur, jamais tu n’aurais demandé à Dieu de t’épargner les épreuves que tu as traversées, surtout la plus douloureuse, celle de la Passion. Pour t’épargner les souffrances, il aurait fallu te séparer de Jésus car c’est ton amour pour lui qui a fait ton martyre. Jamais tu n’aurais accepté de vivre séparée de lui car, sans lui, plus rien n’a de sens. Vivre séparée de Jésus est une souffrance bien plus grande que de traverser la Passion. Au temple, alors que Jésus n’avait que douze ans, tu le retrouvais après trois jours de vaines recherches. Tu lui reprochais alors doucement sa disparition. Tu ne t’es jamais plainte auparavant quelles qu’étaient les épreuves. Mais en retrouvant Jésus, tu sors de ta réserve. Tu es restée trois jours sans lui, ne sachant pas si tu le retrouverais. Par ton doux reproche, tu lui signifies que tu acceptes de traverser toutes les épreuves que le Ciel voudra t’envoyer du moment que tu lui restes unie. Suivre Jésus n’est pas facile mais que dire de la douleur d’en être séparé.
Chère Maman du Ciel,
Qui peut dire ta douleur ? Qui peut dire jusqu’où tu as aimé Jésus, jusqu’où tu nous as aimés ? Qui peut dire ce que notre Salut a coûté à Jésus, ce qu’il t’a coûté à toi ? Tu acceptes de voir souffrir ton Fils, le meilleur des enfants des hommes, que tu sais innocent de tout péché, pour que nous, qui sommes indignes d’un tel amour, devenions les enfants adoptifs du Père, les frères de Jésus, tes enfants.
Chère Maman du Ciel,
Plus nous sommes unis à Jésus, plus notre capacité d’amour est dilatée. Plus notre capacité d’amour est dilatée, plus notre sensibilité à la souffrance est exacerbée. Personne n’a plus souffert que Jésus, parce qu’il est homme avec toutes les faiblesses et inclinations de notre nature mortelle, excepté le péché. Personne n’a plus souffert que Jésus, parce qu’il est Dieu et qu’il aime avec une fougue divine. Combien a-t-il souffert de la compagnie des pécheurs, qu’il aime infiniment mais dont il abhorre les péchés sans nombre. Après Jésus, personne n’a plus souffert que toi, parce que tu lui es la plus semblable, la plus unie, la toute-pure, la toute étrangère au péché.
Chère Maman du Ciel,
Que c’est difficile de souffrir avec patience, avec persévérance, dans l’offrande de soi-même à Dieu, pour son salut et celui de tous les hommes ! La souffrance rebute tellement à notre nature ! Mais quelle douleur nous étreint quand il nous faut regarder souffrir ceux que nous aimons, impuissants à les soulager, avec la prière pour seul recours, en prenant sur nous de ne pas montrer notre douleur pour ne pas rajouter à la leur. C’est ce que tu as fait toute ta vie et plus particulièrement en ce Vendredi-saint… Tu es vraiment la Reine des martyrs.
Chère Maman du Ciel,
Tu aurais donné mille fois ta vie pour épargner celle de ton enfant. Mais ce n’était pas en ton pouvoir. Jésus ne pouvait pas se dérober à cette heure car lui seul est le Sauveur, lui seul est l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde. Il était le seul à pouvoir présenter à Dieu le sacrifice qui nous sauve. La pensée de se dérober ne l’a jamais effleuré. Il est venu en ce monde pour accomplir les prophéties, réaliser la volonté du Père, conquérir notre Salut. Tu le savais et, jamais, tu n’as cherché à le détourner de sa mission de rédempteur pour t’éviter la douleur d’assister à sa déchéance. Aucune maman ne t’aurait reproché d’essayer. Mais, en croyante, en disciple de Jésus, tu savais qu’il fallait qu’il en soit ainsi pour que nous soyons sauvés.
Chère Maman du Ciel,
Jamais Mère n’a été plus aimée que toi. Jésus est le meilleur des Fils et il t’aime avec la perfection de l’amour divin. Parce qu’il t’aime, il ne pouvait t’épargner cette heure. Il fallait que tu sois sur le Calvaire, ce Vendredi-saint, pour t’unir à sa Passion. Ton aide nous est trop précieuse sur notre chemin de Salut pour que tu ne sois pas étroitement associée à notre Salut. Si, dans son amour pour toi, Jésus avait voulu t’épargner cette heure, il t’aurait envoyé chez son ami Lazare à Béthanie, ou à Nazareth, dans ta famille. Tu lui aurais obéi comme tu l’as toujours fait. Le temps que la nouvelle de sa mort te parvienne, il serait ressuscité et serait venu t’annoncer lui-même son retour à la vie. Mais il te voulait auprès de lui. Il te voulait unie à lui dans son offrande au Père pour sa gloire et le Salut du monde. Il te voulait au pied de la croix pour te confier ses dernières volontés, pour t’y proclamer la Mère des Sauvés, pour que tu les gardes et marches avec eux sur le chemin du Ciel. En saint Jean, il a demandé à tous ceux qu’il a aimés jusqu’au bout, qui l’ont tué, à qui il a pardonné, de te prendre dans leur vie. De tout mon coeur, j’exauce sa demande et t’accueille dans ma vie.
Chère Maman du Ciel,
Jésus te voulait au pied de la Croix comme la figure de l’Église, son épouse pour laquelle il a donné sa vie, pour laquelle il s’est livré. L’épouse ne doit pas être séparée de l’époux. Ce que Dieu a uni que l’homme ne le sépare pas…Jésus te voulait unie à lui d’une manière aussi parfaite qu’indissoluble. Tu devais te donner avec lui au Père pour notre salut avec la même plénitude consentante que lui. Tu devenais le modèle de toutes les âmes consacrées, qui suivent Jésus en toutes ses voies, en toutes circonstances jusque dans les plus douloureuses. Chaque chrétien, qui prend sa croix et marche à la suite de Jésus, trouve en toi un exemple, un modèle, plus encore un encouragement, un motif d’espérance…
Chère Maman du Ciel,
Tu as vu Jésus se consumer dans un acte d’amour infini malgré toute l’ampleur de ses souffrances. Jamais tu n’as vu un homme souffrir autant. Jamais tu n’as vu un homme aimer autant. Jamais tu n’as vu un homme souffrir autant parce qu’il a aimé autant ceux qui pourtant repoussaient son amour.
Chère Maman du Ciel,
Tu as recueilli les dernières paroles de Jésus. Tu l’as entendu prier : « père pardonne-leur, ils ne savent ce qu’ils font ». Tu l’as vu joindre l’acte à la parole en promettant le paradis à Dismas, le bon Larron. Tu as entendu son grand cri juste avant son dernier soupir. Il a déchiré ton cœur de Mère. Toute ta vie, ce cri a résonné dans ton esprit. Même après sa résurrection, ce cri t’a arraché des larmes parce qu’il te rappelait tout ce que Jésus a souffert par amour pour nous, comme une cicatrice réveille le souvenir de la souffrance qui l’a causée.
Chère Maman du Ciel,
A l’Annonciation, Gabriel te dit que Dieu donnera à ton enfant le trône de David son père, qu’il règnera pour toujours sur la maison de Jacob, que son règne n’aura pas de fin… Aujourd’hui, tu ne comprends pas : est-ce donc ainsi que tout cela doit se réaliser ?! Tu ne comprends pas mais tu acceptes pour l’amour de Jésus, pour l’amour de nous… Il a annoncé sa Passion… Il ne la subit pas mais choisit de la vivre… Personne ne comprend le silence de Jésus. Personne ne comprend pourquoi il se comporte comme un agneau qu’on mène à l’abattoir… Mais toi, tu sais…
Chère Maman du Ciel,
Avec quels mots décrire ta douleur quand tu reçois la dépouille de Jésus sur tes genoux, dans tes bras, . Il faudrait le langage des anges pour trouver les mots justes. Autrefois, tu ouvrais tes bras pour accueillir ton enfant, l’enlacer, recevoir ses témoignages d’affection. Aujourd’hui, c’est un corps sans vie, horriblement mutilé qu’on dépose sur tes genoux. Aujourd’hui, il n’est plus capable de répondre à tes effusions…
Chère Maman du Ciel,
En toi, aucune révolte, aucun ressentiment, aucun désir de vengeance. Comme Jésus, à son image et en union avec lui, tu n’es qu’amour et miséricorde. Mais quelle douleur ! On a tué ton enfant, ton Fils ! On t’a enlevé ton trésor, ta raison de vivre, la seule personne qui vaille qu’on vive pour lui… Une à une, tu contemples ses plaies. Elles sont tellement nombreuses… Tu voudrais les panser pour soulager ses souffrances, s’il était encore possible… Toutes, elles sont les trophées de son amour. Chacune crie son amour pour le Père et pour nous… Tu vois la plaie béante de son côté ouvert. Tu as l’impression que la lance de Longin transperce ton Cœur en même temps qu’elle a transpercé celui de Jésus. Le Cœur de Jésus transpercé ! L’amour de Dieu bafoué, repoussé, son sacrifice d’amour méprisé… Quelle douleur pour toi qui connait toute l’étendue de son amour…
Chère Maman du Ciel,
La douleur que te cause la Passion de Jésus est incommensurable et seul Dieu en connait toute l’intensité. Mais ta plus grande douleur, celle qui surpasse toutes les autres, c’est de voir tant de souffrances, tant d’amour, rendus inutiles par nos refus d’accueillir le Salut, de voir l’amour de Jésus repoussé. Tu as accepté que Jésus se donne pour que nous ayons la vie éternelle et tu partages sa douleur quand des âmes, qu’il aime tant, se détournent de lui et empruntent un chemin qui les éloignent de lui.
Chère Maman du Ciel,
En étant la cause de la Passion de Jésus, je suis aussi la cause de ta douleur car tout ce qui touche et affecte Jésus, trouve sa résonance en ton Cœur Immaculé. On ne peut vouloir consoler la Mère sans se convertir au Fils. Jésus est mort pour moi et, pour moi, tu as accepté qu’il donne sa vie. Puisque Jésus et toi m’avez racheté à si haut prix, ne permets pas que je mésestime la valeur que j’ai à vos yeux. Aide-moi à laisser le Salut se déployer en moi avec une telle plénitude, que je produise toutes les œuvres de Salut que Dieu, dans sa miséricorde, me donnera de réaliser. Fais de moi un serviteur à ton exemple, toujours à l’écoute de Dieu pour accomplir sa volonté.
Chère Maman du Ciel,
Remercie Jésus pour tant d’amour. Remercie-le comme tu sais si bien le faire, comme nul autre que toi ne sait le faire. Ton seul amour le dédommage de toutes nos ingratitudes. Remercie-le de tout ce qu’il a consenti pour l’amour de moi.
Chère Maman du Ciel,
Prenant à témoin les anges et les saints, m’unissant à leurs actions de grâce, je te dis, au nom de tous les sauvés : Merci ! Merci ! Merci ! Sans fin : Merci ! Mon cœur ne se lassera jamais de répéter ce mot tant il voudrait se hisser à la hauteur de toute la reconnaissance qui t’est due. Merci sans fin ! Sans fin, merci !
Ton enfant aimant, qui jamais ne se lassera de t’appeler sa douce Maman du Ciel,
X
(signez de votre nom)