Récit de l’apparition du 19 septembre 1846

Nous sommes le samedi 19 septembre 1846, veille de la fête de Notre-Dame des douleurs, vers 15 heures, sur la montagne de La Salette, à 1 800 mètres d’altitude.

Une « belle Dame » apparait aux yeux émerveillés de Maximin Giraud et de Mélanie Calvat. Les deux enfants, dont l’un a onze ans révolus et l’autre près de quinze, sont tous deux de Corps et ont en commun qu’ils sont de pauvres bergers ignorants.

Les deux enfants se connaissent à peine. Maximin ne rencontre Mélanie, pour la première fois, que le jeudi 17 septembre au soir. Le lendemain, ils s’occupent surtout à mettre des pierres les unes sur les autres pour faire des « paradis », ornés de fleurs alpestres, et c’est là que la « belle Dame » va s’asseoir.

Le 19, ils se retrouvent au même endroit, c’est-à-dire au Mont-sous-les-Baisses, avec leurs petits troupeaux. Vers midi, au son de l’Angelus, ils mènent boire leurs vaches à la Fontaine des Bêtes. Puis, ils remontent jusque dans le vallon où coule la Sézia, qui est alimentée par la Fontaine des Hommes, située un peu plus haut. Et, près de la Petite Fontaine, alors tarie, ils prennent leur frugal repas, et, contrairement à leur habitude, s’endorment sur le gazon, à quelque distance l’un de l’autre.

Vers 14 h 30, Mélanie se réveille la première et réveille Maximin. Tous deux gravissent le plateau qui domine le ravin et, une fois sur le Collet, ils aperçoivent leurs vaches couchées sur le versant du Gargas. Ils redescendent, tranquillisés, lorsque Mélanie pousse un grand cri, à la vue d’un globe de lumière qui rayonne et dont l’éclat emplit tout le vallon… Maximin accourt et, devant l’effroi de sa petite compagne qui a laissé choir sa houlette : « Garde ton bâton, lui dit-il… S’il nous fait quelque mal, je lui jetterai un bon coup ! »

À ce moment, la clarté mystérieuse s’entrouvre, et une « belle Dame » apparait, assise sur les pierres superposées, dans l’attitude d’une inconsolable affliction, la tête dans ses mains et les coudes sur ses genoux… Bientôt, elle se lève de son siège rustique. Puis, interpellant les petits pâtres et faisant quelques pas vers eux, elle leur dit : « Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur. Je suis ici pour vous conter une grande nouvelle. »

Rassurés, ils descendent jusque dans le ravin et s’approchent de la « belle dame », qu’ils peuvent contempler à leur aise. Coiffure brillante avec un diadème de rayons et une couronne de roses. Fichu blanc jeté sur les épaules et croisé autour de la ceinture, avec une guirlande de roses pour bordure. Robe de lumière, toute blanche avec paillettes d’or. Sur la poitrine et plutôt à l’intérieur, un crucifix, avec tenailles et marteau « qui tiennent sans rien pour les attacher. » Mais, pour soutenir la croix et son Christ, il y a une petite chaîne passée autour du cou. Puis, une seconde chaîne, en forme de galon et sans anneaux, semble, de son poids très lourd, écraser les épaules comme pour symboliser le fardeau de nos péchés. Enfin, un tablier jaune d’or, – humble livrée de « la servante du Seigneur » –, et des souliers blancs avec boucle d’or et touffe de roses…

Le visage était divinement beau, mais empreint d’une profonde tristesse. Maximin n’en voit que le front et le menton : le reste est trop éblouissant tandis que Mélanie peut contempler la physionomie tout entière.

« Comment, demande-t-on plus tard à Maximin, comment se fait-il que vous n’ayez pu voir la figure de la Sainte Vierge, puisque Mélanie l’a vue  ?

« Je ne sais pas, moi ; je n’étais peut-être pas assez sage.

« Mélanie était donc plus sage que vous ? »

« Dieu le sait… Peut-être Mélanie avait besoin d’être convertie. Je ne sais pas ! »

Cette boutade inoffensive laisse entendre que Maximin enviait un peu Mélanie, plus favorisée que lui. Il a pourtant deviné, à l’accent désolé de la voix, qu’il s’agit d’une âme affligée, « d’une maman que ses enfants ont battue et qui s’est sauvée dans la montagne pour pleurer à son aise ! » Mélanie voit aussi des larmes qui tombent des yeux de la Sainte Vierge pour s’évanouir dans la lumière comme des étincelles de feu. De plus, elle observe, non seulement que les mains sont croisées l’une sur l’autre dans les manches de la robe, mais que les oreilles aussi sont cachées, comme les cheveux, sous une sorte de coiffe ou de bandeau…

« Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller le bras de mon Fils. Il est si lourd et si pesant que je ne puis plus le retenir. Depuis le temps que je souffre pour vous ! Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de le prier sans cesse pour vous ; et vous autres, vous n’en faites pas cas ! Vous aurez beau prier, beau faire, jamais vous ne pourrez récompenser la peine que j’ai prise pour vous !

« Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième et on ne veut pas me l’accorder. C’est ça qui appesantit tant le bras de mon Fils ! Ceux qui conduisent des charrettes ne savent pas jurer sans mettre le nom de mon Fils ! Ce sont les deux choses qui appesantissent tant le bras de mon Fils.

« Si la récolte se gâte, ce n’est rien qu’à cause de vous autres ; je vous l’ai fait voir, l’année dernière, par les pommes de terre : vous n’en avez pas fait cas ; c’est au contraire, quand vous en trouviez de gâtées, vous juriez, vous mettiez le nom de mon Fils. Elles vont continuer à pourrir et à Noël il n’y en aura plus. »

À cet endroit du discours, Mélanie regarde Maximin comme pour lui demander ce que signifient les paroles de la « belle Dame ». Mais la Sainte Vierge leur dit aussitôt : « Ah ! Vous ne comprenez pas le français, mes enfants : je vais vous le dire autrement. » Elle reprend alors, en patois de Corps. Puis, elle poursuit son discours dans le même dialecte populaire : « Si vous avez du blé, il ne faut pas le semer. Tout ce que vous sèmerez, les bêtes le mangeront, et ce qui viendra, tombera en poussière quand vous le battrez. Il viendra une grande famine ; avant que la famine vienne, les enfants au-dessous de sept ans prendront un tremblement et mourront entre les bras des personnes qui les tiendront, les autres feront pénitence par la famine. Les noix deviendront mauvaises et les raisins pourriront. »

Après ces mots, la Sainte Vierge continue de parler ; mais, tout en voyant le mouvement de ses lèvres, Mélanie ne l’entend plus ; Maximin reçoit un secret. Bientôt après, la Belle Dame confie aussi à Mélanie un secret, et Maximin cesse de l’entendre parler. (…)

La Sainte Vierge continue ensuite son discours de manière à être entendue des deux bergers, en leur disant : « S’ils se convertissent, les pierres et les rochers se changeront en monceaux de blé, et les pommes de terre seront ensemencées par les terres. »

« Faites-vous bien votre prière, mes enfants ? » leur demanda-t-elle ensuite.

Et les enfants répondent : « Pas guère, Madame. »

« Ah ! Mes enfants, il faut bien la faire soir et matin. Quand vous ne pourrez pas mieux faire, dites seulement un Pater et un Ave Maria. Quand vous aurez le temps, il faut en dire davantage.

« Il ne va que quelques femmes un peu âgées à la messe. Les autres travaillent tout l’été, le dimanche. Et l’hiver, quand ils ne savent que faire, ils ne vont à la messe que pour se moquer de la religion.Le carême, ils vont à la boucherie comme des chiens ! »

Puis la Sainte Vierge ajouta :

« N’avez-vous jamais vu du blé gâté, mes enfants ? »

Tous deux répondirent : « Oh ! Non, Madame. »

Alors, elle dit à Maximin : « Mais toi, mon enfant, tu dois bien en avoir vu une fois, vers la terre du Coin, avec ton père. Le maître de la pièce a dit à ton père :  Venez voir comme mon blé se gâte.” Vous y allâtes tous les deux. Ton père prit deux ou trois épis dans sa main, les froissa et tout tomba en poussière ; puis, quand vous reveniez et n’étiez plus qu’à une demi-heure de Corps, ton père te donna un morceau de pain en te disant :  Tiens, mon enfant, mange encore du pain cette année, car je ne sais qui en mangera l’année prochaine, si le blé continue encore (à se gâter) comme ça. »

Et Maximin répond : « C’est bien vrai, Madame, je ne me le rappelais pas. »

La Sainte Vierge termina son discours par ces paroles prononcées en français : « Eh bien ! Mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple. »

Laissant les bergers, elle traverse le torrent de la Sézia et sans se retourner vers eux, elle dit une seconde fois : « Eh bien ! Mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple. »

Puis, elle se dirige vers le plateau, d’où elle s’élève au-dessus de terre, pour regagner ensuite les hauteurs sereines du firmament et du Paradis… L’eau de la petite fontaine s’est remise à couler ! Le soir, lorsque le soleil fut sur son déclin, Maximin et Mélanie s’empressent de rentrer, avec leurs troupeaux, au village des Ablandens, et racontent à leurs maîtres tout ce qu’ils ont vu et entendu sur la montagne.

Abbé Giray, missionnaire de La Salette

« Le mois de Marie de la Salette »

Livret du pèlerin, 1911

Reconnaissance

Le 19 septembre 1851, Mgr Buillard, évêque de Grenoble, publie un mandement destiné à être lu dans toutes les paroisses du diocèse où il proclame l’authenticité de l’apparition : « Nous jugeons que l’apparition de la Sainte Vierge à deux bergers, le 19 septembre 1846, sur une montagne des Alpes, située dans la paroisse de La Salette, de l’archiprêtré de Corps, porte en elle-même tous les caractères de la vérité, et que les fidèles sont fondés à la croire indubitable et certaine. »

En 1855, Mgr Ginoulhiac, après une nouvelle enquête, confirme la décision de son prédécesseur, tout en déclarant : « La mission des bergers est finie, celle de l’Église commence. » En 1879 l’église du sanctuaire est officiellement consacrée  et promue au rang de basilique.

La Congrégation pour le culte divin publie le 18 mars 2016 un décret inscrivant la célébration de la Vierge Marie sous le titre de « La Salette » dans le propre de France, au 19 septembre, à titre de mémoire facultative.

Prions

1 dizaine du chapelet (Notre Père… 10 Je vous salue Marie… Gloire au Père…).

O mon Jésus pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer ; conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde.

Père Éternel, par le Cœur Immaculé de Marie et le Cœur Sacré de Jésus, nous vous offrons 33 000 fois avec tous les Anges et tous les Saints,

le Corps, le Sang, l’Âme, la Divinité, la Sainte Face, l’amour eucharistique, toutes les blessures, larmes, souffrances de votre très cher Fils, Notre-Seigneur Jésus-Christ que nous aimons tant,

en union avec les douleurs, les larmes, l’amour de la Très-Sainte-Vierge Marie,

les mérites de tous les Anges et de tous les Saints,

de toutes les saintes Messes et Communions passées, présentes, futures,

les saints rosaires et autres prières,

et dans les Plaies de Jésus-Christ notre propre néant avec Lui, en Lui et par Lui,

pour la conversion des pauvres pécheurs, en réparation des péchés du monde entier, pour la sainte Église catholique, le Saint-Père, les cardinaux, les évêques, les prêtres, les consacrés, les pauvres âmes du purgatoire, les malades, les agonisants et toutes les personnes qui nous ont été recommandées. Amen.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

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