LETTRE A SAINT JOSEPH POUR SA FÊTE

Mon cher saint Joseph,

A mesure que s’approchait le 19 mars, je pensais à toi avec une émotion grandissante. Ta fête, qui rompt le carême, est pour moi l’occasion de te rendre l’hommage que le cœur voudrait, sans y parvenir, et de me réjouir de celui que te rend toute l’Eglise. Tu es tellement silencieux, que la plupart passe à côté de toi sans te remarquer. Ta fête change tout ça ; on lève un coin du voile qui recouvre tes mérites, tes vertus, ta puissance. Comme je suis heureux qu’en ta fête cette injustice est un peu réparée.

Toute ta vie, tu t’es effacé dans le silence, acceptant la volonté de Dieu comme elle se présente. Au Ciel, tu restes le même, le saint du silence, qui prêche par l’exemple plutôt que par la parole. C’est peut-être la raison pour laquelle on t’abandonne dans ta discrétion. Parce que tu es le saint du silence, on a du mal à te trouver une place dans notre monde bruyant et tapageur, où l’on parle pour ne rien dire, où on s’étourdit de paroles inutiles pour ne pas se confronter à l’essentiel. Saint Joseph, nous avons tellement besoin d’apprendre de toi à faire silence en nous, pour y rencontrer Dieu, le seul capable de donner sens à nos vies.

Mon cher saint Joseph, chaque fois que je pense à toi, je suis submergé par l’émotion. Je ne saurais expliquer pourquoi mais c’est ainsi ! Peut-être est-ce parce que tu es père et même le meilleur. Jésus, notre Sauveur, s’est confié à toi. Il a remis sa vie et l’avenir du Salut entre tes mains. Et, tu l’as sauvé de tous les dangers. Tu l’as nourri du travail de tes mains. C’est toi qui lui as appris le métier de charpentier. C’est toi qui l’as initié à la prière. Quel hommage ! Jésus, le Verbe éternel, a voulu tout recevoir de toi. Jésus, le Fils du Dieu tout-puissant, t’a obéi pendant toutes les années de la vie cachée à Nazareth. Quel témoignage rendu à ta sainteté ! Jamais Jésus n’a eu à craindre le moindre abus de pouvoir de ta part. Pourtant, tu n’étais qu’un être de chair avec toutes ses faiblesses. Tu étais tellement habité par l’Esprit-Saint, que jamais tes décisions n’étaient en contradiction avec la volonté du Père des Cieux. En rien, tu n’as contrarié la vocation de Jésus. Au contraire, le Père des cieux t’a donné de la faire grandir, de la soutenir. Tu as donné à Jésus de se donner à sa mission de Rédempteur.

Mon cher saint Joseph, je pense souvent au regard d’amour que Jésus a posé sur toi. Un regard rempli d’émotion. Le regard du Créateur qui, les yeux humides, contemple sa créature établie son père nourricier, le regard du Rédempteur,  qui s’émeut de ton entière disponibilité au plan du salut.

Mon cher saint Joseph, que ne pouvons-nous te contempler aujourd’hui, en ta fête, avec le même regard. Cela te réjouirait. Cela nous comblerait. Cela signifierait que nous commençons à réaliser toute l’étendue de ta sainteté.

Mon cher saint Joseph, comme toi, j’aime Marie, ton épouse et notre Mère. Et je veux l’aimer davantage. Chaque jour, j’essaie d’imiter ses exemples, pour l’amour d’elle, pour l’amour de toi, car rien ne te réjouis davantage que de la voir honorée et imitée. Comme tu l’as aimée ! Comme elle t’a aimée ! Si nous pouvions imaginer le regard qu’elle posait sur toi, son époux très chaste ! Elle s’est confiée à toi en toute confiance parce que tu étais  choisi par Dieu-même pour garder le secret de la naissance de Jésus. L’Evangile nous dit que Marie fut troublée quand Gabriel entra chez elle. Mais aucune trace d’un quelconque trouble te concernant alors que tu as vécu avec elle, la Vierge des vierges, pendant tant d’années. Quel hommage rendu à ta pureté, qui n’est surpassée que par celle de Marie !

Mon cher saint Joseph, quand je pense à toi me reviennent à l’esprit les écrits de saint Jean Eudes. Il affirme qu’aucune famille n’a été plus heureuse que la tienne, la sainte Famille dont tu étais le chef et le gardien. Malgré la pauvreté, malgré les difficultés de la vie, tu as su rendre heureux ceux qui t’étaient confiés. Tu es le saint du bonheur familial et on te connaît à peine. Combien de familles en détresse retrouveraient la paix et l’harmonie si elles te connaissaient, se confiaient à toi, imitaient ton exemple…

Mon cher saint Joseph, souvent on t’affuble d’une barbe blanche, on te montre croulant sous le poids des ans. Comme cela me peine ! Toi aussi, tu as été jeune. Tu étais un homme dans la force de l’âge quand tu as épousé Marie. S’il en avait été autrement, comment aurais-tu entrepris le voyage à Nazareth, plus tard fuit en Egypte. Comment aurais-tu pu subvenir aux besoins de ta famille pendant toutes ces années à Nazareth. Tes mains étaient probablement calleuses mais quel respect elles inspiraient à Jésus et Marie car elles leur procuraient le pain quotidien.

Mon cher saint Joseph, que tu dois être beau au paradis où tu es révélé dans ton éternelle jeunesse. Que la perspective du Ciel me réjouit. Je t’y rencontrerai et tu me prendras dans tes bras comme un jeune papa reçoit sur son cœur son enfant qui vient de naître.

Mon cher saint Joseph, tu n’étais plus de ce monde quand Jésus a commencé sa vie publique. Dans l’autre, tu attendais la victoire de Jésus sur la mort, pour entrer au paradis avec lui et tous les élus de l’ancien testament à sa suite. Il n’était pas dans le vouloir divin que tu te tiennes sous la croix aux côtés de Marie. Ça ne signifie pas que tu n’as pas eu ta part de la Passion de Jésus, comme l’a eue Marie, ton épouse, notre Mère, la Reine des martyrs. Tu as toujours su que le Messie est l’homme des douleurs annoncé par Isaïe. Par ta connaissance des Ecritures, tu savais que le Sauveur est appelé à souffrir beaucoup. Tu étais là quand Siméon prophétisa que Jésus sera un signe de contradiction et qu’un glaive de douleurs transpercera le Cœur si doux de Marie, elle si innocente, elle qui ne mérite tellement pas de souffrir à cause de nos péchés. Jamais tu n’as oublié les paroles de Siméon. Elles t’ont hantées toute ta vie : ceux que tu aimes tant seront livrés au pire des martyres et tu ne seras plus là pour les soutenir… Tu aurais accepté de souffrir mille morts pour leur épargner l’épreuve de la Passion, si telle avait été la volonté du Père des cieux. Mais tu ne pouvais pas te substituer à Jésus, le seul Sauveur des hommes, le seul qui soit capable de présenter à Dieu un sacrifice digne de lui. Le glaive, qui a commencé à s’enfoncer dans le Coeur de Marie le jour de la Présentation, a traversé le tien en même temps. Ta vie n’a été qu’un lent martyre, un martyre qui ne s’est achevé qu’avec ta mort.

Mon cher saint Joseph, tout le monde a l’air de passer à côté de toi sans réaliser que Dieu a fait de toi un instrument du Salut, en te choisissant pour Père de Jésus, pour époux de Marie, comme gardien du secret de l’Incarnation, en t’associant à la Passion par ton labeur, ta soumission à la volonté divine, ton offrande de toi-même au Père, en Jésus, avec Marie. Mon cher saint Joseph. Comme je voudrais qu’on reconnaisse et fasse connaitre toute l’étendue de ta contribution à l’œuvre de Salut !

Mon cher saint Joseph, il m’arrive, après avoir médité les passages de l’Evangile qui te concernent, de lever mon regard vers le Ciel où tout est révélé dans la pleine vérité, où l’on t’a placé au seul endroit qui soit digne de toi : à la droite de Jésus et de Marie, le nouvel Adam, la nouvelle Eve. Et cela me comble de joie. Tu te trouves à la droite du Roi et de la Reine du Ciel, comme Pharaon plaça Joseph, fils de Jacob, à sa droite pour être son vice-roi. Sur terre, Jésus et Marie se sont soumis à ta volonté. Je ne peux imaginer qu’au Ciel, cela ait changé. Ils demeurent attentifs à toutes tes prières. Pour la gloire de Dieu et de ton nom, ils t’exaucent sans retard. C’est dire leur désir de te voir connu et reconnu dans tous tes mérites.

Mon cher saint Joseph, c’est aujourd’hui ta fête. Je voudrais me laisser porter par la joie que fait naitre en moi l’évocation de ton nom, me réjouir de l’hommage que l’Eglise te rend en ce jour et ne rien te demander pour ne pas te distraire des réjouissances que le Ciel t’a préparées. Mais je sais ta puissance d’intercession trop grande et les besoins de l’Eglise trop pressants pour ne pas te solliciter.

Mon cher saint Joseph, du haut de ta gloire, ne nous oublie pas. Après avoir, dans l’action de grâce, levé ton regard vers Dieu, un et trine, vers Marie, médiatrice de toutes grâces, abaisse-le sur nous, qui sommes encore en chemin. Si Marie est notre Mère, si Jésus est notre frère, avec lui nous pouvons t’appeler « papa » et recourir à toi sans retenue.

Mon cher saint Joseph, pour l’amour de Jésus, pour l’amour de Marie, intercède pour nous. Offre à la sainte et indivisible Trinité les mérites infinis du Cœur Sacré de Jésus, ceux du Cœur Immaculé de Marie et de ton Coeur très chaste. Obtiens à chacun de nous ce qui lui est le plus nécessaire dans son état. Obtiens-nous d’aimer Jésus et Marie comme tu les as aimés, de savoir nous renoncer pour l’amour d’eux et de notre prochain. Tu es le protecteur de l’Eglise. Interviens pour ceux qu’on persécute pour le nom de Jésus.

Mon cher saint Joseph, je voudrais t’offrir tant de bonnes actions pour appuyer ton intercession auprès de Dieu. Mais je n’ai rien si ce n’est mon amour pour toi et ma bonne volonté. Comme tu le vois, je suis si pauvre que j’en suis réduit à recevoir de la main de Dieu, ce que je peux t’offrir pour appuyer ton intercession, à toi si grand à ses yeux. Mais je sais que ma pauvreté ne te rebutera pas, toi qu’on appelle l’amant de la pauvreté.

Mon cher saint Joseph, ne nous fait pas attendre : nous sommes si faibles et chancelants sur le chemin du salut. Qu’en exauçant tes prières, Dieu laisse éclater sa gloire et révèle la tienne.

Mon très cher saint Joseph, obtiens-moi aussi de ne jamais perdre cette suave émotion qui vient m’habiter chaque fois que je pense à toi.

Ton enfant aimant,

X (signez de votre nom)