Dismas, un martyr ?

Contemplons

Le Crucifiement, Le Tintoret

Méditons

A force de le contempler sur la Croix à côté de Jésus, de méditer ses paroles, Dismas, le bon Larron, nous devient aussi sympathique que familier et nous lui découvrons des traits de sainteté qui le font ressembler aux plus grands. Et dire qu’en écoutant le récit de la Passion chaque année, le dimanche des rameaux, jamais nous ne sommes attardés sur sa personne, son message, cherchant à ne concentrer notre attention que sur Jésus mourant. Alors, que tout en lui nous parle de Jésus, et avec ô combien d’éloquence.

Si Dismas, est un modèle de foi, d’espérance, de charité, si sa conversion est plus éclatante que celle de saint Paul, plus stable que celle de Pierre, est-il alors pour autant à classer dans la même catégorie ? Pierre et Paul sont des martyrs : ils ont souffert les tourments de la mort pour la défense de la vraie foi. N’est-ce pas aussi le cas de Dismas, le bon Larron ? En effet, il est mort après avoir reconnu le Rédempteur dans le condamné à son côté et s’être affirmé chrétien à la face de tous les ennemis de Jésus.

La question peut sembler aussi saugrenue qu’inattendue au premier abord. Pourtant, bien des docteurs, des Pères de l’Eglise en ont défendu le propos. Ainsi, saint Cyprien de Carthage, lui-même martyr, écrit : « Dans la passion de ce voleur, il faut distinguer deux temps, deux hommes, deux sangs. Le sang versé avant la foi fut le sang d’un voleur ; après la foi, le sang d’un chrétien. Le sang du voleur fut le châtiment du crime ; mais le sang du voleur, versé en témoignage de la foi chrétienne, pour affirmer la divinité du Fils de Dieu, fut le sang d’un confesseur. » Saint Augustin commente ce propos en ajoutant : « Le Larron, non disciple de Notre-Seigneur avant la croix, mais confesseur sur la croix, est mis par saint Cyprien au nombre des martyrs. En effet, pour avoir confessé Jésus crucifié, il eût autant de mérite que s’il avait été crucifié pour Jésus. Le mesure du martyr se trouve dans celui qui crut en Jésus-Christ, au moment où faisaient défection les futurs martyrs. »

Et n’oublions pas le grand saint Bernard : « O bienheureux Larron, que dis-je ? Non Larron, mais martyr et confesseur ! Il fait librement de la nécessité vertu, et change la peine en gloire et la croix en triomphe. En vous, très heureux confesseur et martyr, le Sauveur recueille les restes de la foi, au milieu du monde entier qui n’en a plus. Les disciples s’enfuient, Pierre renie, et vous avez le bonheur d’être l’associé et le compagnon de sa Passion. Sur la Croix vous fûtes Pierre, et, dans la maison de Caïphe, Pierre fut larron. »

Le sujet du martyr de Dismas enflamma tellement les plus brillants esprits que la Congrégation des rites fut saisie de la question sous le pontificat de Benoit XIV. Sa décision donne lieu d’admirer, une fois de plus, la sage réserve de l’Eglise romaine. Sans blâmer l’opinion des Pères et des docteurs, qui attribue à saint Dismas le titre de vrai martyr, la congrégation adopta pour la liturgie l’opinion contraire. C’est sous le titre de Confesseur non Pontife, qu’elle autorisa l’office du bon Larron. Afin d’éviter toute critique, elle supprima même le nom traditionnel de Dismas.

Cela dit, l’Eglise ne fixe que des limites basses cédant à Dieu et à la piété populaire de fixer les hautes. Le bon Larron, qu’on l’appelle Dismas ou pas, est bel et bien un saint à ses yeux. Il est au moins un confesseur et probablement aussi un martyr selon l’opinion des plus sages et plus érudits de ses ministres…. Que cela ne nous chagrine pas : ce que l’Eglise ne confirme pas par prudence ici-bas, Jésus nous le révèlera au Ciel dans toute la splendeur de la vérité.

Prions

1 dizaine du chapelet (Notre Père… 10 Je vous salue Marie… Gloire au Père…)

O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer, conduisez au ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde. (Prière demandée par Notre-Dame de Fatima après chaque dizaine du chapelet.)

Saint Bon Larron, toi qui, malgré tes péchés passés fut assuré d’une entrée immédiate au Ciel par la gratuité de l’amour de Dieu, qui en un instant t’a transformé en un saint, demande, je t’en supplie, à Jésus mon Sauveur, de faire tomber sur moi ce même regard de miséricorde, qui fera plonger mes yeux dans les siens, pour en recevoir le pardon et la sainteté.

Aussi, envahi par le feu de l’amour divin consumant et transformant, je pourrai entendre à mon tour la promesse que Jésus t’a faite : « aujourd’hui même tu seras avec moi dans le paradis. » Amen.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

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