LE CORPS DE JESUS EST REMIS A MARIE

Le corps de Jésus est décroché de la croix… le clou de la main gauche est retiré avec toute la délicatesse possible en de telles circonstances ; le bras retombe le long du corps qui pend à demi détaché…. Jean aide Joseph d’Arimathie et Nicodème à déclouer Jésus… du haut d’une échelle, il tient le corps de Jésus pendant qu’on retire le clou de la main droite… puis celui des pieds… Marie voit la peine de Jean à soutenir le cadavre de Jésus pendant qu’on retire le clou des pieds… Jean remet le corps inanimé de Jésus à Nicodème et à Joseph… Marie s’est assise et tend les bras pour qu’on lui rende son enfant… à présent, elle laisse éclater toute sa douleur… elle voudrait le serrer et ne parvient pas à s’y résoudre ; les plaies sont si nombreuses, si profondes… doucement elle retire la couronne d’épines… elle voit les plaies que la couronne a ouvertes dans la tête de Jésus… une à une, elle considère les plaies de Jésus… les pieds… les mains… elle voit la plaie béante du côté et éclate en sanglots… le cœur de Jésus ! Transpercé !… son enfant, si beau, n’est à présent plus qu’un chef d’œuvre de torture ! … elle repense aux années de Nazareth où elle prenait Jésus sur ses genoux pour le câliner… aujourd’hui Il n’est plus capable de répondre à son amour…  Jean, Madeleine et les femmes tentent de la réconforter, mais Marie ne veut pas l’être… les hommes tendent un linge pour déposer le corps de Jésus et le transporter au sépulcre… ils veulent prendre Jésus mais Marie s’y oppose… il faut cependant se hâter car le sabbat est tout proche… Jean parvient à convaincre Marie… Délicatement, ils prennent le corps de Jésus… Marie se lève, soutenue par Jean… tout le monde se dirige vers le tombeau…

Le Cœur immaculé de Marie a été le premier ciboire de Jésus ; ses bras sont à présent son premier ostensoir et ses genoux son premier autel ! Personne ne saurait davantage inspirer la pitié que Marie tenant dans ses bras le cadavre de son Fils. C’est avec le même amour douloureux que Marie porte chaque âme couverte des plaies de ses péchés pour la confier à la miséricorde infinie de Dieu. La contemplation de la Mère des douleurs nous introduit dans le mystère insondable de l’amour de Dieu et nous enjoint de nous laisser sauver afin que le sang de Jésus n’ait pas été versé en vain !

Que Notre-Dame des douleurs nous donne de prendre notre Salut au sérieux !

JESUS MEURT SUR LA CROIX

Jésus est exposé au gibet… la fureur de la foule ne désarme pas… les pharisiens sont silencieux ; leurs visages affichent une expression de satisfaction, d’ironie… Marie peut à présent s’avancer plus près de la croix… les bourreaux sont partis… des soldats se tiennent autour de la croix, immobiles, prêts à repousser quiconque voudrait s’approcher… Mais ils laissent passer Marie, Jean, Madeleine et quelques autres femmes… les ténèbres descendent peu à peu sur la région… les hurlements de la foule s’estompent à mesure qu’augmente l’obscurité… Jésus regarde sa mère… Marie reste le regard levé vers Jésus, prête à recueillir la moindre de ses paroles… elle entend Jésus crier : « Mon Père pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font »… elle voit la difficulté de Jésus à respirer… il cherche une position un peu plus « confortable » mais n’y parvient pas ; en se redressant, sa respiration s’améliore quelque peu mais la souffrance de ses pieds et de ses mains est augmentée d’autant… il ne parvient pas à redresser sa tête, car la couronne d’épines frotte alors contre la croix… Jésus se tourne vers Dismas, le bon larron… « en vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi en paradis »… Jésus regarde à nouveau sa mère puis Jean qui se tient près d’elle… « Femme, voici ton fils »… « Voici ta mère » … Jésus lève son regard vers le ciel… sa respiration est de plus en plus difficile… avec sa dernière énergie, il crie : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » … la tête de Jésus pendouille vers le bas… il dit : « J’ai soif ! » … Marie voit la réaction de Jésus, lorsqu’on lui tend l’éponge imbibée de vinaigre : le vinaigre agresse les plaies de ses lèvres… ce qui devait être un soulagement, est en fait une nouvelle torture… d’une voix à peine audible, Jésus dit : « tout est consommé ! » … Dans un ultime effort, Jésus lève son regard vers le ciel et dit : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit ! » … Marie voit Jésus incliner doucement la tête et rendre l’esprit…

« Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jean 15,13). Jésus est allé au bout de son amour pour son Père et pour les hommes. Sa vie, Il continue de nous la transfuser dans l’Eucharistie, le sacrement de son amour, le mémorial de sa Passion. La sainte Messe est en effet « l’actualisation non sanglante du sacrifice du Christ » (Pie XII). A chaque Messe, Jésus nous donne de nous tenir sous la croix avec Marie, Jean, Madeleine et les autres fidèles pour recueillir les grâces de Salut qui en découlent ! Dans la Communion, Jésus nous donne de nous donner à Lui dans sa Passion pour nous laisser mener par Lui à sa Résurrection !

Que Notre-Dame des douleurs nous donne d’aimer la messe qui est l’expression de l’amour infini de Dieu pour chacun d’entre nous !

JESUS EST CLOUE A LA CROIX

Marie assiste au crucifiement des deux larrons… ils hurlent et se débattent de toutes leurs forces… plusieurs soldats sont réquisitionnés pour les maintenir sur la croix pendant que les bourreaux font leur office… Elle voit Jésus s’allonger sur la croix de Lui-même… inutile de Le tenir… Il écarte doucement les bras… un premier clou est enfoncé dans son poignet… Jésus pousse un cri ; ses yeux sont baignés de larmes… Marie ne peut retenir un gémissement… elle est courbée de douleur… Parmi la foule hurlante, Jésus parvient à entendre le cri de sa mère… Marie essaie de rassembler toutes ses forces pour dominer sa souffrance et ne pas en rajouter à celle de Jésus… les soldats tirent Jésus par l’autre bras avant de le clouer pour que son corps ne pendouille pas une fois que la croix sera élevée… Marie voit Jésus faire beaucoup d’efforts pour ne pas crier… Il ferme les yeux… elle entend le bruit du marteau qui enfonce les clous dans les pieds… chaque coup est comme un poignard qui s’enfonce dans son cœur… elle a l’impression que ces coups de marteau n’en finissent plus… et Jésus se tait au milieu des hurlement des larrons et de ceux de la foule… les soldats se saisissent de La croix de Jésus et l’élèvent…

Contrairement aux larrons, Jésus se laisse clouer à la croix. Il est le Rédempteur qui devient « un » avec la croix et va jusqu’au bout de sa mission de Salut. Il nous apprend ainsi à nous laisser « clouer » nous aussi sur la croix de notre vocation, qui est un don de la miséricorde infinie de Dieu ; elle est le moyen par lequel, en union avec Jésus, nous réalisons notre propre Salut et contribuons à celui de tout homme ! L’acceptation des difficultés liées à l’accomplissement de notre devoir d’état, constitue le complément nécessaire à la Passion de Jésus : « Je complète dans ma chair ce qu’il reste à souffrir de la Passion du Christ », nous dit saint Paul !

Que Notre-Dame des douleurs nous obtienne la générosité au service de Dieu et du prochain !

JESUS EST DEPOUILLE DE SES VÊTEMENTS

On est enfin arrivé au lieu de la crucifixion… un soldat débarrasse Jésus de la croix et la jette à terre ; il repousse Simon sans ménagement : il a fini de servir… celui-ci s’éloigne mais semble ne pas parvenir à détacher son regard de Jésus… on ordonne aux condamnés de se dévêtir… Marie observe Jésus dont les gestes sont ralentis… les soldats s’impatientent… l’un d’eux s’avance et d’un geste d’une violence inouïe Lui arrache sa tunique… Marie devine la douleur affreuse qui traverse tout le corps de Jésus en cet instant ; toutes les plaies de la flagellation, soudées à la tunique par le sang coagulé, se rouvrent en même temps et en un instant… Jésus ferme les yeux cherchant la force de supporter une telle souffrance… la plèbe découvre le corps horriblement mutilé de Jésus… un nouveau silence se fait dans la foule… il n’est que de courte durée… Jésus est tout nu… la foule ricane… Marie enlève son voile et le tend à un soldat… Il le prend et le remet à Jésus qui se le fixe autour des hanches… Marie entend les hurlements blasphématoires du mauvais larron…

Jésus est dépouillé de sa tunique. Elle n’est pas mise en pièce et partagée par les soldats : elle est simplement tirée au sort. Saint Jean précise qu’elle était sans couture et tissée tout d’une pièce. Des mystiques, comme Anne-Catherine Emmerich, affirment qu’elle a été réalisée par Marie ; cette pensée n’a rien de déraisonnable, car il était d’usage que les vêtements soient fabriqués par les femmes de sa famille. Par ailleurs, l’idée a tout son sens si on voit dans la Tunique le symbole de l’Eglise et que Marie en est la figure, le modèle et la Mère !

Saint Augustin (entre autres !) voit dans la tunique qui n’est pas partagée, le symbole de l’unité de l’Eglise. Celle-ci est l’œuvre de Jésus et non celle des hommes à qui incombent cependant, la redoutable responsabilité de ne pas diviser le « corps mystique du Christ ». La tunique de Jésus est maculée de son Sang, symbole que l’Eglise tire sa vie du sacrifice d’amour de Jésus : en d’autres mots, l’Eglise vit de l’Eucharistie !

Au moment de mourir, Jésus est dépouillé de tout, même de sa tunique. Comme pour Jésus, la mort viendra nous dépouiller de tous nos biens matériels ; ce dépouillement se fera avec la même brutalité et il sera d’autant plus douloureux que nous nous serons attachés à toutes ces choses (argent, maison, bijoux, réputation, titres, savoirs, etc…) qui ne servent à rien dans l’autre vie. Que la contemplation de ce mystère nous apprenne à tout considérer dans la perspective de la vie éternelle !

Que Notre-Dame des douleurs nous donne de nous attacher à Jésus et à nous détacher de tout ce qui nous éloigne de Lui !

JESUS TOMBE POUR LA TROISIEME FOIS

Marie ne peut étouffer ses larmes… Jean la serre contre lui… au même moment, Jésus s’effondre totalement… Il n’a pas trébuché mais il est arrivé au bout de ses forces humaines… Il est allongé à terre, écrasé par la croix… Il semble inanimé… un silence se fait dans la foule… se serait-elle enfin laissée toucher par l’extrême détresse du condamné ? … Marie observe les soldats inquiets… l’un d’eux fait des allers-retours entre Jésus et le centurion… Pendant ce temps, Jésus semble revenir à Lui… il bouge doucement ses mains… un soldat dégage la croix qui écrase Jésus… Il semble chercher sa respiration déjà très difficile… deux autres L’aident à se relever… Jésus cherche l’équilibre… les soldats Lui reposent la croix sur l’épaule et Simon de Cyrène reprend sa place derrière Jésus… les cris de la foule reprennent de plus belle… Marie entend : « Arrangez-vous pour qu’il ne meure que sur la croix ! » … « S’il meurt avant, vous en répondrez au Proconsul… le condamné doit arriver vivant au supplice » … Le cortège reprend péniblement son chemin… Le centurion semble très inquiet ; il est pressé d’en finir… les soldats ont de plus en plus de mal à frayer un passage à Jésus… enfin on s’approche du Calvaire ; on aborde la dernière montée…

La chute ultime de Jésus est la plus douloureuse. Il se relève malgré l’effort surhumain que cela représente. Par cette chute et surtout par ce relèvement, Jésus nous enseigne la confiance en sa miséricorde. Quels que soient le nombre et la gravité de nos péchés, sa miséricorde les surpasse. Il n’est pas de péché, si grave soit-il, pour lequel Jésus n’ait pas satisfait et qu’Il ne puisse pardonner. Par son relèvement, Jésus nous parle en empruntant les paroles du prophète Isaïe (1, 18) : « Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige ; s’ils sont rouges comme l’écarlate, ils seront comme la laine » !

Que Notre-Dame des douleurs nous obtienne la grâce d’une ferme confiance en la miséricorde de Jésus qui nous aime !

JESUS CONSOLE LES FEMMES DOLENTES

Marie voit Jésus s’arrêter… des femmes s’avancent vers Lui… elle reconnait certains visages… les femmes pleurent… elles ne craignent pas de s’avancer vers Jésus malgré la foule déchainée… à mesure qu’elles s’approchent de Jésus, leurs sanglots augmentent… certaines s’agenouillent devant Jésus… Il est haletant, épuisé… un sourire de martyr se dessine sur son visage tout défiguré… dans quel état est-Il, Celui que ces femmes ont entendu proclamer les béatitudes ; elles l’entendent encore : « bienheureux les pacifiques… bienheureux les artisans de paix… » Jésus semble tirer de la force de la compassion de ces femmes… Marie entend les paroles de Jésus… elles sont entrecoupées de petites pauses car Jésus est exténué et tout essoufflé… « Femmes… ne pleurez pas sur moi… pleurez sur vous-même… et sur vos enfants… si l’on traite ainsi… l’arbre vert… que deviendra… l’arbre sec ? »… Marie entend le centurion ordonner qu’on écarte les femmes et qu’on reprenne la route… il a peur des réactions de la foule ; il faut se hâter d’arriver au Calvaire…

Des femmes compatissantes s’approchent de Jésus qui semble les repousser par des paroles sévères. Jésus ne cherche pas à les effrayer mais il veut tout de même bannir toute équivoque. En effet, il ne sert à rien de s’apitoyer sur Lui, si on ne s’attaque pas à la cause de sa souffrance : le péché ! En Jésus souffrant, nous contemplons l’état lamentable d’une âme en état de péché. La compassion est une œuvre stérile, si elle ne s’accompagne pas d’une démarche sincère de conversion ; à quoi bon se plaindre de la maladie si on ne met rien en œuvre pour en guérir ?!

Jésus ne souhaite pas que ces femmes se lamentent sur son sort ; ce serait méconnaitre le véritable sens de sa Passion. Jésus est dans cet état de déchéance physique parce qu’Il a choisi, dans un acte de liberté souveraine, de prendre sur Lui les péchés du monde. A chaque instant, Il pourrait mettre fin à sa Passion mais Il choisit librement d’aller jusqu’au bout de son amour pour nous. C’est par son obéissance au Père, malgré la souffrance, qu’Il Lui rend toute gloire ; c’est en prenant sur Lui les péchés des hommes qu’Il leur obtient le Salut. Personne n’est plus libre que Jésus ! Personne n’est plus prisonnier que l’homme pécheur !

Que Notre-Dame des douleurs nous obtienne la grâce d’une véritable conversion du cœur !

JESUS TOMBE POUR LA SECONDE FOIS

Marie voit Jésus marcher tout courbé tant il est faible et écrasé par le poids de la croix… Elle voit l’écriteau qu’on a mis à son cou, cahoter devant Lui et Lui gêner la vue… son vêtement le gêne aussi car il traine devant Lui tant il est courbé…   le voici qui butte sur un petit caillou et tombe de tout son poids sur les deux genoux… la croix Lui échappe et tombe au sol après Lui avoir violemment frappé le dos… Marie ne parvient pas à étouffer un cri de douleur… elle voit Jésus essayer de se relever et n’y parvenir qu’au prix d’un effort surhumain… lorsqu’il se penche pour ramasser la croix, elle voit la plaie de son épaule, faite par le frottement de la croix qui a ouvert et aggravé les plaies nombreuses de la flagellation à cet endroit… elle entend la foule applaudir, heureuse de cette chute si mauvaise…

Si dure soit la chute, et quels que soient les efforts que cela représente, Jésus se relève pour poursuivre le chemin ; malgré la souffrance physique et morale, malgré l’hostilité de la foule, Il reprend la croix et s’achemine vers le Calvaire. Jésus ne se décourage pas et continue de réaliser notre Salut. Il nous donne ainsi l’exemple de la persévérance dans la foi. Parce que nous sommes de pauvres pécheurs, il est dans l’ordre des choses que notre pèlerinage terrestre soit jalonné de chutes plus ou moins douloureuses. Jésus nous invite à ne jamais céder au découragement et à nous relever sans cesse par la confiance en sa miséricorde et par le sacrement de la réconciliation. Jésus ne se lasse pas de pardonner à ceux qui le Lui demandent !

Que Notre-Dame des douleurs nous obtienne la grâce d’une vraie et sincère confession pascale !

VERONIQUE ESSUIE LE VISAGE DE JESUS

Marie voit ralentir le cortège, car Jésus est très affaibli… il n’en peut plus… il a du mal à respirer… et il fait si chaud !… les soldats accordent à Jésus un instant de répit, non parce qu’ils ont pitié de Lui, mais parce qu’ils comprennent que le condamné n’ira pas plus loin s’ils ne le ménagent pas un peu… elle voit une femme s’avancer vers Jésus… elle ne semble pas impressionnée par tout ce déferlement de haine et de violence… elle a l’air de ne voir que Jésus… Jésus regarde Véronique s’avancer vers Lui… Il la considère longuement… elle tient un linge blanc qu’elle donne à Jésus… Il l’accepte… Il voudrait le poser sur son visage pour essuyer sa sueur et les coulures de sang… Il n’y arrive pas d’une seule main (il tient la croix de l’autre)… la femme, pleine de pitié, l’aide en faisant attention à ne pas heurter la couronne d’épines… délicatement, elle pose le linge sur le visage de Jésus… Jésus le tient d’une main sur son visage comme s’il y trouvait un grand réconfort… puis Il le lui rend… elle a juste le temps de le prendre ; un soldat la pousse brutalement sur le côté ; elle tombe à terre serrant dans sa main le suaire qui porte l’empreinte du visage de Jésus… doucement, au milieu des hurlements, le cortège reprend son chemin…

Comme Simon de Cyrène, Véronique vient en aide à Jésus. Simon aide Jésus en palliant sa défaillance physique et en assumant la part de la croix qu’il revient à l’humanité de porter pour contribuer à son Salut. Véronique, elle, fortifie Jésus. Elle intervient comme l’ange de Gethsémani qui apparait pour consoler Jésus, lui communiquer la force qu’il faut pour aller au bout de sa Passion. Elle réconforte Jésus au milieu de ses pires souffrances ; elle stimule sa vitalité et adoucit sa désolation. En Véronique, Jésus voit une âme fidèle ; plus encore, Il voit en elle la première de toutes les âmes réparatrices, celles qui suppléent par leur pur amour, au rejet, voire à la haine de toute cette foule hurlante !

Jésus reçoit tout acte d’amour et le récompense par les grâces les plus insignes. Pour souligner l’importance qu’il accorde au geste de Véronique et comme pour engager les âmes à l’imiter, Jésus imprime son visage sur le suaire. Toutes les âmes réparatrices pourront y lire, et la souffrance, et l’amour de Jésus ainsi que son désir ardent d’être aimé par ceux qu’Il est venu sauver !

Que Notre-Dame des douleurs nous donne d’imiter Véronique dans sa charité héroïque !

SIMON DE CYRENE AIDE JESUS

Marie voit Jésus s’éloigner… elle entend la foule et ses imprécations… rien ne semble la calmer ; au contraire, on dirait que sa haine se dilate en même temps que la souffrance de Jésus… elle observe l’impatience de Longin, le centurion… il craint que Jésus ne parvienne pas vivant au Calvaire et la foule exige le spectacle d’une crucifixion… il ordonne à un soldat de trouver quelqu’un pour aider le condamné… ce-dernier ne cherche pas ; il se tourne et tombe sur Simon le Cyrénéen avec ses deux fils, Rufus et Alexandre… il revient des champs et semble indifférent à ce qui se passe (il y a chaque jour des crucifixions à Jérusalem !) ; il est fatigué d’avoir travaillé toute la matinée et ne pense qu’à rentrer chez lui… sans aucun ménagement, le soldat saisit Simon par l’épaule et lui ordonne d’aider le condamné à porter la croix… Simon tente de se justifier et d’échapper à la corvée… Marie l’entend répondre qu’il revient des champs, qu’il n’a rien à voir avec le condamné, qu’il est avec ses fils, qu’il ne peut les laisser… le soldat ne se laisse pas attendrir et projette Simon à terre près de Jésus… Simon ordonne à ses fils de ne pas rester ici et de rentrer rapidement à la maison… Marie voit le Cyrénéen considérer la situation… il regarde Jésus de la tête aux pieds… à mesure qu’il découvre l’état physique de Jésus, Simon se calme… il croise le regard de Jésus… il est saisi par ce regard si plein de douceur qui émane de son visage de martyr totalement défiguré… il ne dit plus rien et se lève, toujours en fixant Jésus… Simon prend la croix derrière Jésus… il est visible qu’il fait tout ce qui lui est possible pour ne rien ajouter à la souffrance de Jésus… Marie se souvient des paroles de Jésus : « si quelqu’un veut me suivre, qu’il prenne sa croix et marche derrière moi »… le cortège continue… et toujours les hurlements de la foule…

« Dieu qui t’a créé sans toi, ne te sauvera pas sans toi » nous dit saint Augustin. Jésus a porté l’essentiel de la croix mais Il nous en laisse une infime partie pour que nous contribuions directement à notre Salut, ainsi qu’à celui de chaque âme. Jésus a pris sur Lui les péchés du monde entier et c’est par Lui seul que nous sommes sauvés. Cependant, sa puissance s’arrête là où commence notre liberté. Il nous revient, à chacun d’entre nous, de vouloir être sauvé, de nous repentir de nos péchés, de produire de dignes fruits de pénitence… de porter, derrière Jésus, une petite part de sa croix, lourde aussi de nos propres péchés !

La miséricorde de Jésus se manifeste particulièrement dans le fait qu’Il ne nous « réquisitionne » pas pour payer la rançon de nos péchés, mais qu’Il sollicite notre libre-adhésion ; Il fait ainsi de notre infime participation à sa Passion, un élément déterminant de notre Salut et de celui de tout homme. Jésus accorde à chacun d’entre nous la grâce (et la responsabilité !) d’avoir une part active à son Salut, ainsi qu’à celui de chaque âme !

Que Notre-Dame des douleurs nous donne de ne pas chercher à raboter le petit morceau de croix qu’il nous faut porter et de contribuer généreusement au Salut de tout homme !

JESUS RENCONTRE SA MERE

Marie voit le cortège s’approcher de l’endroit où elle se trouve avec Jean, Marie-Madeleine et quelques fidèles… Jésus marche courbé et tête baissée à cause du poids qu’Il porte sur l’épaule et de la couronne d’épines, dont la douleur augmente chaque fois qu’elle entre en contact avec la croix… Marie voudrait s’approcher de Jésus… Lui dire qu’elle est là… Elle voudrait l’aider… Lui dire son amour… Jean ménage à Marie la possibilité de s’avancer vers Jésus… Les soldats comprennent que c’est la Mère de Jésus… le cortège s’arrête… Marie s’avance doucement vers Jésus… En voyant Jésus de plus près, elle distingue toutes ses plaies… elle voit les épines qui entrent dans la chair de son visage… le glaive de douleurs prophétisé par Siméon lui transperce le Cœur de part en part… Elle a l’impression de suffoquer… Jésus lève péniblement la tête… Il voit Marie qui s’avance vers lui et lâche, comme un cri du cœur, sa première parole depuis le dialogue avec Pilate : « Maman » ! Marie répond : « Jésus » … Les soldats, de grands gaillards que l’expérience de la guerre a endurcis, semblent saisis de compassion en contemplant la rencontre de la Mère et du Fils… Marie avance ses mains… Dans un geste maternel, elle voudrait toucher Jésus, essuyer son visage, soulever sa couronne d’épines pour qu’elle fasse moins mal… Elle ne sait où poser sa main car elle ne découvre, sur le corps de son enfant, aucun endroit exempt de plaies… Jésus et Marie ne disent rien… Tous deux essaient de réfréner toute expression de souffrance afin de ne pas en rajouter à celle de l’autre… Jésus se plonge dans le regard de Marie… Marie se plonge dans le regard de Jésus… Cela ne dure qu’un instant mais il suffit pour tout se dire… Au milieu des larmes, se dessine un léger sourire sur le visage des deux martyrs… On entend les cris de la foule qui manifeste son impatience… Pour éviter tout débordement, Longin, le chef des soldats, ordonne de reprendre la marche… Un soldat, avec toute la douceur dont une brute est capable, écarte Marie du chemin et le sombre cortège reprend son chemin…

Personne n’a aimé Jésus, comme Marie ! Personne n’a aimé Marie, comme Jésus ! Si Jésus est rejeté par toute cette foule hurlante, il est dédommagé par le pur amour de Marie ! Si elle est présente lors de la Passion de Jésus, c’est parce qu’Il l’a voulu et parce que c’est la volonté de son Père. S’il en était autrement, Jésus, le meilleur des fils, aurait épargné cette épreuve à sa mère en l’envoyant à Nazareth (par exemple !) avant le Jeudi-saint ; le temps que la nouvelle de la mort de Jésus y parvienne, Il serait ressuscité ; ainsi, Marie n’aurait pas eu à subir la cruelle épreuve de la mort de son Fils. Mais Jésus veut que Marie soit présente, et même qu’elle ait une part active avec Lui, au moment où Il sauve l’humanité pécheresse ; et il veut que Marie soit pleinement associée à l’offrande qu’il fait de Lui-même afin que par la suite, elle soit pleinement associée au Salut qui en découle pour chaque âme. Jésus unit sa Mère à sa Passion pour qu’elle devienne pour nous la Mère des miséricordes !

Que Notre-Dame des douleurs allume en nous le feu de l’amour de Jésus !