19ème station : Pierre, m’aimes-tu ?

Pierre, m’aimes-tu ?, EL Greco

Méditons

« Quand ils eurent déjeuné, Jésus dit à Simon Pierre : Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Voilà une question bien embarrassante qui, au premier abord, ne peut que gêner l’Apôtre, un pécheur aux manières un peu frustes et au caractère bien trempé ; une telle question ne peut susciter qu’une réponse approximative, voire aléatoire. Qui peut dire qu’il aime Jésus plus qu’un autre ? Personne, à priori, ne sait dans quelle mesure un autre aime Jésus. Et même, qui dispose des outils adéquats pour mesurer son amour pour Jésus ? Pierre donne la réponse la moins mauvaise possible : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. » En d’autres mots, Pierre dit : « Seigneur, tu sais tout. Tu sais que je t’aime de toutes mes forces ; mon amour n’est pas aussi grand que je le voudrais parce que je ne dispose que de forces humaines. Tu sais que mon désir de t’aimer dépasse mes capacités… Je t’ai trahi au moment où tu avais le plus besoin de moi mais tu sais que c’est par faiblesse et que je m’en repends douloureusement.»

La seconde question va plus loin : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu? » En d’autres mots : « M’aimes-tu, tout court ? Quoi qu’il en soit des autres, toi, m’aimes-tu plus que tout ? » Enfin, la troisième question touche Pierre en plein cœur et le bouleverse. Elle résonne dans son cœur comme le chant du coq au petit matin du vendredi-saint. L’insistance de Jésus appuie sur des blessures non encore cicatrisées. Avec Pierre, Jésus applique la même pédagogie qu’avec les enfants d’Israël lorsque, dans le désert, ils mourraient à cause des morsures de serpents (la punition pour leurs péchés). Sur l’ordre de Dieu, Moïse a fait dresser un serpent d’airain ; ceux qui le regardaient, guérissaient de leurs blessures. Jésus amène Pierre à considérer les blessures qu’il s’est faites à l’âme par son triple reniement pour que, par une sincère contrition et le pardon divin, il puisse en guérir. Pierre comprend alors que Jésus veut lui faire revivre en souvenir sa trahison, tout en lui faisant redire sa foi et son amour, pour qu’il sente à quel point il est pardonné.

« Seigneur, toi, tu sais tout ; tu sais bien que je t’aime. » Avec ces mots, a été dit, tout ce qu’il y avait lieu de dire. Et, Jésus n’insistera plus. Pierre est pardonné, ses fautes sont effacées, la miséricorde a fait son œuvre. Jésus ne demande pas que nous vivions au-dessus de notre condition de pauvres pécheurs (ça ne nous est pas possible !) mais que nous l’aimions de toutes nos pauvres forces humaines. Lorsque nous tombons, notre amour pour Lui doit nous entrainer à nous laisser relever par Lui (notamment par le sacrement du pardon).

Non content de liquider le passé, Jésus, par trois fois, confie une mission à Pierre. Non seulement, Il lui pardonne mais en plus, pour le manifester concrètement, il lui confie une mission éminente entre toutes, une mission de bras-droit, d’homme de confiance : « Pais mes agneaux, pais mes brebis. » Jésus lui offre de participer à sa propre tâche de pasteur et de l’imiter jusqu’au bout du don de soi. Le bon berger, disait Jésus, donne sa vie pour ses brebis. Pierre est prévenu que son imitation du Maître ira jusque-là c’est-à-dire jusqu’au don de sa propre vie.

Étendre les mains pour se laisser faire, voilà pour Pierre, le sacrifice de l’âge mûr (ou de la maturité spirituelle) et la réponse ultime à la confiance que le Seigneur a mis en lui. Quand viendra l’heure pour chacun de nous de s’abandonner totalement à Dieu dans la mort, quel plus beau geste pourrions-nous trouver que d’étendre nos mains fatiguées comme pour dire au Seigneur : « Seigneur, tu sais tout, tu vois bien que je t’aime. »

Prions

1 dizaine du chapelet (Notre Père… 10 Je vous salue Marie… Gloire au Père…)

O mon Jésus pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer ; conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde.

Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière.

Viens en nous, père des pauvres ; viens, dispensateur des dons ;  viens, lumière de nos cœurs.

Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur.

Dans le labeur, tu nous procures le repos,  dans la fièvre, la fraîcheur, dans les pleurs, le réconfort.

Ô lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous tes fidèles.

Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti.

Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé.

Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé.

À tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacrés.

Donne mérite et vertu, donne le salut final, donne la joie éternelle. Amen. Alléluia. (Séquence de la Pentecôte)

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

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