Le crucifiement

Contemplons

Le Larron crucifié, Corinth Lovis

Méditons

Maintenant qu’ils sont dépouillés de leurs vêtements, les trois condamnés entrent dans la phase finale de leur exécution. Même si leur supplice est le même, le crucifiement, ils ne se comportent pas de la même manière.

Gesmas, le mauvais larron, hurle comme un damné. Il ne veut pas mourir et le crie à qui veut l’entendre. Il multiplie les demandes de grâce. Pour cela, il est prêt à vendre père et mère. Il veut qu’on l’épargne alors que lui-même n’a jamais eu pitié de qui que ce soit. D’un coup, il réalise que ses suppliques ne seront pas entendues. Il change alors d’attitude. Il est révolté, entre dans la plus noire colère et cède au désespoir. Il invective ceux qu’il voulait apitoyer, profère les plus vils blasphèmes…

Dismas se tord de douleur chaque fois que le bourreau frappe un coup pour faire entrer les clous dans sa chair. En même temps, il n’arrive pas à décrocher son regard de Jésus en se demandant comment il est possible de supporter tout ce qu’il a subi sans trépasser, comment on peut rayonner une telle douceur, une telle paix intérieure… Il ne supplie pas pour qu’on l’épargne car il réalise que c’est la fin, que son heure a sonné, qu’il est face à la mort et au jugement de Dieu qui suivra. Il va devoir rendre compte de sa vie et de ce qu’il en a fait. Dans très peu de temps, il se tiendra face à son Créateur, « celui qui sonde les reins et les cœurs » (Jérémie 17, 10) et, pour sa plus grande confusion, devra reconnaitre qu’il n’en a jamais eu de souci. Pour lui, tout semble jouer d’avance : il n’a rien à espérer du jugement sans appel de Dieu. Pourtant, au fond de lui, il voudrait l’implorer de lui pardonner même s’il n’a aucune raison de le faire. Il ne voudrait pas crever comme un chien. Il tourne alors son regard vers Jésus qui lui parait être son ultime recours, son dernier espoir parce qu’il a dit qu’il est le Fils de Dieu, le Messie, le Sauveur de tous les hommes…

Enfin, il y a Jésus qui s’allonge sur la Croix sans rechigner, sans se débattre. Il ne dit rien. A chaque coup de marteau, on entend juste un cri de douleur étouffé auquel répond un autre, celui de sa Mère qui fait des efforts énormes pour se contenir.

Les croix sont élevées de terre et fixées solidement dans le sol. Voici que la Croix de Jésus fait le trait d’union entre le Ciel et la terre. Voici qu’elle se dresse pour être notre échelle pour le paradis. D’un côté, il y a Dismas, le bon Larron, qui ne quitte pas Jésus du regard. De l’autre, il y a Gesmas, qui s’ingénie à ne surtout pas croiser ce même regard qui lui est insupportable tant il est rempli de douceur. Il hurle sa haine, s’enfonce toujours plus profondément dans le désespoir et se précipite délibérément dans l’abîme.

Cette scène est à l’image de ce que sera notre mort ! Face à nous, il y a la Croix avec Jésus qui s’offre pour le salut de tous et de chacun en particulier, qui nous regarde, qui nous ouvre les bras attendant que nous nous y jetions. A son invitation, il n’y a que deux choix possibles : celui de Gesmas qui est tellement embourbé dans l’égoïsme, l’orgueil, le péché, qu’il ne parvient pas à s’humilier devant Jésus qui se tient pourtant prêt à tout pardonner, et le rejette. Et il y a Dismas, qui, conscient de toute sa misère, de son néant, s’humilie, lève les yeux vers Jésus, place en lui toute son espérance.

Dismas est introduit dans le paradis le jour même alors qu’il n’a rien fait pour mériter une telle grâce. En fait, il a été un larron jusqu’au bout en arrachant à sa plus innocente victime, Jésus, le salut que lui seul peut donner.

Prions

1 dizaine du chapelet (Notre Père… 10 Je vous salue Marie… Gloire au Père…)

O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer, conduisez au ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde. (Prière demandée par Notre-Dame de Fatima après chaque dizaine du chapelet.)

Saint Bon Larron, toi qui, malgré tes péchés passés fut assuré d’une entrée immédiate au Ciel par la gratuité de l’amour de Dieu, qui en un instant t’a transformé en un saint, demande, je t’en supplie, à Jésus mon Sauveur, de faire tomber sur moi ce même regard de miséricorde, qui fera plonger mes yeux dans les siens, pour en recevoir le pardon et la sainteté.

Aussi, envahi par le feu de l’amour divin consumant et transformant, je pourrai entendre à mon tour la promesse que Jésus t’a faite : « aujourd’hui même tu seras avec moi dans le paradis. » Amen.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

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