Saint Alphonse de Liguori

De noble famille napolitaine, Alphonse était promis à un brillant avenir, du moins son père en avait-il décidé ainsi. L’enfant est doué. A seize ans, il est docteur en droit civil et ecclésiastique. Il devient un avocat de renom et de succès. Il ne perd aucun procès quand il le plaide. Mais, de son côté, le Seigneur plaide tout doucement la cause du Royaume des cieux dans le cœur du jeune homme si bien parti pour réussir dans le monde. Alphonse décide d’abord de se consacrer à Dieu dans le monde et, pour cela renonce à un beau mariage. Désormais on le trouve assidu aux pieds du Saint-Sacrement et des statues de la Vierge Marie. Il fréquente les malades incurables et les condamnés à mort. A vingt-sept ans, il perd un procès, pourtant juste, à cause des pressions exercées sur les juges par des puissants fortunés. Désespérant de la justice humaine, il démissionne, devient prêtre et se consacre aux « lazzaroni », ces pauvres des bas-fonds de Naples et des campagnes. Il a choisi son camp, celui des pauvres rejetés. Pour eux, il fonde la Congrégation des Rédemptoristes sous le patronage de saint François de Sales. Toute sa vie, il se battra contre le rigorisme et fera triompher dans l’Eglise une pastorale de miséricorde et de liberté. Devenu malgré lui évêque, brisé par la maladie, il revient mourir parmi les siens.

Son enseignement sur saint Joseph

« Que ce soit pour nous un devoir d’honorer saint Joseph, qui peut en douter après que le Fils de Dieu lui-même a voulu l’honorer du nom de père ? Et certes les évangélistes n’ont pas fait difficulté de lui donner ce titre : « son père et sa mère, dit saint Luc, étaient dans l’admiration de tout ce qu’on disait de lui. » C’est encore le nom que lui donna la divine Vierge elle-même : « votre père et moi nous vous cherchions, désolés de vous avoir perdu. » Si donc le Roi des rois a voulu élever Joseph à un si grand honneur, il est bien convenable et bien juste que nous cherchions à l’honorer autant que nous pouvons. « Quel ange, ou quel saint, dit saint Basile, a jamais mérité d’être appelé père du Fils de Dieu ? » Nous pouvons donc appliquer à Joseph ce que saint Paul dit de Notre Seigneur : « Il a été autant au-dessus des anges, qu’il a reçu un nom plus excel­lent. » Par ce nom de père, Joseph a été plus honoré de Dieu, que tous les patriarches, les prophètes, les apôtres ; ils ont tous le nom de serviteurs, Joseph seul a celui de père.

Par cette qualité de père, Joseph est établi chef de cette petite famille, petite par le nom­bre, mais grande par les deux incomparables personnes qu’elle contenait, la Mère de Dieu, et le Fils de Dieu fait homme. Dans cette mai­son, Joseph commande, et le Fils de Dieu obéit. Tant que Joseph vécut, c’est-à-dire pendant trente an­nées, Jésus-Christ le respecta comme un père, lui obéit comme à un père. En sorte que pendant ces trente années l’occupation continuelle du Sauveur fut d’obéir à Joseph. Pendant tout ce temps-là ce fut à Joseph de commander comme le chef de cette famille, et à Jésus-Christ d’obéir comme soumis à Joseph qui lui avait été donné de Dieu pour lui servir de père. Ainsi toutes les actions de Jésus-Christ, ses démarches, sa nourriture, son repos, tout était réglé par les ordres de Joseph. Le divin Maître se montrait souverainement attentif à écouter et à exécuter ce qui lui était com­mandé. D’après la révélation que la très sainte Vierge en a faite à sainte Brigitte, « le Fils de Dieu était si obéissant, que lorsque Joseph lui disait : Faites ceci, ou cela, il le faisait sur-le-champ. »

Selon saint Bernard, Dieu n’a pas choisi seulement Joseph pour être le consolateur de sa Mère qui eut tant de tribulations en cet exil ; il ne l’a pas seulement choisi pour être le père nourricier de Jésus-Christ ; mais il a voulu encore qu’il fût en quelque sorte son coopérateur dans la rédemption du monde, qui fut l’œuvre du grand conseil des trois Personnes divines. En conséquence Dieu voulant qu’il tînt lieu de père à son Fils, lui confia le soin de le nourrir, et de le défendre contre les embûches de ses ennemis. « Pre­nez l’Enfant » comme s’il lui eût adressé les paroles du Psaume : « c’est à vous qu’a été abandonné le soin du pauvre. » Oui, Joseph, j’ai envoyé mon Fils sur la terre, et je l’ai envoyé pauvre, humble, sans l’éclat des richesses, ni des dignités extérieures : il sera méprisé dans le monde et appelé le fils d’un artisan, à cause de l’humble profession que tu exerces. J’ai voulu que tu fusses pauvre, parce que je te destinais à tenir lieu de père à mon Fils, pauvre comme toi. Car il n’est pas venu dans le monde pour dominer, mais pour sauver les hommes par ses souffrances et par sa mort. Tu seras donc sur la terre son gar­dien, et son père à ma place ; c’est à toi qu’a été abandonné le soin du pauvre : je le re­mets entre tes mains. Il sera persécuté, et tu auras part à ses persécutions. Sois attentif à le garder, et sois-moi fidèle. »

C’est pourquoi, dit saint Jean Damascène, Dieu a donné à Joseph l’amour, la vigilance, et l’autorité de père. Il lui donna l’af­fection d’un père, afin qu’il veillât sur Jésus-Christ avec une grande tendresse ; il lui donna la sollicitude d’un père, afin qu’il l’environnât de toutes les précautions possibles ; et enfin l’au­torité d’un père, pour lui donner l’assurance qu’il serait obéi dans toutes les mesures qu’il pour­rait prendre touchant la personne de son Fils.

L’ayant d’ailleurs admis à être le coopéra­teur de l’œuvre de la rédemption, comme dit saint Bernard, il voulut qu’il fût présent à la naissance de Jésus-Christ ; et cela, pour qu’il fût ensuite un fidèle témoin de la gloire ren­due à Dieu par les anges à la naissance de son Fils, et du récit qu’en firent les bergers quand ils vinrent adorer le Sauveur. Dieu voulait en­core qu’il fût le témoin de l’arrivée des Mages, qui, se laissant guider par l’étoile, vinrent de contrées lointaines pour adorer le saint En­fant, ainsi qu’ils le déclarèrent eux-mêmes : « nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l’adorer. »

Ensuite le Seigneur voyant qu’Hérode crai­gnant pour sa royauté cherchait le divin Enfant pour le faire mourir, envoya un ange à Joseph pour lui dire de sa part qu’il prit l’Enfant et sa Mère, et s’enfuit en Egypte. Et voilà que Joseph fidèle et docile à la voix de Dieu, se levant de nuit, et, comme l’affirment les interprètes, la nuit même où il reçut l’ordre de l’ange, prit l’Enfant et Marie sa mère, et se mit en chemin vers l’Egypte. Joseph, sans perdre de temps, prit les outils de sa profession autant qu’il put en porter, prévoyant qu’ils lui serviraient en Egypte pour sustenter sa pauvre famille. Marie, de son côté, prit entre ses bras l’Enfant avec le peu de langes qui devaient servir à son Fils, et tous deux par­tirent sans suite, comme de pauvres pèlerins, pour faire un voyage si long et si périlleux, ayant à traverser de si vastes déserts pour ar­river en Egypte, et ne devant y trouver ni parents, ni amis, mais seulement une nation barbare et inconnue. Le moment venu de quit­ter l’Egypte, Dieu envoya de nouveau l’ange à Joseph pour lui en donner l’ordre : « partez, prenez l’Enfant et sa Mère, et rendez-vous dans la terre d’Israël. » Joseph partit aussitôt d’Egypte et retourna en Judée. Mais là de nouveau averti par l’ange, il ne se fixa pas en Judée par la crainte d’Archélaüs qui régnait à la place d’Hérode son père, et il alla se fixer à Nazareth dans la Galilée, où il demeure ensuite jusqu’à sa mort, en la compa­gnie de son bien-aimé Jésus, continuant à vivre pauvrement dans son humble profes­sion.

Il arriva dans cet intervalle qu’étant allé avec Marie et Jésus, alors âgé de douze ans, à Jérusalem pour visiter le temple, comme il s’en retournait à la maison, il rejoignit Marie qu’il croyait accompagnée de son Fils, et il s’aperçut que Jésus n’était pas avec elle. Ainsi pendant trois jours, Joseph ne fit autre chose que s’affliger en se voyant éloigné de Jésus, l’unique amour de son cœur. Mais ce qui l’af­fligeait le plus, c’était la crainte que Jésus ne l’eût quitté pour quelque déplaisir qu’il lui aurait causé, et qu’il ne l’estimât plus digne de conserver un si grand trésor. Il fut ensuite bien consolé en apprenant de Jésus lui-même qu’il était demeuré dans le temple pour s’oc­cuper de la gloire de son Père.

Depuis ce temps, Joseph continua de don­ner ses soins à Jésus jusqu’à sa mort ; et alors il eut le bonheur de terminer sa vie entre les bras de Marie et de Jésus, qui l’assistèrent à ce dernier moment. Aussi, saint François de Sales dit-il qu’il faut tenir pour certain que Joseph mourut d’amour, comme la très sainte Vierge son épouse. » (Œuvres spirituelles)

Prions saint Joseph

1 dizaine du chapelet (Notre Père… 10 Je vous salue Marie… Gloire au Père…)

O mon Jésus pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer ; conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde.

Je vous salue, Joseph, vous que la grâce divine a comblé, le Sauveur a reposé dans vos bras et grandi sous vos yeux, vous êtes béni entre tous les hommes, et Jésus, l’Enfant divin de votre virginale épouse est béni. 

Saint Joseph, donné pour père au Fils de Dieu, priez pour nous dans nos soucis de famille, de santé et de travail, jusqu’à nos derniers jours, et daignez nous secourir à l’heure de notre mort. Amen.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

Laisser un commentaire