Saint Leonard de Port Maurice

Religieux franciscain qui (peut-être) a inventé le chemin de croix, mais en fut certainement un grand propagateur au cours de ses missions intérieures, spectaculaires et étonnantes. Paul Jérôme Casanova est né à Porto Maurizio, province de Gênes dans une famille de marins. A 23 ans il entre chez les Franciscains et prend le nom de Léonard. Son maître des novices est un Corse très austère de la famille de Bernardin de Calenzana. Ordonné prêtre en 1702, à la suite d’une maladie, il décide de se consacrer aux missions populaires. Saint Alphonse de Liguori le nommait « le grand missionnaire de notre temps. » En bon contemporain de l’époque baroque, il cherchait à captiver son auditoire en encourageant un large retour à soi-même et une meilleure préparation à la Pénitence et à l’Eucharistie. Le moment le plus favorable semblait être la cérémonie du chemin de Croix… Il en érigea 572 dont une centaine en Corse.

Son enseignement sur saint Joseph

« Il n’est point au pouvoir d’une langue mor­telle d’exprimer le comble d’honneur où fut élevé notre saint en recevant pour épouse celle qui parut dans le monde « comme une aurore naissante » et qui croissant toujours de vertus en vertus, en fit une riche dot qu’elle apporta à Joseph son époux. Contem­plons, à la clarté de cette aurore céleste, les richesses du trop heureux Joseph, qui par cette sainte alliance devient en quelque sorte plus grand que lui-même. En effet, l’auguste Vierge ne voulut d’autres conditions sur le contrat de mariage, sinon que son époux fût en tout et pour tout semblable à elle, et dans l’innocence des mœurs et dans la pureté de l’âme. Et comme le contrat passa par les mains du Saint-Esprit, qui peut douter que Marie n’ait été exaucée en sa demande, et que Jo­seph n’ait été enrichi de qualités, de dons et de vertus semblables en tout point à ceux de Marie son épouse ? C’est le sentiment de saint Bernardin de Sienne.

Que les évangélistes gardent le silence sur Joseph, peu importe ; qu’ils s’abstien­nent d’exalter, comme ils auraient pu le faire, ces vertus et ces prérogatives excellentes qui relèvent sa dignité : il me suffit qu’ils le repré­sentent comme l’époux de Marie, c’est-à-dire comme celui de tous les mortels qui res­semble le plus à l’œuvre la plus parfaite entre les pures créatures qui soit sortie de la main de Dieu, savoir à sa Mère : « car, dit saint Ber­nard, Joseph a été fait à la ressemblance de la Vierge son épouse. Epoux de Marie, c’est-à-dire celui qui approcha le plus près de cette créature sublime laquelle s’éleva jusqu’au plus haut des cieux, et ravit en quelque sorte au sein du Père éter­nel son Fils unique, « époux de Marie, » c’est-à-dire un même cœur, une même âme avec ce cœur et cette âme qui porta le cœur et l’âme du Fils de Dieu, « époux de Marie » c’est-à-dire le chef de la première souveraine du monde, car « l’homme est le chef de la femme, » Marie, un « époux de Marie, » c’est-à-dire le maitre de cette auguste maîtresse qui connaissait ce précepte de la Genèse : « tu seras sous la puissance de l’homme, » et qui, si parfaite en tout le reste, ne surpassa pas moins toutes les autres femmes par le respect et la soumission qu’elle le portait à son époux. « Epoux de Marie, » c’est-à-dire de cette grande reine que les Dominations, les Principautés, les Ché­rubins et les Séraphins se font gloire de servir. « Epoux de Marie » c’est assez, dit saint Bernard, vous dites tout en disant qu’il a été semblable à la Vierge son épouse, semblable pour les traits, pour le cœur, pour les inclinations, pour les habitudes, semblable en vertu et en sainteté. Si Marie fut l’aube qui annonça le soleil de justice, Joseph fut l’ho­rizon illuminé par ses brillantes splendeurs. Concluez donc que si, comme juste, il alla jusqu’à surpasser en sainteté les plus grands saints, comme époux, il s’éleva même au-dessus des anges et put voir à ses pieds, hor­mis la sainte Vierge, toute autre sainteté créée.

Oui, Joseph fut incomparablement plus qu’un ange pour Marie. Jugeons de sa gran­deur par ces paroles de la loi qui dit que celui qui épouse la reine, par le fait même de­vient roi. Celui qui donne sa main à une reine en reçoit le sceptre royal ; au moment où il lui met l’anneau au doigt, elle dépose la couronne sur sa tête ; et fût-il un simple pâtre, il entre aussitôt dans tous les honneurs dus à un roi, et doit être respecté comme tel. Or, je tire de là un argument sans réplique. Marie est la reine des saints et des anges ; Joseph est l’époux de Marie : donc, d’après la loi, il est aussi le roi des saints et des anges. Si vous honorez sou­vent la sainte Vierge de ces glorieux titres « Reine de tous les saints, Reine des anges priez pour nous » vous devez honorer Joseph de la même manière, et lui dire « Roi de tous les saints, roi des anges priez pour nous. » Ce qui montre bien que Joseph était en effet supérieur à tous les anges, ce sont les fréquents messages qu’il re­cevait du ciel par leur entremise. Des anges sont députés vers Joseph pour lui confier le mystère de l’Incarnation. Des anges sont dé­putés vers Joseph pour lui faire part du mys­tère de la Rédemption. Des anges sont députés vers Joseph lorsque, inquiet de l’état où il voyait son épouse, il voulait se retirer. Des anges sont députés vers Joseph lorsqu’il s’agit de donner un nom au divin Enfant. Des anges sont envoyés à Joseph lorsque Jésus est menacé de la persécution d’Hérode. Des anges sont envoyés à Joseph lorsqu’il doit retourner d’Egypte en Palestine. Des anges lui sont en­voyés pour l’avertir de se réfugier en Galilée dans la crainte du roi Archelaüs. Vous voyez comment les affaires secrètes que ce grand homme avait à traiter avec l’auguste sénat de l’adorable Trinité mettent continuellement en mouvement les messagers célestes ; c’est là ce que nous font entendre ces paroles tant de fois répétées dans le texte sacré : « l’ange du Sei­gneur apparut en songe à Joseph. » Dites-moi maintenant si le titre de roi, et de roi des anges ne lui convient pas, et s’il n’est pas vrai qu’en qualité d’époux il fut plus grand que les anges les plus élevés dans le ciel.

Toutefois, ce qui rehausse principalement Joseph en qualité d’époux de Marie, c’est qu’à ce titre il est vénéré comme le chef de cette sainte famille, laquelle ne fut ni toute hu­maine, ni toute divine, mais qui tient de l’un et de l’autre, et qui pour cette raison a été ap­pelée à juste titre la trinité de la terre. Mais où trouver jamais des paroles pour peindre dignement cette admirable trinité de Jésus, Marie, Joseph ? Dieu ayant placé Joseph à la tête de cette trinité, nous donne droit de con­clure que s’il fut grand comme juste, il ne le fut pas moins comme époux. Rendez donc de fréquents hommages à l’adorable Trinité dans le ciel, au Père, au Fils, et au Saint-Esprit ; mais honorez aussi la trinité sainte qui a ha­bité visiblement parmi nous sur la terre, Jé­sus, Marie, Joseph. Gravez dans votre cœur en lettres d’or ces trois noms, ces noms célestes ; prononcez-les souvent, écrivez-les partout, Jé­sus, Marie, Joseph. Que ce soient les pre­mières paroles que vous enseigniez à vos en­fants. Répétez plusieurs fois par jour ces noms sacrés et qu’ils soient encore sur vos lèvres au moment où vous rendrez le dernier soupir. Laissez les anges imprimer en lettres de feu dans vos esprits, et plus encore dans vos cœurs, que si Joseph fut grand comme juste, il le fut plus encore comme chef de la sainte famille en qualité d’époux, et que ce qui met le com­ble à sa gloire, c’est sa grandeur comme père. » (Discours sur les grandeurs de saint Joseph)

Prions saint Joseph

1 dizaine du chapelet (Notre Père… 10 Je vous salue Marie… Gloire au Père…)

O mon Jésus pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer ; conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde.

Je vous salue, Joseph, vous que la grâce divine a comblé, le Sauveur a reposé dans vos bras et grandi sous vos yeux, vous êtes béni entre tous les hommes, et Jésus, l’Enfant divin de votre virginale épouse est béni. 

Saint Joseph, donné pour père au Fils de Dieu, priez pour nous dans nos soucis de famille, de santé et de travail, jusqu’à nos derniers jours, et daignez nous secourir à l’heure de notre mort. Amen.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

Saint Alphonse de Liguori II

Son enseignement sur saint Joseph

« Nous devons avoir une grande confiance en la protection de saint Joseph, parce qu’il a été extrêmement cher à Dieu pour sa sainteté. Pour estimer la sainteté de Joseph, il suffit de savoir qu’il fut élu de Dieu pour remplir les devoirs de père auprès de Jésus-Christ. Or, saint Paul a dit : « Dieu qui nous a faits de dignes ministres de la nouvelle alliance, » ce qui signifie, selon saint Thomas, que toutes les fois que Dieu choisit quelqu’un pour une fonction, il lui donne toutes les grâces qui le rendent apte à la remplir. Dieu ayant donc destiné Joseph à exercer l’autorité de père sur le Verbe incarné, on doit tenir pour certain qu’il lui accorda tous les dons de sagesse et de sainteté qui convenaient à une pareille charge. On ne doit donc pas douter qu’il ne l’ait enri­chi de toutes les grâces et de tous les privilèges accordés aux autres saints.

Joseph était déjà saint avant d’être élevé à la dignité d’époux de la Vierge ; mais il fit en­core de bien plus grands progrès dans la sain­teté, après que Dieu lui eut accordé cet incom­parable honneur. Les seuls exemples de sa sainte épouse suffisaient pour le sanctifier. Mais si Marie, comme parle saint Bernardin de Sienne, est la dispensatrice de toutes les grâces que Dieu accorde aux hommes, avec quelle profusion devons-nous croire que Marie en avait enrichi son époux, qui lui était si cher et à qui elle était si chère ? Combien plus de­vons-nous ensuite penser que la sainteté de Joseph s’accrut par le commerce continuel et la familiarité qu’il eut avec Jésus-Christ tout le temps qu’ils vécurent ensemble ? Si les deux disciples qui allaient à Emmaüs se sentirent embrasés de l’amour divin pour le peu de mo­ments qu’ils accompagnèrent le Sauveur et l’entendirent parler, quelles vives flammes de sainte charité ne durent pas s’allumer dans le cœur de Joseph, pour avoir conversé pen­dant trente années avec Jésus-Christ, pour avoir entendu les paroles de vie éternelle qui sortaient de sa bouche, et avoir observé les ad­mirables exemples d’humilité, de patience et d’obéissance qu’il donnait en se montrant si prompt à l’aider dans tous ses travaux, à le servir dans tout ce qui était nécessaire pour l’intérieur de la maison ? Quel incendie de di­vin amour devaient opérer tous ces traits en­flammés de charité dans le cœur de Joseph ? N’en doutons pas, Joseph, tant qu’il eut le bonheur de vivre avec Jésus-Christ, accrut ses mérites et sa sainteté à tel point, que nous pouvons bien dire qu’il a surpassé les mérites de tous les autres saints.

Or, si Dieu, suivant l’Apôtre, doit rendre à chacun selon ses œuvres, quelle gloire devons-nous penser qu’il ait préparée à saint Joseph qui lui a rendu tant de services, et dont il a été tant aimé, tandis qu’il vécut sur la terre ?

Cette vue de la gloire de saint Joseph dans le ciel doit accroître notre confiance en sa pro­tection. Ecoutons saint Bernard : « Il est des saints qui ont le pouvoir de protéger dans certaines circonstances ; mais il a été accordé à saint Joseph de secourir dans toute espèce de nécessités, et de défendre tous ceux qui recourent à lui avec des sentiments de piété. »

Après saint Bernard, écoutons sainte Thé­rèse, qui s’exprime en ces termes : « le Très-Haut donne seulement grâce aux autres saints pour nous secourir dans tel ou tel besoin ; mais le glorieux saint Joseph, je le sais par expérience, étend son pouvoir à tous. »

Supplions ce grand saint de nous obtenir trois grâces en particulier : le pardon des péchés, l’amour de Jésus-Christ et une bonne mort. Relativement au pardon des péchés, voici une pensée qui doit nous encourager : lorsque Jésus-Christ vivait sur la terre dans la maison de Joseph, s’il y avait eu un pécheur qui eût désiré obtenir du divin Maitre le par­don de ses péchés, aurait-il pu trouver un moyen plus sûr d’être exaucé que l’interces­sion de saint Joseph ? Si donc nous voulons que Dieu nous pardonne, recourons à saint Joseph, qui maintenant dans le ciel est plus aimé de Jésus-Christ qu’il ne l’était sur la terre. De plus, demandons à saint Joseph l’amour de Jésus-Christ ; car je tiens pour assuré que la grâce la plus singulière que saint Joseph ob­tient à ceux qui l’honorent est un tendre amour envers le Verbe incarné, en récompense de toute la tendresse qu’eut saint Joseph pour Jésus en ce monde. Enfin, demandons-lui une bonne mort : c’est une chose connue de tous, que saint Joseph est le protecteur de la bonne mort ; ce grand saint eut le bonheur de mourir entre les bras de Jésus et de Marie. Ainsi tous ceux qui implorent son secours et qui mettent leur confiance en son crédit auprès de Dieu, doivent espérer que saint Joseph au moment de leur mort viendra les assister, accompagné de Jésus et de Marie. » (Œuvres ascétiques)

Prions saint Joseph

1 dizaine du chapelet (Notre Père… 10 Je vous salue Marie… Gloire au Père…)

O mon Jésus pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer ; conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde.

Je vous salue, Joseph, vous que la grâce divine a comblé, le Sauveur a reposé dans vos bras et grandi sous vos yeux, vous êtes béni entre tous les hommes, et Jésus, l’Enfant divin de votre virginale épouse est béni. 

Saint Joseph, donné pour père au Fils de Dieu, priez pour nous dans nos soucis de famille, de santé et de travail, jusqu’à nos derniers jours, et daignez nous secourir à l’heure de notre mort. Amen.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

Saint Alphonse de Liguori

De noble famille napolitaine, Alphonse était promis à un brillant avenir, du moins son père en avait-il décidé ainsi. L’enfant est doué. A seize ans, il est docteur en droit civil et ecclésiastique. Il devient un avocat de renom et de succès. Il ne perd aucun procès quand il le plaide. Mais, de son côté, le Seigneur plaide tout doucement la cause du Royaume des cieux dans le cœur du jeune homme si bien parti pour réussir dans le monde. Alphonse décide d’abord de se consacrer à Dieu dans le monde et, pour cela renonce à un beau mariage. Désormais on le trouve assidu aux pieds du Saint-Sacrement et des statues de la Vierge Marie. Il fréquente les malades incurables et les condamnés à mort. A vingt-sept ans, il perd un procès, pourtant juste, à cause des pressions exercées sur les juges par des puissants fortunés. Désespérant de la justice humaine, il démissionne, devient prêtre et se consacre aux « lazzaroni », ces pauvres des bas-fonds de Naples et des campagnes. Il a choisi son camp, celui des pauvres rejetés. Pour eux, il fonde la Congrégation des Rédemptoristes sous le patronage de saint François de Sales. Toute sa vie, il se battra contre le rigorisme et fera triompher dans l’Eglise une pastorale de miséricorde et de liberté. Devenu malgré lui évêque, brisé par la maladie, il revient mourir parmi les siens.

Son enseignement sur saint Joseph

« Que ce soit pour nous un devoir d’honorer saint Joseph, qui peut en douter après que le Fils de Dieu lui-même a voulu l’honorer du nom de père ? Et certes les évangélistes n’ont pas fait difficulté de lui donner ce titre : « son père et sa mère, dit saint Luc, étaient dans l’admiration de tout ce qu’on disait de lui. » C’est encore le nom que lui donna la divine Vierge elle-même : « votre père et moi nous vous cherchions, désolés de vous avoir perdu. » Si donc le Roi des rois a voulu élever Joseph à un si grand honneur, il est bien convenable et bien juste que nous cherchions à l’honorer autant que nous pouvons. « Quel ange, ou quel saint, dit saint Basile, a jamais mérité d’être appelé père du Fils de Dieu ? » Nous pouvons donc appliquer à Joseph ce que saint Paul dit de Notre Seigneur : « Il a été autant au-dessus des anges, qu’il a reçu un nom plus excel­lent. » Par ce nom de père, Joseph a été plus honoré de Dieu, que tous les patriarches, les prophètes, les apôtres ; ils ont tous le nom de serviteurs, Joseph seul a celui de père.

Par cette qualité de père, Joseph est établi chef de cette petite famille, petite par le nom­bre, mais grande par les deux incomparables personnes qu’elle contenait, la Mère de Dieu, et le Fils de Dieu fait homme. Dans cette mai­son, Joseph commande, et le Fils de Dieu obéit. Tant que Joseph vécut, c’est-à-dire pendant trente an­nées, Jésus-Christ le respecta comme un père, lui obéit comme à un père. En sorte que pendant ces trente années l’occupation continuelle du Sauveur fut d’obéir à Joseph. Pendant tout ce temps-là ce fut à Joseph de commander comme le chef de cette famille, et à Jésus-Christ d’obéir comme soumis à Joseph qui lui avait été donné de Dieu pour lui servir de père. Ainsi toutes les actions de Jésus-Christ, ses démarches, sa nourriture, son repos, tout était réglé par les ordres de Joseph. Le divin Maître se montrait souverainement attentif à écouter et à exécuter ce qui lui était com­mandé. D’après la révélation que la très sainte Vierge en a faite à sainte Brigitte, « le Fils de Dieu était si obéissant, que lorsque Joseph lui disait : Faites ceci, ou cela, il le faisait sur-le-champ. »

Selon saint Bernard, Dieu n’a pas choisi seulement Joseph pour être le consolateur de sa Mère qui eut tant de tribulations en cet exil ; il ne l’a pas seulement choisi pour être le père nourricier de Jésus-Christ ; mais il a voulu encore qu’il fût en quelque sorte son coopérateur dans la rédemption du monde, qui fut l’œuvre du grand conseil des trois Personnes divines. En conséquence Dieu voulant qu’il tînt lieu de père à son Fils, lui confia le soin de le nourrir, et de le défendre contre les embûches de ses ennemis. « Pre­nez l’Enfant » comme s’il lui eût adressé les paroles du Psaume : « c’est à vous qu’a été abandonné le soin du pauvre. » Oui, Joseph, j’ai envoyé mon Fils sur la terre, et je l’ai envoyé pauvre, humble, sans l’éclat des richesses, ni des dignités extérieures : il sera méprisé dans le monde et appelé le fils d’un artisan, à cause de l’humble profession que tu exerces. J’ai voulu que tu fusses pauvre, parce que je te destinais à tenir lieu de père à mon Fils, pauvre comme toi. Car il n’est pas venu dans le monde pour dominer, mais pour sauver les hommes par ses souffrances et par sa mort. Tu seras donc sur la terre son gar­dien, et son père à ma place ; c’est à toi qu’a été abandonné le soin du pauvre : je le re­mets entre tes mains. Il sera persécuté, et tu auras part à ses persécutions. Sois attentif à le garder, et sois-moi fidèle. »

C’est pourquoi, dit saint Jean Damascène, Dieu a donné à Joseph l’amour, la vigilance, et l’autorité de père. Il lui donna l’af­fection d’un père, afin qu’il veillât sur Jésus-Christ avec une grande tendresse ; il lui donna la sollicitude d’un père, afin qu’il l’environnât de toutes les précautions possibles ; et enfin l’au­torité d’un père, pour lui donner l’assurance qu’il serait obéi dans toutes les mesures qu’il pour­rait prendre touchant la personne de son Fils.

L’ayant d’ailleurs admis à être le coopéra­teur de l’œuvre de la rédemption, comme dit saint Bernard, il voulut qu’il fût présent à la naissance de Jésus-Christ ; et cela, pour qu’il fût ensuite un fidèle témoin de la gloire ren­due à Dieu par les anges à la naissance de son Fils, et du récit qu’en firent les bergers quand ils vinrent adorer le Sauveur. Dieu voulait en­core qu’il fût le témoin de l’arrivée des Mages, qui, se laissant guider par l’étoile, vinrent de contrées lointaines pour adorer le saint En­fant, ainsi qu’ils le déclarèrent eux-mêmes : « nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l’adorer. »

Ensuite le Seigneur voyant qu’Hérode crai­gnant pour sa royauté cherchait le divin Enfant pour le faire mourir, envoya un ange à Joseph pour lui dire de sa part qu’il prit l’Enfant et sa Mère, et s’enfuit en Egypte. Et voilà que Joseph fidèle et docile à la voix de Dieu, se levant de nuit, et, comme l’affirment les interprètes, la nuit même où il reçut l’ordre de l’ange, prit l’Enfant et Marie sa mère, et se mit en chemin vers l’Egypte. Joseph, sans perdre de temps, prit les outils de sa profession autant qu’il put en porter, prévoyant qu’ils lui serviraient en Egypte pour sustenter sa pauvre famille. Marie, de son côté, prit entre ses bras l’Enfant avec le peu de langes qui devaient servir à son Fils, et tous deux par­tirent sans suite, comme de pauvres pèlerins, pour faire un voyage si long et si périlleux, ayant à traverser de si vastes déserts pour ar­river en Egypte, et ne devant y trouver ni parents, ni amis, mais seulement une nation barbare et inconnue. Le moment venu de quit­ter l’Egypte, Dieu envoya de nouveau l’ange à Joseph pour lui en donner l’ordre : « partez, prenez l’Enfant et sa Mère, et rendez-vous dans la terre d’Israël. » Joseph partit aussitôt d’Egypte et retourna en Judée. Mais là de nouveau averti par l’ange, il ne se fixa pas en Judée par la crainte d’Archélaüs qui régnait à la place d’Hérode son père, et il alla se fixer à Nazareth dans la Galilée, où il demeure ensuite jusqu’à sa mort, en la compa­gnie de son bien-aimé Jésus, continuant à vivre pauvrement dans son humble profes­sion.

Il arriva dans cet intervalle qu’étant allé avec Marie et Jésus, alors âgé de douze ans, à Jérusalem pour visiter le temple, comme il s’en retournait à la maison, il rejoignit Marie qu’il croyait accompagnée de son Fils, et il s’aperçut que Jésus n’était pas avec elle. Ainsi pendant trois jours, Joseph ne fit autre chose que s’affliger en se voyant éloigné de Jésus, l’unique amour de son cœur. Mais ce qui l’af­fligeait le plus, c’était la crainte que Jésus ne l’eût quitté pour quelque déplaisir qu’il lui aurait causé, et qu’il ne l’estimât plus digne de conserver un si grand trésor. Il fut ensuite bien consolé en apprenant de Jésus lui-même qu’il était demeuré dans le temple pour s’oc­cuper de la gloire de son Père.

Depuis ce temps, Joseph continua de don­ner ses soins à Jésus jusqu’à sa mort ; et alors il eut le bonheur de terminer sa vie entre les bras de Marie et de Jésus, qui l’assistèrent à ce dernier moment. Aussi, saint François de Sales dit-il qu’il faut tenir pour certain que Joseph mourut d’amour, comme la très sainte Vierge son épouse. » (Œuvres spirituelles)

Prions saint Joseph

1 dizaine du chapelet (Notre Père… 10 Je vous salue Marie… Gloire au Père…)

O mon Jésus pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer ; conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde.

Je vous salue, Joseph, vous que la grâce divine a comblé, le Sauveur a reposé dans vos bras et grandi sous vos yeux, vous êtes béni entre tous les hommes, et Jésus, l’Enfant divin de votre virginale épouse est béni. 

Saint Joseph, donné pour père au Fils de Dieu, priez pour nous dans nos soucis de famille, de santé et de travail, jusqu’à nos derniers jours, et daignez nous secourir à l’heure de notre mort. Amen.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

Saint Jean Eudes

Il est contemporain de saint Vincent de Paul et sa vocation s’explique en grande partie par la situation religieuse de la France à son époque. Le peuple, écrit-il, « avait remplacé la foi par la sorcellerie et la superstition » ; les puissants « donnaient l’exemple de tous les vices » ; les prêtres étaient « ignorants et souvent corrompus, abandonnant leur troupeau dès qu’apparaissaient la peste ou une épidémie. » Pour y remédier, s’appuyant sur ses dons évidents pour la prédication, il organise des « missions paroissiales », en Bretagne, en Normandie, en Bourgogne et jusqu’à la cour du roi Louis XIV. Il fonde pour cela, à Caen, « la Congrégation de Jésus et de Marie » (les pères eudistes). En 1642, il crée également « l’Institut Notre-Dame de charité » dont les religieuses se consacrent, entre autres ministères, à la réhabilitation des femmes prostituées. Son action s’appuie sur la compassion du Cœur de Marie et la miséricorde du Cœur de Jésus. Ayant renoncé à la charge de premier supérieur général de sa congrégation, il s’éteint à Caen en 1680, à l’âge de soixante-dix-neuf ans. Il a été canonisé le 31 mai 1925.

Son enseignement sur saint Joseph

« Que vos démarches sont belles, dit le Saint-Esprit, ô Fille du grand Prince du ciel ! Que toutes vos démarches sont belles et ravissantes ! O les belles et saintes démarches que vous avez faites, dès l’âge de trois ans, pour aller vous offrir et vous consacrer à Dieu dans le temple de Jérusalem ! O les belles et charitables démarches que vous avez faites, allant visiter votre cousine Elisabeth pour sanctifier l’enfant qu’elle portait dans son sein, et pour remplir son père et sa mère du Saint-Esprit ! O les belles et divines démarches que vous ayez faites de Nazareth à Bethléem pour nous faire naitre un Rédempteur ! O les belles et sacrées démarches que vous avez faites de Bethléem à Jérusalem pour offrir à Dieu votre divin Enfant comme une très sainte Victime qui devait être un jour immolée sur la croix pour nos péchés, les belles et saintes démarches, lorsque, retournant de Jérusalem à Nazareth, et allant de Nazareth en Egypte, et revenant d’Egypte à Na­zareth, vous portiez entre vos bras et sur votre sein virginal votre adorable Jésus, qui vous por­tait aussi dans le plus intime de son cœur ! Oh avec quelle complaisance le Père Eternel rendait-il à ces trois merveilleuses personnes, Jésus, Marie et Joseph, qui lui rendaient infiniment plus de gloire que tous les habitants du ciel et toutes les créatures de l’univers ! avec quelle vénération et quelle admiration les anges contemplaient-ils cette admirable tri­nité, Jésus, Marie et Joseph ! 0 saint Joseph, n’étiez-vous pas dans une extase continuelle ! 0 Mère de mon Dieu, qui me donnera que je baise, quoique très-indigne, la terre sur la­quelle vous avez marché et tous les pas que vous avez faits ! 0 les belles et agréables dé­marches que vous avez faites, Mère de Jésus, suivant votre Fils bien-aimé partout où il allait prêcher son saint Evangile ! O les belles quoi­que douloureuses démarches que vous avez faites, lorsque vous l’avez suivi allant au Cal­vaire, à la croix, à la mort ! O les belles et joyeuses démarches que vous avez faites, allant sur la montagne des Oliviers pour voir la gloire et le transport de votre très-cher Fils lorsqu’il est monté au ciel ! O les belles et pieuses dé­marches que vous avez faites, lorsqu’après son Ascension vous alliez souvent visiter les saints lieux où il avait répandu son sang et souffert tant de tourments pour notre amour, afin de l’en remercier et de le prier pour son Eglise naissante, pour tous les pécheurs et même pour ceux qui l’avaient crucifié ! Oh ! que tous les anges, que tous les saints et toutes les créatures louent et bénissent à jamais votre cœur maternel tant embrasé d’amour envers votre Fils, et tout plein de charité envers nous, qui vous a portée à faire toutes ces choses pour la gloire de ce même Fils, et pour coopérer avec lui à l’œuvre de notre rédemption ! »

(Le cœur admirable de la très-sainte Mère de Dieu, tome I, livre VI, chap. 1)

Prions saint Joseph

1 dizaine du chapelet (Notre Père… 10 Je vous salue Marie… Gloire au Père…)

O mon Jésus pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer ; conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde.

Je vous salue, Joseph, vous que la grâce divine a comblé, le Sauveur a reposé dans vos bras et grandi sous vos yeux, vous êtes béni entre tous les hommes, et Jésus, l’Enfant divin de votre virginale épouse est béni. 

Saint Joseph, donné pour père au Fils de Dieu, priez pour nous dans nos soucis de famille, de santé et de travail, jusqu’à nos derniers jours, et daignez nous secourir à l’heure de notre mort. Amen.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

Sainte Jeanne Françoise de Chantal

Jeanne-Françoise Frémyot, baronne de Chantal (23 janvier 1572 – 13 décembre 1641) a fondé, une fois veuve et dégagée de ses obligations familiales, l’ordre de la Visitation avec l’aide de saint François de Sales, ordre duquel est issu sainte Marguerite-Marie Alacoque, la voyante de Paray-le-Monial. Elle a été canonisée le 16 juillet 1767. Sainte Jeanne de Chantal, qui a eu six enfants est, entre autre, la grand-mère de la marquise de Sévigné au moins aussi célèbre qu’elle mais pas pour les mêmes raisons.

Son enseignement sur saint Joseph

« Etant si dévote à la sainte Vierge, elle l’était par une conséquence infaillible à son chaste époux saint Joseph ; aussi, avons-nous trouvé en écrit que, lorsqu’elle en parlait à notre bienheureux Père, elle disait : « ce cher Saint que notre cœur aime. » Cette bien­heureuse mère entra et nous fit entrer dans l’association de saint Joseph, et avait grand soin que les seconds dimanches du mois, l’on fit la sainte communion et la procession à l’honneur de saint Joseph ; elle avait une pe­tite image de Jésus, Marie, Joseph, qu’elle portait en ses règles ; nous la montrant une fois, elle dit : « tous les jours, lorsque je com­mence notre lecture, je baise les pieds à Jésus, Marie, Joseph. »

Elle allait tous les jours sans y manquer, prier devant le tableau de saint Joseph, qui est au-dessus de l’autel du chapitre ; la veille du jour qu’elle partit pour aller en Piémont, en l’année 1638, une sœur alla l’attendre au chapitre, et la pria de lui dire quelles prières elle faisait tous les jours devant ce ta­bleau, afin que, pendant son absence, elle les vint faire tous les jours en sa place ; cette sainte en témoigna grande joie, et lui dit : « Ma fille, je vous en prie, venez-y pour moi ; j’y vis un Laudate Dominum, omnes gentes, un Ave Maria et un Gloria Patri, pour rendre grâce à la Trinité éternelle de toutes les grandeurs, grâces et privilèges qui ont été donnés à la trinité terrestre, non que je fasse tous les jours des actes nouveaux, mais je les ai faits une fois pour toutes, faites-en ainsi. »

La dernière fois que cette bienheureuse mère vint à notre monastère de Thonon, elle pria une sœur de lui donner la copie d’un can­tique qui avait été composé en l’honneur de saint Joseph, et qu’elle le lui apportât lorsqu’elle monterait en litière, ce que la sœur fit, et cette bienheureuse lui dit agréablement : « grand merci » ajoutant « qu’elle avait envie de faire son voyage avec ce grand Saint. » Elle dit une fois qu’elle avait envie de prier, dans sa lettre commune qu’elle désirait faire et qu’elle n’a pas faite, toutes les supérieures de procurer que chacune de leurs filles eût une image de Jésus, Marie, Joseph, et une de notre bienheureux Père, pour la porter toujours sur elles ; « car, disait-elle, il me semble qu’il « fait si grand bien d’avoir toujours ses bons amis avec soi. »

Une fois, approchant d’un des petits autels des oratoires de la maison, et y voyant une image de saint Joseph tenant le petit Jésus, elle fit encore apporter une image de la sainte Vierge, et dit : « Quand Jésus, Marie et Joseph ne sont pas sur un autel, je n’y trouve pas tout ce que je cherche. »

Quelques-unes de nos sœurs les supérieures ayant écrit à notre bienheureuse mère pour lui demander si elles pouvaient prêter leur église aux associés de Saint-Joseph, pour y prêcher tous les seconds dimanches du mois, et y faire les fonctions de la confrérie ; elle répondit « que oui, et qu’elles devaient tenir à grand honneur et faveur que leur église fût choisie pour honorer celui que Dieu avait tant honoré ; mais qu’elles priassent les prieurs et prieures de l’association de prendre leur temps, en sorte que tant qu’il se pourrait, l’on dit l’office à l’heure ordonnée par la constitution. »

D’ordinaire lorsque l’on parlait de la dévo­tion à la sainte Vierge, à saint Joseph et aux saints, notre bienheureuse mère nous instrui­sait que la dévotion qui leur était le plus agréable, c’était l’imitation, et que la sainte Vierge et les saints avaient plus agréable que l’on fit à leur imitation un acte d’humilité, de support du prochain, d’oubli et renonce­ment de soi-même, que de leur faire de grandes prières vocales. » (Vie, par la mère de Chaugy, IIIème partie, chapitre XI)

Prions saint Joseph

1 dizaine du chapelet (Notre Père… 10 Je vous salue Marie… Gloire au Père…)

O mon Jésus pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer ; conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde.

Je vous salue, Joseph, vous que la grâce divine a comblé, le Sauveur a reposé dans vos bras et grandi sous vos yeux, vous êtes béni entre tous les hommes, et Jésus, l’Enfant divin de votre virginale épouse est béni. 

Saint Joseph, donné pour père au Fils de Dieu, priez pour nous dans nos soucis de famille, de santé et de travail, jusqu’à nos derniers jours, et daignez nous secourir à l’heure de notre mort. Amen.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

Saint François de Sales III

Son enseignement sur saint Joseph

« On ne peut quasi pas bonnement douter que le grand saint Joseph ne fût trépassé avant la passion et mort du Sauveur, qui sans cela n’eût pas recommandé sa mère à saint Jean. Et comment pourrait-on donc imaginer que le cher enfant de son cœur, son nourrisson bien-aimé, ne l’assistât à l’heure de son passage ? Bienheureux sont les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Hélas ! Combien de douceur, de charité et de miséricorde furent exercées par ce bon père nourricier envers le Sauveur, lorsqu’il naquit petit enfant au monde. Et qui pourrait donc croire que sortant de ce monde, ce divin Fils ne lui rendit la pareille au centuple, le comblant de sua­vités célestes ? Quand le Sauveur était encore petit, le grand Joseph, son père nourricier, et la très glorieuse Vierge sa Mère l’avaient porté maintes fois, et spécialement au passage qu’ils firent de Judée en Egypte et d’Egypte en Judée. Hé ! qui doutera donc que ce saint père, par­venu à la fin de ses jours, n’ait réciproquement été porté par son divin nourrisson, au passage de ce monde en l’autre, dans le sein d’A­braham, pour de là le transporter dans le sien à la gloire, le jour de son ascension ? Un saint qui avait tant aimé dans sa vie ne pouvait mourir que d’amour, car son âme ne pouvant à souhait aimer son cher Jésus entre les dis­tractions de cette vie, et ayant achevé le ser­vice qui était requis au bas âge d’icelui, que restait-il, sinon qu’il dit au Père éternel : « 0 Père, j’ai accompli l’œuvre que vous m’aviez donnée en charge » ; et puis au Fils : « 0 mon Enfant, comme votre Père céleste remit votre corps entre mes mains au jour de votre venue en ce monde, ainsi en ce jour de mon départ de ce monde, je remets mon esprit entre les vôtres. » Telle, comme je pense, fut la mort de ce grand patriarche, homme choisi pour faire les plus tendres et amoureux offices qui furent ni seront jamais faits en l’endroit du Fils de Dieu, après ceux qui furent pratiqués par sa céleste épouse, vraie mère naturelle de ce même Fils, de laquelle il est impossible d’imaginer qu’elle soit morte d’autre sorte de mort que de celle d’amour ; mort la plus noble de toutes, et, par conséquent à la plus noble vie qui fut jamais entre les créatures ; mort de laquelle les anges mêmes désireraient de mourir, s’ils étaient capables de mort. »

(Entretien XIXème sur les vertus de saint Joseph)

Prions saint Joseph

1 dizaine du chapelet (Notre Père… 10 Je vous salue Marie… Gloire au Père…)

O mon Jésus pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer ; conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde.

Je vous salue, Joseph, vous que la grâce divine a comblé, le Sauveur a reposé dans vos bras et grandi sous vos yeux, vous êtes béni entre tous les hommes, et Jésus, l’Enfant divin de votre virginale épouse est béni. 

Saint Joseph, donné pour père au Fils de Dieu, priez pour nous dans nos soucis de famille, de santé et de travail, jusqu’à nos derniers jours, et daignez nous secourir à l’heure de notre mort. Amen.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

Saint François de Sales III

Son enseignement sur saint Joseph

« Mais que de belles vertus à admirer encore en saint Joseph ! Car il fut toujours fort vaillant, constant et persévérant. Il y a beaucoup de diffé­rence entre la constance et la persévérance, la force et la vaillance. Nous appelons un homme constant, lequel se tient ferme et préparé à souffrir les assauts de ses ennemis, sans s’éton­ner ni perdre courage durant le combat ; mais la persévérance regarde principalement un cer­tain ennui intérieur qui nous arrive en la longueur de nos peines, qui est un ennemi aussi puissant que l’on en puisse rencontrer. Or, la persévérance fait que l’homme méprise cet ennemi, en telle sorte qu’il en demeure victorieux par une continuelle égalité et sou­mission à la volonté de Dieu. La force, c’est ce qui fait que l’homme résiste puissamment aux attaques de ses ennemis ; mais la vaillance est une vertu qui fait que l’on ne se tient pas seulement prêt pour combattre, ni pour ré­sister quand l’occasion s’en présente, mais que l’on attaque l’ennemi à l’heure même qu’il ne dit mot. Or, notre glorieux saint Joseph fut doué de toutes ces vertus, et les exerça merveilleusement bien. Pour ce qui est de sa cons­tance, combien, je vous prie, la fit-il paraitre, lorsque voyant Notre-Dame enceinte, et ne sachant point comment cela se pouvait faire (mon Dieu ! quelle détresse ! quel ennui ! quelle peine d’esprit n’avait-il pas !) ; néanmoins, il ne se plaint point, il n’en est point plus rude, ni plus malgracieux envers son épouse, il ne la maltraite point pour cela, demeurant aussi doux et aussi respectueux en­vers elle que de coutume. Mais quelle vail­lance et quelle force ne témoigne pas la victoire qu’il remporta sur les deux plus grands enne­mis de l’homme, le diable et le monde ? Et cela par la pratique exacte d’une très parfaite hu­milité, comme nous avons remarqué en tout le cours de sa vie. Le diable est tellement ennemi de l’humilité, parce que manque de l’avoir il fut déchassé du ciel et précipité aux en­fers, qu’il n’y a invention ni artifice duquel il ne se serve pour faire déchoir l’homme de cette vertu, et d’autant plus qu’il sait que c’est une vertu qui le rend infiniment agréable à Dieu ; si que nous pouvons bien dire : Vaillant et fort est l’homme qui, comme saint Joseph, persévère dans l’humilité, parce qu’il de­meure tout ensemble vainqueur du diable et du monde, qui est rempli d’ambition, de va­nité et d’orgueil.

Quant à la persévérance, contraire à cet en­nemi intérieur, qui est l’ennui qui nous sur­vient en la continuation des choses abjectes, humiliantes, pénibles, des mauvaises fortunes, s’il faut ainsi dire, ou dans les divers accidents qui nous arrivent ; ô combien ce saint fut éprouvé de Dieu et des hommes mêmes en son voyage ! L’ange lui commande de partir promp­tement, et de mener Notre-Dame et son Fils très cher en Egypte ; le voilà que soudain il part sans dire mot : il ne s’enquiert pas, où irai-je ? Quel chemin tiendrai-je ? De quoi nous nourrirons-nous ? Qui nous recevra ? Il part d’aventure avec ses outils sur son dos, afin de gagner sa pauvre vie et celle de sa famille à la sueur de son visage. 0 combien cet ennui dont nous parlons le devait presser, vu mêmement que l’ange ne lui avait point dit le temps qu’il y devait être ; si qu’il ne pouvait s’établir nulle demeure assurée, ne sachant quand l’ange lui commanderait de s’en retourner ! Si saint Paul a tant admiré l’obéissance d’Abraham, lorsque Dieu lui commanda de sortir de sa terre, d’au­tant que Dieu ne lui dit pas de quel côté il irait, et qu’Abraham se garda bien de lui de­mander : « Seigneur, vous me dites que je sorte ; mais dites-moi donc si ce sera par la porte du midi ou du côté de la bise ; mais il se mit en chemin, et allait selon que l’esprit de Dieu le conduisait. » Combien est admirable cette par­faite obéissance de saint Joseph ! Lange ne lui dit point jusques à quand il demeurerait en Egypte, et il ne s’en enquiert pas ; il y demeura l’espace de cinq ans, comme la plupart croient, sans qu’il s’informât de son retour, s’assurant que celui qui avait commandé qu’il y allât, lui commanderait derechef quand il s’en faudrait retourner ; à quoi il était toujours prêt d’obéir. Il était en une terre non seulement étrangère, mais ennemie des Israélites ; d’autant que les Egyptiens se ressentaient encore de quoi ils les avaient quittés, et avaient été cause qu’une grande partie des Egyptiens avait été submer­gée lorsqu’ils les poursuivaient. Je vous laisse à penser quel désir devait avoir saint Joseph de s’en retourner, à cause des continuelles craintes qu’il pouvait avoir parmi les Egyp­tiens. L’ennui de ne savoir quand il en sorti­rait, devait, sans doute, grandement affliger et tourmenter son pauvre cœur ; néanmoins il demeure toujours lui-même, toujours doux, tranquille et persévérant en sa soumission au bon plaisir de Dieu, auquel il se laissait plei­nement conduire ; car comme il était juste, il avait toujours sa volonté ajustée, jointe et con­forme à celle de Dieu. Être juste n’est autre chose qu’être parfaitement uni à la volonté de Dieu, et y être toujours conforme en toutes sortes d’événements soit prospères, soit adver­ses. Que saint Joseph ait été en toutes occa­sions toujours parfaitement soumis à la divine volonté, nul n’en peut douter ; et ne le voyez‑vous pas ? Regardez comment l’ange le tourne à toutes mains ; il lui dit qu’il faut aller en Egypte, il y va ; il commande qu’il revienne, il s’en revient ; Dieu veut qu’il soit toujours pauvre, qui est une des plus puissantes épreuves qu’il nous puisse faire, et il s’y sou­met amoureusement, et non pas pour un temps, car ce fut toute sa vie ; mais de quelle pau­vreté ? D’une pauvreté méprisée, rejetée et nécessiteuse. La pauvreté volontaire dont les re­ligieux font profession est fort aimable, d’autant qu’elle n’empêche pas qu’ils ne reçoivent et prennent les choses nécessaires, défendant et les privant seulement des superfluités ; mais la pauvreté de saint Joseph, de Notre Seigneur et de Notre Dame n’était pas telle ; car encore qu’elle fût volontaire, d’autant qu’il l’aimait chèrement, elle ne laissait pas pourtant d’être abjecte, rejetée, méprisée et nécessiteuse gran­dement ; car chacun tenait ce grand Saint comme un pauvre charpentier, lequel sans doute ne pouvait pas tant faire, qu’il ne leur manquât plusieurs choses nécessaires, bien qu’il se peinât avec une affection non pareille pour l’entretien de toute sa petite famille, après quoi il se soumettait très humblement à la vo­lonté de Dieu en la continuation de sa pau­vreté et de son abjection, sans se laisser aucu­nement vaincre ni terrasser par l’ennui intérieur, lequel sans doute lui faisait maintes attaques. Mais il demeurait toujours constant en la soumission, laquelle (comme toutes ses autres vertus) allait continuellement croissant et se perfectionnant ; ainsi que de Notre Dame, laquelle gagnait chaque jour un surcroît de vertus et de perfection qu’elle prenait en son Fils très saint ; lequel ne pouvant croître en aucune chose, d’autant qu’il fut dès l’instant de sa conception tel qu’il est et sera éternelle­ment, faisait que la sainte famille en laquelle il était, allait toujours croissant et avançant en perfection, Notre Dame tirant sa perfection de sa divine bonté, et saint Joseph la recevant (comme nous l’avons déjà dit) par l’entremise de Notre Dame.

Que nous reste-t-il plus à dire maintenant, sinon que nous ne devons nullement douter que ce glorieux Saint n’ait beaucoup de crédit dans le ciel, auprès de Celui qui l’a tant favo­risé que de l’y élever en corps et en âme ; ce qui est d’autant plus probable que nous n’en avons nulle relique ici-bas sur la terre ; et il me semble que nul ne peut douter de cette vé­rité : car comment eût pu refuser cette grâce à saint Joseph Celui qui lui avait été si obéissant tout le temps de sa vie ? Sans doute que lors­que Notre Seigneur descendit aux limbes, saint Joseph lui parla de la sorte : « Seigneur, ressouvenez-vous, s’il vous plaît, que quand vous vîntes du ciel en terre, je vous reçus en ma maison, en ma famille, et que dès que vous fûtes né, je vous reçus entre mes bras : maintenant que vous devez aller au ciel, conduisez-moi avec vous : je vous reçus en ma famille, recevez-moi maintenant en la vôtre, puisque vous y allez ; je vous ai porté entre mes bras, maintenant prenez-moi sur les vôtres ; et comme j’ai eu soin de vous nourrir et conduire durant le cours de votre vie mortelle, prenez soin de moi et de me con­duire en la vie immortelle. » Et s’il est vrai, ce que nous devons croire, qu’en vertu du très saint sacrement que nous recevons, nos corps ressusciteront au jour du jugement, comment pourrions-nous douter que Notre Seigneur ne fit monter avec lui au ciel, en corps et en âme, le glorieux saint Joseph, qui avait eu l’honneur et la grâce de le porter si souvent entre ses bénis bras : bras auxquels Notre Seigneur se plaisait tant. 0 combien de baisers lui donnait-il fort tendrement de sa bénite bouche pour récompenser en quelque façon son travail ! Saint Joseph donc est au ciel en corps et en âme ; c’est sans doute. 0 combien serons-nous heureux si nous pouvons mériter d’avoir part en ses saintes intercessions ! car rien ne lui sera refusé, ni de Notre-Dame ni de son Fils glorieux : il nous obtiendra, si nous avons confiance en lui, un saint accrois­sement en toutes sortes de vertus ; mais spécialement en celles que nous avons trouvé qu’il avait en plus haut degré que toutes autres, qui sont la très sainte pureté de corps et d’esprit, la très aimable vertu d’humilité, la constance, vaillance et persévérance ; vertus qui nous rendront victorieux en cette vie de nos enne­mis, et qui nous feront mériter la grâce d’aller jouir, en la vie éternelle, des récompenses qui sont préparées à ceux qui imiteront l’exemple que saint Joseph leur a donné étant en cette vie ; récompense qui ne sera rien moins que la félicité éternelle, en laquelle nous jouirons de la claire vision du Père, du Fils et du Saint­-Esprit. Dieu soit béni. »

(Entretien XIXème sur les vertus de saint Joseph)

Prions saint Joseph

1 dizaine du chapelet (Notre Père… 10 Je vous salue Marie… Gloire au Père…)

O mon Jésus pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer ; conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde.

Je vous salue, Joseph, vous que la grâce divine a comblé, le Sauveur a reposé dans vos bras et grandi sous vos yeux, vous êtes béni entre tous les hommes, et Jésus, l’Enfant divin de votre virginale épouse est béni. 

Saint Joseph, donné pour père au Fils de Dieu, priez pour nous dans nos soucis de famille, de santé et de travail, jusqu’à nos derniers jours, et daignez nous secourir à l’heure de notre mort. Amen.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

Saint François de Sales II

Son enseignement sur saint Joseph

« Passons à la seconde vertu qui brille en saint Joseph : je veux dire la très sainte hu­milité.

0 combien ce grand saint fut admirable en cette vertu, il ne se peut dire selon sa perfec­tion ; car, nonobstant ce qu’il était, en quelle pauvreté et en quelle abjection ne vécut-il pas tout le temps de sa vie ! Pauvreté et abjection sous laquelle il tenait cachées et couvertes ses grandes vertus et dignités ; mais quelles digni­tés, mon Dieu d’être gouverneur de Notre-Sei­gneur ! Et non-seulement cela, mais être encore son père putatif ! Mais être époux de sa très sainte Mère ! 0 vraiment, je ne doute nullement que les anges, ravis d’admiration, ne vinssent troupes à troupes le considérer et admirer son humilité lorsqu’il tenait ce cher Enfant dans sa pauvre boutique, où il travail­lait de son métier pour nourrir et le Fils et la Mère qui lui étaient commis. Certes, il n’y a point l’ombre de doute que saint Joseph ne fût plus vaillant que David et n’eût plus de sagesse que Salomon ; néanmoins, le voyant réduit en l’exercice de la charpenterie, qui eût pu juger cela s’il n’eût été éclairé de la lu­mière céleste, tant il tenait resserrés tous les dons signalés dont Dieu l’avait gratifié ? Mais quelle sagesse n’avait-il pas, puisque Dieu lui donnait en charge son Fils très glorieux, et qu’il était choisi pour être son gouverneur ? Si les princes de la terre ont tant de soin (comme étant chose très importante) de don­ner un gouverneur qui soit des plus capables à leurs enfants, puisque Dieu pouvait faire que le gouverneur de son Fils fût l’homme le plus accompli du monde en toute sorte de perfections, selon la dignité et excellence de la chose gouvernée, qui était son Fils très glo­rieux, prince universel du ciel et de la terre, comment se pourrait-il faire que, l’ayant pu, il ne l’ait voulu et ne l’ait fait ? Il n’y a donc nul doute que saint Joseph n’ait été doué de toutes les grâces et de tous les dons que méri­tait la charge que le Père éternel lui voulait donner de l’économie temporelle et domestique de Notre-Seigneur, et de la conduite de sa fa­mille, qui n’était composée que de trois, qui nous représentent le mystère de la très sainte et très adorable Trinité. Non qu’il y ait de la comparaison, sinon en ce qui regarde Notre-Seigneur, qui est l’une des personnes de la très sainte Trinité, car, quant aux autres, ce sont des créatures ; mais pourtant nous pou­vons dire ainsi que c’est une trinité en terre, qui représente en quelque façon la très sainte Trinité : Marie, Jésus et Joseph ; Joseph, Jésus et Marie, trinité merveilleusement recomman­dable et digne d’être honorée.

Vous entendez donc combien la dignité de saint Joseph était relevée, et de combien il était rempli de toutes sortes de vertus ; néan­moins vous voyez d’ailleurs combien il était rabaissé et humilié plus qu’il ne se peut dire ni imaginer. Ce seul exemple suffit pour le bien entendre. Il s’en va en son pays et en sa ville de Bethléem, et nul n’est rejeté de tous les logis que lui (au moins que l’on sache) ; si qu’il fut contraint de se retirer, et de conduire sa chaste épouse dans une étable, parmi les bœufs et les ânes. 0 ! En quelle extrémité était réduite son abjection et son humilité ! Son humilité fut la cause (ainsi que l’explique saint Bernard) qu’il voulut quitter Notre Dame quand il la vit enceinte ; car saint Bernard dit qu’il fit ce discours en soi-même : « Et qu’est ceci ? Je sais qu’elle est vierge ; car nous avons fait un vœu par ensemble de garder notre virginité et pureté, à quoi elle ne voudrait aucunement manquer ; d’ailleurs je vois qu’elle est enceinte et qu’elle est mère. Comment se peut faire que la maternité se trouve en la virginité, et que la virginité n’empêche point la maternité ? 0 Dieu ! dit-il en soi-même, ne serait-ce point peut-être cette glorieuse Vierge dont les pro­phètes assurent qu’elle concevra et sera mère du Messie ? 0 ! Si cela est, à Dieu ne plaise que je demeure avec elle, moi qui en suis si indigne ! Mieux vaut que je l’abandonne secrète­ment à cause de mon indignité, et que je n’habite point davantage en sa compagnie. Sentiment d’une humilité admirable, et la­quelle fit écrier saint Pierre dans la nacelle où il était avec Notre-Seigneur, lorsqu’il vit sa toute-puissance manifestée en la grande prise qu’il fit de poisson, au seul commandement qu’il leur avait fait de jeter les filets dans la mer : 0 Seigneur ! dit-il, tout transporté d’un semblable sentiment d’humilité que saint Joseph, retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur, et partant ne suis pas digne d’être avec toi ! Je sais bien, voulait-il dire, que si je me jette en la mer, je périrai ; mais toi qui es tout-puissant, marcheras sur les eaux sans danger ; c’est pourquoi je te supplie de te reti­rer de moi, et non pas que je me retire de toi. Mais si saint Joseph était soigneux de tenir resserrées ses vertus sous l’abri de la très sainte humilité, il avait un soin très particu­lier de cacher la précieuse perle de sa virginité ; c’est pourquoi il consentit d’être marié, afin, que personne ne le pût connaître, et que des­sous le saint voile du mariage il pût vivre plus à couvert. Sur quoi les vierges et celles ou ceux qui veulent vivre chastement, sont enseignés qu’il ne leur suffit pas d’être vierges s’ils ne sont humbles, et s’ils ne resserrent leur pureté dans la boîte précieuse de l’humi­lité ; car autrement il leur arrivera tout ainsi qu’aux vierges folles, lesquelles, faute d’hu­milité et de charité miséricordieuse, furent rechassées des noces de l’Epoux, et partant furent contraintes d’aller aux noces du monde, où l’on n’observe pas le conseil de l’Epoux céleste, qui dit qu’il faut être humble pour entrer aux noces ; je veux dire qu’il faut prati­quer l’humilité : car, dit-il, allant aux noces, ou étant invité aux noces, prenez la dernière place. En quoi nous voyons combien l’humi­lité est nécessaire pour la conservation de la virginité, puisque indubitablement aucun ne sera du céleste banquet et du festin nuptial que Dieu prépare aux vierges en la céleste demeure, sinon en tant qu’il sera accompagné de cette vertu. L’on ne tient pas les choses précieuses, surtout les onguents odoriférants, en l’air ; car, outre que ces odeurs viendraient à s’exhaler, les mouches les gâteraient et feraient perdre leur prix et leur valeur. De même les âmes justes, craignant de perdre le prix et la valeur de leurs bonnes œuvres, les resserrent ordi­nairement dans une boîte, mais non dans une boite commune, non plus que les onguents précieux, mais dans une boîte d’albâtre (telle que celle que sainte Madeleine répandit ou vida sur le chef sacré de Notre-Seigneur, lorsqu’il la rétablit en la virginité non essentielle, mais réparée, laquelle est quelquefois plus excel­lente, étant acquise et rétablie par la pénitence, que celle qui, n’ayant point reçu d’atteinte, est accompagnée de moins d’humilité). Cette boite d’albâtre est donc l’humilité ; dans laquelle nous devons, à l’imitation de Notre-Dame et de saint Joseph, resserrer nos vertus et tout ce qui nous peut faire estimer des hommes, nous contentant de plaire à Dieu, et demeu­rant sous le voile sacré de l’abjection de nous-mêmes, attendant, ainsi que nous avons dit, que Dieu venant pour nous retirer au lieu de sûreté qui est la gloire, fasse lui-même pa­raître nos vertus pour son honneur et gloire. Mais quelle plus parfaite humilité se peut imaginer que celle de saint Joseph (je laisse à part celle de Notre-Dame ; car nous avons déjà dit que saint Joseph recevait un grand accrois­sement en toutes les vertus par forme de réver­bération que celles de la très-sainte Vierge faisaient en lui) ? Il a une très grande part en ce trésor divin qu’il avait chez lui, qui est Notre Seigneur et notre Maitre ; et cependant il se tient si rabaissé et humilié, qu’il ne sem­ble point qu’il y ait de part ; et toutefois, il lui appartient plus qu’à nul autre, après la très sainte Vierge ; et nul n’en peut douter ; puisqu’il était de sa famille, et le Fils de son épouse qui lui appartenait.

J’ai accoutumé de dire que si une colombe (pour rendre la comparaison plus conforme à la pureté des saints dont je parle) portait en son bec une datte, laquelle elle laissât tomber dans un jardin, dirait-on pas que le palmier qui en viendrait appartient à celui à qui est le jardin ? Or, si cela est ainsi, qui pourra douter que le Saint-Esprit ayant laissé tomber cette divine datte, comme un divin colombeau, dans le jardin clos et fermé de la très sainte Vierge (jardin scellé et environné de toutes parts des haies du saint vœu de virginité et chasteté tout immaculée), lequel appartenait au glorieux saint Joseph, comme la femme ou l’épouse à l’époux, qui doutera, dis-je, ou qui pourra dire que ce divin palmier, qui porte des fruits qui nourrissent à l’immortalité, n’appartienne, en réalité, à ce grand saint Joseph, lequel pourtant ne s’en élève pas da­vantage, n’en devient point plus superbe, mais en devient toujours plus humble ? 0 Dieu ! Qu’il faisait bon voir la révérence et le res­pect avec lequel il traitait, tant avec la Mère qu’avec le Fils ! S’il avait bien voulu quitter la Mère, ne sachant encore tout à fait la grandeur de sa dignité, en quelle admiration et pro­fond anéantissement était-il par après, quand il se voyait être tant honoré, que Notre-Sei­gneur et Notre-Dame se rendissent obéissants à ses volontés, et ne fissent rien que par son commandement ?… »

(Entretien XIXème sur les vertus de saint Joseph)

Prions saint Joseph

1 dizaine du chapelet (Notre Père… 10 Je vous salue Marie… Gloire au Père…)

O mon Jésus pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer ; conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde.

Je vous salue, Joseph, vous que la grâce divine a comblé, le Sauveur a reposé dans vos bras et grandi sous vos yeux, vous êtes béni entre tous les hommes, et Jésus, l’Enfant divin de votre virginale épouse est béni. 

Saint Joseph, donné pour père au Fils de Dieu, priez pour nous dans nos soucis de famille, de santé et de travail, jusqu’à nos derniers jours, et daignez nous secourir à l’heure de notre mort. Amen.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

Saint François de Sales

Issu d’une famille noble, François de Sales, né le 21 août 1567 en Savoie, choisit de renoncer à tous ses titres de noblesse pour se faire prêtre. Il devient l’un des théologiens les plus considérés de son temps. Evêque de Genève, il fonde avec la baronne Jeanne de Chantal, l’ordre de la Visitation. Il exerce une influence marquante au sein de l’Eglise ainsi qu’auprès des puissants notamment les rois Henri IV et Louis XIII.

Canonisé en 1665 et proclamé docteur de l’Eglise en 1877 par le bienheureux pape Pie IX, il laisse une œuvre importante qui témoigne de sa vision de la vie. Il est le patron des journalistes et des écrivains en raison de son recours à l’imprimerie. Ses publications comptent parmi les tout premiers journaux catholiques au monde.

Son enseignement sur saint Joseph

« Dieu ayant destiné de toute éternité en sa divine providence qu’une vierge concevrait un fils qui serait Dieu et homme tout ensemble, voulut néanmoins que cette vierge fût mariée. Mais, ô Dieu ! pour quelle raison, disent les saints docteurs, ordonna-t-il deux choses si différentes, être vierge et mariée tout ensem­ble ? La plupart des Pères disent que ce fut pour empêcher que Notre-Dame fût calomniée des Juifs, lesquels n’eussent point voulu exempter Notre-Dame de calomnie et d’oppro­bre ; et que, pour conserver cette pureté et cette virginité, il fut besoin que la divine provi­dence la commît à la charge et en la garde d’un homme qui fût vierge, et que cette Vierge con­çût et enfantât ce doux fruit de vie, Notre-Seigneur, sous l’ombre du saint mariage.

Oh ! Quelle divine union entre Notre-Dame et le glorieux saint Joseph ! union qui faisait que ce Bien des biens éternels, qui est Notre-Seigneur, fût et appartint à saint Joseph, ainsi qu’il appartenait à Notre-Dame : non selon la nature, qu’il avait prise dans les entrailles de notre glorieuse Maitresse, nature qui avait été formée par le Saint-Esprit du très pur sang de Notre-Dame ; mais selon la grâce, laquelle le rendait participant de tous les biens de sa chère épouse, et laquelle faisait qu’il allait merveilleusement croissant en perfection ; et c’est par la communication continuelle qu’il avait avec Notre-Dame, qui possédait toutes les vertus à un aussi haut degré, que nulle autre pure créature n’y saurait parvenir. Néan­moins, le glorieux saint Joseph était celui qui en approchait davantage. Et tout ainsi que l’on voit un miroir opposé aux rayons du so­leil recevoir ses rayons très parfaitement, et un autre miroir étant mis vis-à-vis de celui qui les reçoit, bien que le dernier miroir ne prenne ou reçoive les rayons du soleil que par la réverbération, les représente pourtant si naïvement que l’on ne pourrait presque pas juger lequel c’est qui le reçoit immédiatement du soleil, ou celui qui est opposé au soleil ou celui qui ne les reçoit que par réverbération ; de même en était-il de Notre-Dame, laquelle, comme un très pur miroir opposé aux rayons du Soleil de justice, rayons qui apportaient en son âme toutes les vertus en leur perfection, perfections et vertus qui faisaient une réverbération si parfaite en saint Joseph, qu’il sem­blait presque qu’il fût aussi parfait ou qu’il eût les vertus en un aussi haut degré comme les avait la glorieuse Vierge, notre Maitresse. Mais en particulier (pour nous tenir en notre propos commencé), en quel degré pensons-nous qu’il eût la virginité, qui est une vertu qui nous rend semblables aux anges, si la très-­sainte Vierge ne fut pas seulement « vierge toute pure et toute blanche » mais si elle était la virginité même ? Combien pensons-nous que celui qui fut commis de la part du Père éternel pour gardien de sa virginité, ou, pour mieux dire, pour compagnon, puisqu’elle n’a­vait pas besoin d’être gardée d’autres que d’elle-même, combien, dis-je, devait-il être grand en cette vertu ? Ils avaient fait vœu tous les deux de garder virginité tout le temps de leur vie, et voilà que Dieu veut qu’ils soient unis par les liens d’un saint mariage, non pas pour les faire dédire ni se repentir de leur vœu, mais pour les reconfirmer et se fortifier l’un l’autre de persévérer en leur sainte entreprise ; c’est pourquoi ils le firent encore de vivre virgina­lement ensemble tout le reste de leur vie.

Voici comment, au Cantique des cantiques, le divin Epoux parle de la pureté de la sainte Vierge : « Que ferons-nous à notre sœur, le jour où il faudra lui parler ? Si elle est un mur, faisons-lui des boulevards d’argent ; si elle est une porte, doublons-la et renforçons-la de bois de cèdre. » (Cantique 8, 8)

La très-glorieuse Vierge était une tour, et des murailles bien hautes dans l’enclos des­quelles l’ennemi ne pouvait nullement entrer, ni nulle sorte de désirs autres que de vivre en parfaite pureté et virginité : que lui ferons-nous donc ? Car elle doit être mariée, Celui qui lui a donné cette résolution de la virginité l’ayant ainsi ordonné. Si c’est une tour ou une muraille, établissons au-dessus des boulevards d’argent, qui, au lieu d’abattre la tour, la ren­forceront davantage. Qu’est-ce que le glorieux saint Joseph, sinon un fort boulevard qui a été établi au-dessus de Notre-Dame, puisqu’étant son épouse, elle lui était sujette et il avait soin d’elle ? Saint Joseph fut donc établi afin que la pureté de Notre-Dame pût plus admi­rablement persévérer en son intégrité sous le voile et l’ombre du saint mariage. Si la très-sainte Vierge est une porte (dit le Père éter­nel), nous ne voulons pas qu’elle soit ouverte, car c’est une porte orientale par laquelle nul ne peut entrer ni sortir ; au contraire, il la faut doubler et renforcer de bois incorruptible, c’est-à-dire lui donner un compagnon en sa pureté, qui est le grand saint Joseph, lequel devait pour cet effet surpasser tous les saints, les anges et les chérubins mêmes en cette vertu tant recommandable de la virginité. »

(Entretien XIXème sur les vertus de saint Joseph)

Prions saint Joseph

1 dizaine du chapelet (Notre Père… 10 Je vous salue Marie… Gloire au Père…)

O mon Jésus pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer ; conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde.

Je vous salue, Joseph, vous que la grâce divine a comblé, le Sauveur a reposé dans vos bras et grandi sous vos yeux, vous êtes béni entre tous les hommes, et Jésus, l’Enfant divin de votre virginale épouse est béni. 

Saint Joseph, donné pour père au Fils de Dieu, priez pour nous dans nos soucis de famille, de santé et de travail, jusqu’à nos derniers jours, et daignez nous secourir à l’heure de notre mort. Amen.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

Sainte Madeleine de Pazzi

La vision de Madeleine de Pazzi, Pedro de Moya

Marie-Madeleine de Pazzi, en religion sœur Marie-Madeleine, née le 2 avril 1566 à Florence et morte le 25 mai 1607 dans la même ville, est une carmélite de l’ancienne observance (ou carmélite chaussée), grande mystique, dont la spiritualité et les écrits ont profondément influencé la société de Florence du XVIIème siècle.

Béatifiée en 1626, elle est canonisée par le pape Clément IX le 22 avril 1699.

Son enseignement sur saint Joseph

Sainte Madeleine de Pazzi vit, dans une de ses extases, la gloire de saint Joseph, et elle s’exprime ainsi sur ce sujet : « O Dieu ! Quelle part le glorieux saint Joseph n’a-t-il pas eue au calice de la passion de Jé­sus par les services qu’il a rendus à son huma­nité ! La pureté de Joseph sert dans le paradis comme de pendant à la pureté de Marie. Dans cet échange de splendeurs qu’ils se renvoient mutuellement, la pureté de Joseph semble donner, pour ainsi dire, un nouvel éclat à celle de Marie. Joseph, uni à Jésus et à Marie, parait comme une étoile resplendissante ; il accorde une protection toute spéciale aux âmes qui combattent sous l’étendard de Marie. » (La dévotion à saint Joseph établie par les faits, Patrignani, livre III, chapitre I)

Prions saint Joseph

1 dizaine du chapelet (Notre Père… 10 Je vous salue Marie… Gloire au Père…)

O mon Jésus pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer ; conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde.

Je vous salue, Joseph, vous que la grâce divine a comblé, le Sauveur a reposé dans vos bras et grandi sous vos yeux, vous êtes béni entre tous les hommes, et Jésus, l’Enfant divin de votre virginale épouse est béni. 

Saint Joseph, donné pour père au Fils de Dieu, priez pour nous dans nos soucis de famille, de santé et de travail, jusqu’à nos derniers jours, et daignez nous secourir à l’heure de notre mort. Amen.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.