La pauvreté du mourant

Contemplons

Le bon Larron, Musée Schnütgen, Cologne

Méditons

Entrés en agonie, nous ressemblerons aux deux larrons dépouillés de tout et cloués sur la croix. Face à la mort, nous nous retrouverons comme eux, face à Jésus, le seul Sauveur, tenus à un choix ultime : croupir dans notre pauvreté ou nous emparer de ses trésors.

Face à la mort, nous sommes pauvres car tout seuls. Chaque larron est cloué sur sa propre croix. Leur famille n’est pas là ! Leurs amis non plus (en général les criminels n’en ont pas) ! Leurs complices non plus : Dismas et Gesmas ne leur sont plus d’aucune utilité ! Les biens qu’ils se sont mal acquis, qui leur valent leur condamnation, ne leur servent plus à rien et profiteront à d’autres qui ne leur seront pas reconnaissants pour autant ! Dismas et Gesmas n’ont plus rien, pas même un linge pour protéger leur pudeur ! Ils sont pauvres dans tous les sens du terme !

Leur sort est à l’image de ce que nous serons face à la mort. En effet, même si nous sommes entourés de notre famille, de nos amis, installés confortablement dans un lit douillé dans la meilleure des cliniques, nous serons seuls face à la mort qui frappe, et ressentiront douloureusement, comme les larrons, notre impuissance à lui échapper. Si, pendant toute notre vie, nous avons souvent louvoyé pour faire tourner les événements en notre faveur (et y sommes parfois parvenus !), la mort, quand elle se présente, est seule maitresse du jeu. Et nous aurons beau essayer de nous débattre comme Gesmas, elle remportera la dernière bataille.

Face à la mort, nous sommes pauvres comme les deux larrons car pas suffisamment préparés. Et, il aura fallu arriver cette heure pour nous en rendre compte. Souvent, au cours de notre vie, il nous est arrivé de penser qu’il faut songer à la mort, à changer certaines choses. Mais les soucis, les loisirs, les mondanités, l’impression fallacieuse que la mort est une échéance lointaine, ont étouffé dans l’œuf toutes ses bonnes intentions. Et voilà que le temps a passé sans que nous nous soyons préoccupés de nous préparer à cette échéance certaine.

Face à la mort, nous sommes pauvres, comme les deux larrons, car chargés du poids de tous nos péchés. En effet, la mort nous projette face au bilan de notre vie et, force est de constater qu’il n’est pas fameux. Que de temps gaspillé, que de mauvais choix ! Notre trésor personnel, ce sont nos bonnes œuvres mais, contrairement à ce qu’on croyait, il n’y en a pas tant que ça et elles n’étaient pas de franchement désintéressées.

Face à la mort, nous sommes comme les deux larrons, des pauvres placés face un immense trésor dans lequel il nous est permis de puiser sans compter. Pour cela, il nous suffit de tendre la main. Ce trésor, c’est Jésus qui sera là quand tous les autres seront partis. Il sera là, parce qu’il a toujours été là, sans que nous nous en soyons rendus compte, sans que nous ayons fait attention à lui. Il sera là parce que nous sommes pauvres et qu’il a compassion de nous. Il sera là pour ce que nous représentons à ses yeux : une immense fortune. Oui, nous lui avons coûté cher parce qu’il nous a rachetés avec son Sang. Il sera là parce que, même si nous en sommes indignes, lui est bon et miséricordieux, et que, pour cette raison, il veut nous ouvrir sa maison afin que nous y vivions éternellement dans l’opulence avec lui.

Comme les deux larrons, nous sommes entrés pauvres dans cette vie. Comme les deux larrons, nous la terminerons encore plus pauvres car chargés du poids de tous nos péchés. Cela dit, et là les deux larrons divergent, Gesmas, s’entête à croupir dans son indigence alors que Dismas, par un ultime (saint) larcin choisit de s’emparer des richesses du Ciel sans que sa victime, Jésus, ne proteste. En effet, quand Jésus voit que les mains de Dismas sont pleines, au lieu de lui dire « ça suffit maintenant, » il lui donne une corbeille pour qu’il puisse en prendre davantage. Eh oui ! Sa logique n’est pas la nôtre. Heureusement !

Prions

1 dizaine du chapelet (Notre Père… 10 Je vous salue Marie… Gloire au Père…)

O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer, conduisez au ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde. (Prière demandée par Notre-Dame de Fatima après chaque dizaine du chapelet.)

Saint Bon Larron, toi qui, malgré tes péchés passés fut assuré d’une entrée immédiate au Ciel par la gratuité de l’amour de Dieu, qui en un instant t’a transformé en un saint, demande, je t’en supplie, à Jésus mon Sauveur, de faire tomber sur moi ce même regard de miséricorde, qui fera plonger mes yeux dans les siens, pour en recevoir le pardon et la sainteté.

Aussi, envahi par le feu de l’amour divin consumant et transformant, je pourrai entendre à mon tour la promesse que Jésus t’a faite : « aujourd’hui même tu seras avec moi dans le paradis. » Amen.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

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