Le Portement de Croix

 

Jésus porte la croix, Titien

Méditons

Jésus porte la croix lourde de toutes nos fautes, depuis la chute originelle jusqu’à la fin des temps. C’est avec patience et persévérance qu’il porte cette charge qui est proche de l’écraser. Par son ardeur à vouloir aller jusqu’au bout du chemin, il nous renseigne sur l’importance de l’enjeu et la valeur qu’il accorde à chacune de nos âmes. A sainte Brigitte, Il dit à ce sujet : « l’âme est meilleure et plus digne que le monde entier, plus précieuse que tout l’univers ; elle est égale aux anges, et créée pour la gloire éternelle. Elle est faite à l’image et la ressemblance de Dieu… Cette âme, immortelle, éternelle, me plait plus que tout ce qu’il y a de plus désirable au monde. Elle est ma bien-aimée… S’il était possible que je meure autant de fois qu’il y a d’âmes en enfer, je souffrirais pour chacune d’elles comme j’ai souffert pour toutes ; mon corps serait encore disposé à souffrir toutes ces choses avec une franche volonté et un parfait amour. » Jésus a porté la croix pour tous mais aussi pour chacun d’entre nous en particulier. Chacun de nos visages lui était présent tout au long du chemin.

A l’imitation de Jésus, tous les Saints ont porté leur croix telle qu’elle s’est présentée à eux. Et, si en ce monde, il n’existe pas deux âmes identiques, il n’y a pas non plus deux mêmes croix, chacune étant proportionnée aux charismes, aux forces de chacun, aux nécessités du temps, aux besoins de l’Eglise. Si beaucoup de Saints ont été amenés à verser leur sang pour Jésus, la multitude de ceux qui, avec patience et persévérance, ont supporté les affres de la pauvreté, de la maladie, les contradictions, les persécutions de  leur conjoint, de leurs enfants, de leurs proches dans le silence et la résignation, ne sont pas moins de véritables témoins de l’Evangile. En canonisant saint Maximilien Kolbe, saint Jean-Paul II reprend une notion introduite par sainte Jeanne-Françoise de Chantal à savoir le martyre d’amour. Il désigne ainsi celui qui ne verse pas son sang pour la foi mais qui pousse les limites de l’amour du prochain au-delà de l’extrême. En effet, Maximilien Kolbe a accepté consciemment la mort, afin de l’éviter à un père de famille. Pendant deux semaines, il a été enfermé dans un cachot avec 9 autres prisonniers qu’on a laissé mourir de soif, de faim, afin de les mener à la folie et finalement de s’entretuer. Contre toute attente, il a fait régner le calme dans la cellule, en priant et en faisant prier. Comme unique survivant, les Nazis lui ont injecté du phénol et ont brûlé son cadavre. Maximilien n’a pas versé son sang mais quelle patience, quelle persévérance dans la charité, il lui a fallu pour accepter son sort dans l’amour du prochain. Souvenons-nous aussi de l’exemple de saint Jean-Paul II, de sa patience, de sa persévérance dans la maladie pour témoigner aux yeux du monde du respect dû à la vie depuis son commencement jusqu’à sa fin naturelle.

Lorsqu’on interroge nos contemporains sur la façon dont ils voudraient mourir, la plupart répondent qu’ils voudraient quitter ce monde dans leur sommeil. S’ils devaient être malades ou devenir une charge pour leur entourage, ils préfèreraient mourir. Et ce souhait est exprimé par la grande majorité, même parmi les chrétiens. Ce n’est pourtant pas l’exemple que Jésus nous a donné, ni même les Saints qui ont vaillamment supporté toutes les maladies, toutes les infirmités. Et si la plupart pensent que, malades, la vie ne vaut plus d’être vécue, les Saints nous démontrent le contraire. Leur gloire actuelle vient de ce qu’ils ont justement accepté la croix telle que Jésus la leur a présentée et qu’ils en ont fait, comme Jésus le leur a montré, leur échelle pour le Ciel. Bernadette Soubirous était trop souvent malade pour qu’on puisse lui donner un emploi dans son couvent de Nevers. Elle ne s’en plaignait jamais et disait : « je fais mon emploi de malade. » Et, ses consœurs ne s’y trompaient pas : elles sentaient bien que sœur Marie-Bernard, par sa patience dans la maladie, attirait sur leur couvent des trésors de grâces. Si, aux yeux du monde, les malades sont une charge, aux yeux de Dieu, et pour l’Eglise tout entière, ils sont une source intarissable de grâce car c’est Jésus qui en eux continue de sauver les âmes.

Au purgatoire se trouvent les âmes qui, pour la plupart, ont moins souffert en cette vie, ont été  bien moins malades, moins éprouvées que les Saints. On y retrouve aussi, celles qui n’ont cessé de traîner ou de raboter leur petites croix, n’ont cessé de se plaindre qu’elle est trop lourde, qui ont voulu la faire porter aux autres : un malade qui n’accepte pas la croix de la maladie, le fait forcément payer à son entourage… Aujourd’hui, elles se rendent compte de toutes les grâces dont elles se sont privées, en rejetant la croix. Aujourd’hui, elles comprennent ce qu’elles n’ont pas compris durant leur vie : les souffrances nous rapprochent de Dieu et, portées en union avec Jésus, elles engendrent la grâce en ce monde et la gloire dans l’autre.

Il n’est facile pour personne de porter sa croix et, dans notre toute faiblesse, notre lâcheté, nous cherchons souvent à lui échapper. Lorsque nous sommes découragés, regardons vers Marie qui se tient le long de tous les chemins de croix pour nous soutenir. Remémorons-nous l’exemple de toute la multitude des Saints qui ont porté leur croix avant nous et qui en sont récompensés aujourd’hui. Pensons à toutes ces pauvres âmes qui sont passées à côté de tant de grâces et doivent rattraper ce qu’elles ont manqué. Prions pour elles. Quand elles seront arrivées au Ciel, elles intercèderont auprès du Dieu de miséricorde pour nous obtenir un surcroit de foi, de patience et de persévérance.

Prions

1 dizaine du chapelet (Notre Père… 10 Je vous salue Marie… Gloire au Père…)

O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés. Préservez-nous du feu de l’enfer. Conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde (Prière demandée par Notre-Dame de Fatima après chaque dizaine du chapelet).

O saints patriarches et prophètes ! Offrez pour moi à l’adorable Trinité, le désir que vous avez eu de l’Incarnation de Jésus et faites que j’aspire ardemment après Lui que vous avez désiré et si longtemps attendu.

O saints apôtres ! Offrez pour moi à l’adorable Trinité, la fidélité et la persévérance avec laquelle vous avez prêché l’Evangile de par le monde, pour former à Jésus un peuple fidèle. Faites que j’aime toujours davantage Celui que vous-même avez aimé de tout votre cœur.

O saints martyrs ! Je vous en conjure, offrez pour moi à l’adorable Trinité, la patience avec laquelle vous avez supporté votre martyre. Obtenez-moi que je me dépense sans compter au service de Jésus pour l’amour duquel vous avez livré votre corps à la mort.

O saints confesseurs ! Je vous en supplie, offrez pour moi à l’adorable Trinité, la sainteté héroïque en laquelle vous avez montré aux autres la voie de la vie. Faites que je m’élève au sommet de la perfection pour l’amour de Jésus  pour qui vous avez tout abandonné.

O saintes vierges ! Offrez pour moi, je vous en conjure, à l’adorable Trinité, votre pureté et votre intégrité qui vous ont mérité d’être les plus rapprochées de Dieu. Faites que je triomphe dans la chasteté de l’esprit et du corps, et en toutes choses pour l’amour de Jésus à qui vous avez consacré votre virginité.

Et Vous, Seigneur ! Précédez l’assemblée de vos saints et faites pour moi l’offrande à Dieu le Père de toute votre très sainte et parfaite vie sur terre avec le fruit de votre Passion en réparation de tous mes péchés et omissions, en sorte que par Vous, tout ce qui est de moi, reçoive son supplément et sa perfection. Amen (Jésus à sainte Mechtilde : «  Prie ainsi chacun des groupes de mes saints afin qu’ils offrent pour toi leurs mérites »).

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel et que la lumière sans fin brille sur elles.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

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