Saint Bernardin de Sienne II

« La seconde grâce que Dieu accorda à saint Joseph fut celle que demandait son titre de père nourricier du Sauveur, et le privilège de vivre dans sa société. Ce fut avec une libéralité toute divine que le Très-Haut répandit cette grâce dans son âme. Joseph la révéla au dehors par la pureté surangélique avec laquelle il traita la personne de l’Homme-Dieu, par la fidélité avec laquelle il le servit, et enfin par l’amour dont il l’aima.

Pensez en premier lieu quel respect, quelle pureté d’esprit, d’âme, de cœur et de corps était perpétuellement nécessaire à saint Joseph dans les rapports si intimes, si immédiats, si assidus, qu’il avait avec le Verbe incarné, vivant avec lui sous le même toit, l’ayant à côté de lui, s’entretenant avec lui, l’assistant dans ses veilles, dans son sommeil, le voyant assis à table à côté de lui, prenant soin de lui et de la divine Vierge, ne se séparant jamais ni du Fils ni de la Mère, mais toujours avec eux soit dans leur maisonnette de Nazareth, soit en Égypte, soit dans les voyages. Considé­rez aussi comment, dans tous les soins qu’exigeait le divin Enfant qui avait pris l’infirmité de notre nature, Joseph contemplait et goûtait la hauteur de la Divinité, laquelle par amour pour nous s’abaissait ainsi à ces infirmités, peut nous instruire, pour nous enflammer d’amour, et pour nous donner des leçons d’humilité. De quelle douceur, de quelle onction rime du saint vieillard n’était-elle pas inondée, en contemplant ces spectacles, puisque des cœurs tels que les nôtres, durs comme le rocher, se sentent défaillir par l’excès de la suavité ? Car ces miracles d’amour, par lesquels un Dieu a voulu s’incliner, descendre jusqu’à notre pe­titesse, être couché dans une crèche pour nous révéler notre infirmité, et pleurer de ses saints yeux notre infortune, apportent à l’âme qui les contemple incomparablement plus de douceur que les miracles de la puissance de ce même Dieu ressuscitant les morts ou créant les anges. Il a néanmoins fait l’un et l’autre avec une bonté égale ; mais les miracles de son amour vont plus droit à notre cœur, ils le ravissent davantage.

En second lieu, Joseph servit le Verbe in­carné avec la fidélité la plus parfaite. Consi­dérez avec quelle foi vive il contemplait sans cesse le Verbe dans le Christ enfant, avec quelle foi et quel amour, il adorait sans cesse le Dieu dans le petit Enfant ; le tenant dans ses bras, le portant, le servant en tout, avec le respect dû à la divinité. Et, quand le petit en­fant eut un peu grandi, considérez comment Joseph observait avec une religieuse attention tous ses mouvements, tous ses gestes, tous ses actes, toutes ses paroles. Il était dans un indi­cible étonnement quand il pensait dans son cœur, et qu’il voyait de ses yeux que le Fils de Dieu s’était fait son fils, et qu’il l’avait choisi pour le nourrir, pour le porter, pour le gouverner, pour veiller à toutes les nécessités de sa vie, et pour le soustraire à la haine de ses persécuteurs.

Enfin Joseph eut envers Notre-Seigneur la plus ardente charité. Quand, comme un père, il tenait le divin Enfant dans ses bras ; quand, comme un père, il s’entretenait avec lui, lorsqu’il commençait à former les premières paroles, ou qu’il parlait déjà, qui nierait, je vous prie, que le Christ, soit enfant, soit adulte, ne lui imprimât au cœur d’ineffables sentiments de sa divinité, ne lui fit savourer d’indicibles dé­lices ? La grâce de l’Enfant-Dieu agissait sur l’âme de Joseph par toutes les voies exté­rieures, par son regard, par son filial sourire, par ses paroles, par ses aimantes caresses. Oh ! Que de doux embrassements Joseph reçut de lui ! Oh ! Avec quelle suavité il entendit l’Enfant-Dieu, bégayant encore, l’appeler du nom de père ! Et quelle douceur il ressentait quand le divin Enfant l’embrassait avec la tendresse d’un fils ! Considérez aussi avec quelle compassion, dans les voyages qu’ils firent ensemble, Joseph adoucissait les souffrances de l’enfant Jésus ; et comment, quand il eut un peu grandi, il le portait lui-même dans ses bras pour le délasser de ses fatigues et lui procurer un peu de re­pos. Il le tenait tendrement sur son cœur ; et l’amour qu’il avait pour ce très doux Fils le transformait tout entier en lui. La très pru­dente Mère du Dieu Sauveur connaissait bien toute la tendresse de Joseph pour son divin Fils : aussi quand elle retrouva ce Fils bien-aimé dans le temple de Jérusalem, voulut-elle pro­clamer ouvertement cette tendre affection de Joseph envers son adorable Fils, en lui donnant le nom de père :  » Mon Fils, pourquoi as-tu agi de la sorte ? Voilà que ton père et moi nous te cherchions, tout affligés. »

Pour mieux comprendre l’amour dont Jo­seph aima Notre-Seigneur, considérez com­ment cet amour dut s’embraser de plus en plus dans la société de l’Homme-Dieu et de sa divine Mère. Voyez ce que produit la société des grands saints : l’expérience a démontré qu’on ne peut longtemps vivre dans leur compagnie sans recevoir d’eux et avec eux d’admi­rables illuminations, de grands embrasements d’amour, d’intimes consolations de Dieu. La société d’un saint Paul, d’un saint François, que n’eût-elle pas opéré de divin sur une âme qui aurait longtemps vécu dans l’intimité avec eux ? A combien plus forte raison la société intime du Sauveur et de sa divine Mère dût-elle opérer tous ces effets dans l’âme de Joseph qui passa de si longues années avec eux I Et si l’on songe que Joseph vécut dans leur société comme père nourricier du Sauveur, et comme légitime époux de la Vierge, partageant tous leurs travaux, toutes leurs peines, tous leurs voyages, quelle idée doit-on se former des illuminations et des consolations qu’il reçut du Christ et de la Vierge ! » (Extrait du discours sur saint Joseph, époux de
la sainte Vierge.)

Prions saint Joseph

1 dizaine du chapelet (Notre Père… 10 Je vous salue Marie… Gloire au Père…)

O mon Jésus pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer ; conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde.

Je vous salue, Joseph, vous que la grâce divine a comblé, le Sauveur a reposé dans vos bras et grandi sous vos yeux, vous êtes béni entre tous les hommes, et Jésus, l’Enfant divin de votre virginale épouse est béni. 

Saint Joseph, donné pour père au Fils de Dieu, priez pour nous dans nos soucis de famille, de santé et de travail, jusqu’à nos derniers jours, et daignez nous secourir à l’heure de notre mort. Amen.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

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