Un brigand avec un bon fond

Contemplons

Le Christ et le bon Larron, Titien

Méditons

Si Dismas et Gesmas ont en commun que ce sont des malfaiteurs, et de la pire espèce, dans leur nature profonde, ils sont néanmoins totalement différents, ce dont témoigne l’attitude de chacun face à la mort. Et s’il est un moment dans la vie de chaque être humain où les masques tombent, où l’on est profondément vrai, où nous nous révélons pleinement au monde et à nous-mêmes, c’est bien celui de la mort.

Gesmas n’est préoccupé que de lui-même et le silence souverain de Jésus agonisant sur la Croix ne parvient pas à l’émouvoir. Il est un brigand dans l’âme jusqu’à son dernier soupir. Pas un instant, il ne songe que sous peu il se présentera devant son Créateur qui le jugera selon ses œuvres. Qui est véritablement Jésus ne lui importe pas. Il est tellement embourbé dans le mal et le péché, que contrairement à Dismas, il ne parvient pas à reconnaitre en Jésus, pourtant en face de lui, celui qui, seul, pourra le sauver et le rendre véritablement libre. Jésus pourrait faire le miracle dont on le met au défi à savoir descendre de la croix et libérer les larrons, que cela ne changerait absolument rien à sa façon de vivre et qu’il ne se convertirait pas pour autant.

L’attitude de Dismas est diamétralement opposée à celle de Gesmas. La longue liste de ses forfaits n’a pas réussi à étouffer en lui tous les effets de la grâce divine qui a toujours été agissante en lui, attendant le bon moment pour l’amener à une conversion sincère. En effet, il reproche à Gesmas de n’avoir pas la crainte de Dieu, ce qui indique que lui en a conservé des traces en son for intérieur. Visiblement il a été élevé dans un certain respect de Dieu et de ses commandements même si, par la suite, il les a piétinés. Par ailleurs, il reconnait ses crimes, en accepte le juste châtiment ce qui signifie qu’en lui-même, il a toujours caressé le désir de changer de vie mais n’a jamais réussi à mobiliser en lui toute l’énergie nécessaire à une vraie conversion. En cela, il nous ressemble tellement !

Des visions d’Anne-Catherine Emmerich, nous tirons plusieurs éléments éclairants sur la vie de Dismas. En effet, nous dit la bienheureuse mystique, Dismas n’était pas mauvais en soi. Sa déchéance vient de ce qu’il est né, qu’il a grandi et toujours évolué dans un milieu de brigands dont il n’a pas réussi à s’extraire. En effet, il est lui-même le fils d’un bandit de grand chemin qui détroussait les voyageurs près de la frontière égyptienne. Anne-Catherine rapporte que lors de la fuite en Egypte, ce-dernier voulait s’attaquer à la Sainte Famille mais qu’il y a renoncé en voyant l’Enfant Jésus. Il la prend alors sous sa protection et l’héberge pour une nuit. Dismas est cet enfant lépreux que sa mère, sur l’invitation de Marie, lave dans l’eau où s’est baigné l’Enfant Jésus, et qui est guéri à l’instant. Les soins de sa mère envers la Sainte Famille sont récompensés par cette purification, symbole de celle que le sang du Jésus allait accomplir pour lui sur la Croix.

Parce que Dieu veut notre salut avec une ardeur autrement plus grande que la nôtre, il use de toutes les ressources de son insondable miséricorde pour nous y amener. Et à mesure que s’approche l’heure du jugement, sa grâce se fait plus pressante, prête à s’infiltrer dans l’âme par la moindre ouverture. Dans l’âme de Gesmas, il n’y avait pas de fissure par laquelle elle aurait pu s’infiltrer et le gagner au salut. En Dismas, la grâce a trouvé une minuscule ouverture, un tout petit, un minuscule fond de crainte de Dieu. Mais cela a suffi pour qu’elle s’y engouffre et le transforme.

Prions

1 dizaine du chapelet (Notre Père… 10 Je vous salue Marie… Gloire au Père…)

O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer, conduisez au ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde. (Prière demandée par Notre-Dame de Fatima après chaque dizaine du chapelet.)

Saint Bon Larron, toi qui, malgré tes péchés passés fut assuré d’une entrée immédiate au Ciel par la gratuité de l’amour de Dieu, qui en un instant t’a transformé en un saint, demande, je t’en supplie, à Jésus mon Sauveur, de faire tomber sur moi ce même regard de miséricorde, qui fera plonger mes yeux dans les siens, pour en recevoir le pardon et la sainteté.

Aussi, envahi par le feu de l’amour divin consumant et transformant, je pourrai entendre à mon tour la promesse que Jésus t’a faite : « aujourd’hui même tu seras avec moi dans le paradis. » Amen.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

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