Un miracle de grâce

Contemplons

Saint Dismas, chapelle de la Croix, Putzleindorf, Allemagne

Méditons

Si, comme l’écrit saint Thomas d’Aquin, « la conversion d’un impie est une œuvre plus grande que la création du ciel et de la terre, » il faut ajouter que parmi toutes celles relatées dans les Evangiles, aucune n’égale celle de Dismas, le bon Larron. En effet, elle est plus éclatante que celle de Marie-Madeleine, plus méritoire que celle de saint Paul, plus stable que celle de saint Pierre.

Admiratif de la conversion de Marie-Madeleine et émerveillé par la force de son amour pour Jésus, saint Grégoire le grand n’hésite pas à dire : « il est certain que Dieu a placé dans le ciel de l’Eglise deux grands luminaires, deux Marie : Marie, la Mère du Sauveur et Marie, sœur de Lazare. La première, luminaire majeur, afin de présider au jour c’est-à-dire afin d’être le modèle et la protectrice des âmes innocentes ; la seconde, luminaire mineure, placé aux pieds de Marie, afin d’éclairer pendant la nuit et d’être le modèle et la protectrice des âmes pénitentes. » La conversion de Marie-Madeleine, si éclatante soit-elle, ne surpasse pourtant pas celle de Dismas. En effet, elle intervient après qu’elle a entendu les paroles de Jésus, qu’elle a vu certains de ses miracles. Elle a assisté à la résurrection de la veuve de Naïm, à la guérison de lépreux. Dismas, lui, n’a jamais entendu Jésus, il n’a vu aucun des signes qu’il a accomplis. Il croit alors que tout prêche contre Jésus qui est cloué sur la Croix, en agonie, hué par la foule. Quand il se convertit, la terre n’a pas encore tremblé, les ténèbres ne la recouvrent pas encore. Aucun signe, aucune parole ne vient à l’appui de sa foi.

La conversion de Dismas est plus radicale que celle de saint Paul. Cette affirmation, peut surprendre au premier abord et pourtant elle se justifie. En effet, dans la première partie de sa vie, le ciel n’est pas plus éloigné de la terre que Saül ne l’est du christianisme. Il change du tout au tout en devenant l’apôtre des gentils qui portera l’Evangile aux nations et, pour cette raison, subira toutes les tribulations dont il donne lui-même la liste impressionnante. Cependant, sa conversion, si éclatante soit-elle, se produit suite à un signe du ciel. Sur le chemin de Damas, il est frappé de cécité et une voix se fait entendre qui dit : « Saül, Saül, pourquoi me persécuter ? » A sa question : « qui es-tu Seigneur ? » la voix répond : « je suis Jésus, celui que tu persécutes. Relève-toi et entre dans la ville : on te dira ce que tu dois faire. » Et Saül est miraculeusement guéri par l’imposition des mains d’Ananie qui lui donne les premiers rudiments de catéchisme. Dismas, n’a entendu aucune voix venant du ciel pour l’amener à changer de vie. Il n’a reçu aucune instruction pour sa conversion.  Personne ne lui a transmis les premiers degrés du catéchisme.

La foi de Dismas est plus stable et plus persévérante que celle de saint Pierre, le premier parmi les apôtres, celui à qui Jésus a confié les clés du Royaume des Cieux. En effet, Pierre a vécu avec Jésus pendant trois ans. Il a vu tous ses miracles. En raison de la mission à laquelle il l’a appelé, il a fait l’objet de sa plus grande attention. Il a été au Thabor et a vu Jésus transfiguré. Il a été prévenu de la Passion, de tout ce que Jésus doit souffrir pour que s’accomplissent les prophéties. Et pourtant, il dort pendant que le Sauveur agonise au jardin des oliviers et le renie par trois fois dans la même nuit. C’est alors que Jésus est sur la Croix, rejeté de tous, abandonné de ses apôtres, que Dismas se convertit et s’affiche, sans crainte aucune, comme chrétien aux yeux du monde. Malgré la colère, la haine de la foule qu’il s’attire en se déclarant pour Jésus, il persévère jusqu’au bout. Jésus pardonnera à Pierre, sa faiblesse qui en tirera une leçon salutaire. Après sa conversion, Jésus n’aura plus rien à pardonner à Dismas qui sera même un motif de consolation pour lui au moment de rendre l’esprit.

Dismas, le bon larron est vraiment un saint pour notre temps où tant de chrétiens se sont tellement éloignés de Jésus que leur retour à la foi relève du miracle. Mais face à la foule des incroyants de notre temps, Dismas crie par son exemple, de ne pas craindre car, si la grâce a eu raison de lui, le plus infâme des scélérats, le plus misérable des pécheurs, elle sera aussi en mesure de transformer le monde. Cela dit, il faut, comme lui, le demander humblement.

Prions

1 dizaine du chapelet (Notre Père… 10 Je vous salue Marie… Gloire au Père…)

O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer, conduisez au ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde. (Prière demandée par Notre-Dame de Fatima après chaque dizaine du chapelet.)

Saint Bon Larron, toi qui, malgré tes péchés passés fut assuré d’une entrée immédiate au Ciel par la gratuité de l’amour de Dieu, qui en un instant t’a transformé en un saint, demande, je t’en supplie, à Jésus mon Sauveur, de faire tomber sur moi ce même regard de miséricorde, qui fera plonger mes yeux dans les siens, pour en recevoir le pardon et la sainteté.

Aussi, envahi par le feu de l’amour divin consumant et transformant, je pourrai entendre à mon tour la promesse que Jésus t’a faite : « aujourd’hui même tu seras avec moi dans le paradis. » Amen.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

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