Avant-propos

La dévotion des cinq premiers samedis tire son origine du message de Notre-Dame à Lucie, le 10 décembre 1925. Voici ses paroles : « Tous ceux, qui pendant cinq mois consécutifs, le premier samedi du mois, se confesseront, recevront la sainte Communion, réciteront le chapelet et me tiendront compagnie pendant quinze minutes en méditant sur les quinze mystères du Rosaire, en esprit de réparation, je promets de les assister à l’heure de la mort avec toutes les grâces nécessaires pour le Salut de leur âme. »

Ces paroles peuvent être dérangeantes, voire déroutantes, pour nous aujourd’hui. Ce genre de pratique ne matérialise-t-il pas trop le mystère du Salut ? Dieu serait-il un comptable qui tarifie les grâces ? Nous avons peut-être du mal avec cette indication précise de ce qu’il faut faire. Et pourtant, pourquoi vouloir compliquer les choses ?

Un passage dans l’Ancien Testament (2 Rois, 5, 1-17) est très éclairant sur ce sujet. Le général Naaman, envoyé par le roi de Syrie, va voir le roi d’Israël pour être guéri de la lèpre. Celui-ci l’envoie alors chez le prophète Élisée qui lui fait dire qu’il doit se baigner sept fois dans le Jourdain. Naaman est furieux. D’abord Élisée n’est pas venu à sa rencontre : il s’est contenté d’envoyer son serviteur. Ensuite, il n’a rien fait de ce que Naaman attendait : il n’a prononcé aucune parole et n’a posé aucun geste. Quant à aller se baigner dans le Jourdain, il trouve cela ridicule : il est propre et les fleuves de Syrie lui paraissent bien plus purs que le Jourdain. Une fillette Israélite et les serviteurs de Naaman finissent toutefois par le persuader : « si le prophète t’avait demandé quelque chose de difficile, ne l’aurais-tu pas fait ? » Il est pourtant si simple de se tremper sept fois dans le Jourdain ! Tu n’as rien à perdre ! Vas-y, fais-le. Naaman s’exécute alors et finit par être guéri et purifié : « sa chair redevint comme la chair d’un jeune enfant ».

Il en va de même pour la lèpre de notre péché dont la guérison est nécessaire à notre Salut. Celle-ci requiert notre foi et notre participation, aussi minime soit-elle. Dans l’Ancien Testament, le roi d’Israël, qui est la figure de Dieu, envoie Naaman chez le prophète Élisée qui lui transmet son message à travers son serviteur. Aujourd’hui, Dieu nous envoie à Notre-Dame qui, par l’intermédiaire de sœur Lucie, nous propose un remède pouvant susciter notre incrédulité. Mais laissons donc de côté nos préjugés et ne soyons pas des hommes à la « nuque raide ». Acceptons plutôt humblement de nous purifier dans le bain du sacrement de pénitence et de réciter avec foi notre Rosaire. C’est ainsi qu’à l’heure de notre mort, nous serons assurés de recevoir toutes les grâces nécessaires pour que notre âme soit aussi pure que celle d’un « jeune enfant. »

Abbé Alexander Leonhardt

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