A l’heure de notre mort

La foule lors de l’apparition à Fatima du 13 octobre 1917

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Je vous salue Marie, pleine de grâce ; le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni.

Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs maintenant et à l’heure de notre mort. Amen.

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Lors de ses apparitions à Fatima, du 13 mai au 13 octobre 1917, Marie place les trois petits voyants (Lucie 10 ans, Francisco 9 ans et Jacinta 7 ans) face à nos fins dernières. En effet, le 13 mai, elle se présente : « N’ayez pas peur, je suis du Ciel. » Entendant le mot « Ciel », les enfants pensent à deux jeune-filles décédées il y a peu et demandent à Marie, si elles sont aussi au Ciel. Marie répondra pour la première : « oui, elle est au Ciel » puis, pour la seconde : « non, elle est au purgatoire jusqu’à la fin du monde. » Le 13 juillet, Marie montrera l’enfer aux trois enfants en leur disant (ce sera l’objet du second secret de Fatima) : « vous avez vu l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé… » En quelques paroles d’une admirable pédagogie, Marie avait résumé pour les enfants tout le mystère de la Communion des Saints et rappelé ce que l’Eglise enseigne à temps et à contretemps : à notre mort, il n’y a que trois directions possibles : celle du Ciel, celle du purgatoire, celle de l’enfer. Reprenons plus lentement ce que Marie veut nous rappeler.

La dame dit qu’elle est du Ciel et non qu’elle vient du Ciel. Au premier abord, ce n’est qu’un détail mais il a son importance. A regarder la belle Dame, le Ciel passe, pour les enfants, d’une idée abstraite et lointaine à une réalité concrète : ils ont devant eux, une Dame d’une beauté qu’on ne pourrait décrire qu’avec « le langage des anges », d’une beauté si différente de ce que pourraient imaginer nos pauvres esprits humains qu’elle ne peut être qu’un reflet d’un autre monde, en l’occurrence du Ciel. C’est une allusion très directe à l’Assomption de Marie, en qui nous contemplons ce à quoi nous sommes tous appelés. Juste après, Marie dit aux enfants que la jeune fille qu’ils connaissent est au Ciel, leur rappelant ainsi que chacun est appelé à y séjourner auprès d’elle, y compris eux, y compris nous. Elle promet aux enfants qu’eux aussi iront au Ciel en mettant un « mais » à Francisco : « il faudra qu’il dise beaucoup de chapelets ! » Considérons qu’à travers Francisco, ce « mais » nous est particulièrement destiné.

La seconde jeune fille « est au purgatoire jusqu’à la fin du monde. » Nul doute que les prières et les sacrifices des trois enfants (dont ils ne seront pas avares !) auront contribué à l’abréger. D’ailleurs, si l’Esprit-saint conduit les enfants à s’intéresser à cette jeune-fille, c’est pour donner à Marie l’occasion de  rappeler qu’il existe un purgatoire et que les âmes qui s’y trouvent ont besoin de nos prières et de nos sacrifices pour hâter leur entrée au Ciel. Marie nous rappelle que nous avons le pouvoir de venir à leur secours et que la charité nous presse de le faire.

Enfin, le 13 juillet, Marie, après leur avoir donné la promesse du Ciel, montre aux enfants l’enfer et les âmes qui s’y trouvent. Nous ne reproduirons pas là, la description que Lucie en fera afin de ne pas ternir un propos que nous souhaitons plutôt  joyeux en ce mois de Marie. Cela dit, nous ne souhaitons pas non plus, pour l’amour de Marie (et de la Vérité !), l’escamoter : comme le Ciel et le purgatoire, l’enfer est une réalité ! Ne nous méprenons pas sur les intentions de Marie : si elle en vient à de telles extrémités (montrer aux enfants ce spectacle de désespoir), ce n’est pas pour nous effrayer mais pour que nous soyons des chrétiens lucides, qui, avec elle, par leurs prières et leurs sacrifices contribuent au salut de tous. « Beaucoup vont en enfer parce que personne ne prie et se sacrifie pour eux » nous dira-t-elle. Dans ce contexte, « beaucoup » ne signifie pas « un nombre immense » mais plutôt : «parmi tous ceux qui vont en enfer, la plupart pourraient être sauvés si l’on venait à leur secours par nos prières et nos sacrifices. » Quelle responsabilité pour chacun d’entre nous ! Les paroles de Marie, ne sont pas restées sans écho auprès des enfants qui deviendront des héros de la prière et du sacrifice pour les pauvres pécheurs. Il suffit de lire les mémoires de sœur Lucie pour s’émouvoir de l’héroïsme de Franscisco et de Jacinta.

Qu’à l’heure de notre mort nous soyons trouvés prêts et dignes du Ciel ; pour cela, confions, dès maintenant notre vie à Marie afin qu’elle nous aide à revêtir le vêtement des noces éternelles.

Avec Marie, Notre Dame du Suffrage, prions pour les âmes du purgatoire : si nous ne les oublions pas, nous non plus n’y serons pas oubliés.

La prière du « Je vous salue Marie » nous le rappelle sans cesse : « l’heure de la mort » fixera un destin que nous construisons «ici et  maintenant. »

POUR LA PETITE HISTOIRE

Saint Jean Macias (béatifié en 1837, canonisé en 1975), frère dominicain, avait pour les âmes du purgatoire une merveilleuse dévotion. Il a obtenu par ses prières (principalement la récitation du rosaire) la libération d’un million quatre cent mille âmes ! En retour, elles lui ont obtenues les grâces les plus extraordinaires et elles étaient présentes à l’heure de sa mort pour l’aider, le consoler et l’accompagner au Ciel. Ce fait est tellement certain qu’il fut inséré par le pape Grégoire XVI dans sa bulle de béatification !

Prions

Une dizaine du chapelet (Notre père, 10 Je vous salue Marie, Gloire au Père)

O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés. Préservez-nous du feu de l’enfer. Conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde.

Sainte Marie, Mère de Dieu, gardez-moi un cœur d’enfant, pur et transparent comme une source. Obtenez-moi un cœur simple, qui ne savoure pas les tristesses, un cœur magnifique à se donner, tendre à la compassion, un cœur fidèle et généreux, qui n’oublie aucun bien et ne tienne rancune d’aucun mal.

Faites-moi un cœur doux et humble, aimant sans demander de retour, joyeux de s’effacer dans un autre Cœur, devant votre divin Fils. Un cœur grand et indomptable, qu’aucune ingratitude ne ferme, qu’aucune indifférence ne lasse, un cœur tourmenté de la gloire de Jésus-Christ, blessé de son amour et dont la plaie ne guérisse qu’au ciel. (Léonce de Grandmaison)

Que par la miséricorde de Dieu les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.

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